Hello !
Ensuite, tu dis que critiquer l'Islam est impossible dans certains milieux. Il existe aujourd'hui pas mal d'assos qui en ont pourtant fait leur activité principale. Assos féministes ou antiracistes comme NPNS, OLF (en fait c'est facile, toutes les assos féministes ou antiracistes ayant blanc-seeing du gouvernement). Alors où est le souci ? Est-ce qu'il faudrait étendre la liberté de ton (pour ne pas dire la violence de ton) de ces associations à tous les cercles féministes et antiracistes français ? C'est à dire effectivement (car c'est bien l'effet que ça produit) faire fuire de ces cercles féministes ou antiracistes les racisé-e-s, épuisé-e-s d'avoir à expliquer pour la mille et unième fois que non, un symbole n'est pas universel, non ton expérience n'est pas mon expérience, non je n'ai pas besoin de tes Lumières pour me libérer. C'est pour ça que même sur Facebook par exemple, dans des espaces où on essaye de limiter les débordements racistes, on se retrouve avec des personnes racisé-e-s qui sont obligé-e-s, par nécessité vitale et mentale, de créer des espaces non-mixtes, pour qu'on arrête de leur imposer des modes de libération et des modes d'actions qu'illes n'ont pas choisi.
Enfin, est-ce que la discussion présente est le meilleur endroit pour parler de la liberté de critiquer l'Islam ? On parle de restriction de libertés pour des femmes françaises, qu'on va cibler parce qu'elles représentent ce que beaucoup (trop) de nos concitoyen-ne-s considèreraient comme du terrorisme. On parle d'une femme racisée qu'on entoure à 4 flics (4 hommes blancs) pour lui demander de se déshabiller. On parle de jeunes femmes qu'on fait sortir de l'eau pour leur mettre une amende si elles ne se déshabillent pas. C'est comme si au milieu d'une manifestation contre la Loi Travail, quelqu'un arrivait avec un mégaphone, se mettait entre la police et les manifestant-e-s pour leur demander : "est-ce qu'on pourrait avoir un débat sur la façon dont on peut critiquer le droit du travail au sein des orgas syndicales sans être taxé d'anti-salarié ?". Déjà je pense que ce sont des débats dangeureux, non pas en soi mais parce que les personnes qui souhaitent le mener sont rarement prêtes à mener le travail qui va avec, c'est à dire étudier le Coran, étudier l'Islam, comprendre les différentes interprétations et les différents courants, comprendre ce que chacun-e met derrière les symboles religieux, etc. (du reste je trouve que la théologie est un sujet passionnant. Mais uniquement quand il est mené à fond, sérieusement et en s'en donnant les moyens). Et d'autre part, je pense que ce genre de débat n'est pas forcément à la meilleur place au milieu d'une polémique, où l'urgence me paraît de se solidariser avec des personnes qui sont sanctionnées parce que leurs voisins xénophobes considèrent qu'être musulman-ne c'est soutenir le terrorisme.
(par ailleurs, c'est juste moi où on s'intéresse -je parle dans la presse par exemple- aux féministes des pays du Moyen-Orient uniquement quand il s'agit de savoir ce qu'elles pensent du voile, mais rarement pour savoir ce qu'elles pensent des interventions militaires menées en Syrie par exemple ?)
Tu dis souhaiter pouvoir critiquer des signes religieux, même liés à un groupe racisé. Tu souhaite que dans des milieux féministes, de gauche, progressistes, antiracistes, on puisse avoir ces discussions sans se faire traiter de raciste. Déjà première chose évidente, ce n'est pas parce qu'on est féministe, de gauche, progressiste ou même antiraciste qu'on est exempt-e de tout biais raciste ou de tout préjugé. C'est pour ça que bien souvent les discussions sur ces sujets, menés dans ces milieux, sont particulièrement violentes, parce que jamais n'est traité la question raciale dans la problématique de la critique des cultures racisées. Donc jamais n'est envisagé que ce qui est dit peut-être raciste, malgré ses bonnes intentions féministes, de gauche, progressiste ou antiraciste. Ce qui constitue de fait une sorte de passe-droit pour certain-e-s pour se lâcher, sans jamais avoir à assumer ses biais racistes. C'est pour ça que je me méfie désormais de tout groupe qui se présente comme antiraciste ou progressiste tout de go : don't say it, prove it.Parce qu'en fait, toutes ici (peut-être une exception, mais toute récente) nous sommes contre l'interdiction. Là où est le débat, c'est surtout sur la formulation de l'article, et sur la possibilité de critiquer ou non un signe religieux, fût il lié à un groupe racisé. De là, il est malheureusement à déplorer qu'une fois encore, certaines se soient senties profondément blessées, allant jusqu'à parler de propos dangereux, de déversement de haine... Certains mots furent secs, maladroits mais il ne faut pas exagérer.
Ce qui me mène à une autre réponse : certaines se demandent comment d'autres peuvent se plaindre de ne pas pouvoir critiquer l'Islam, et où elles évoluent pour une telle expérience... En fait, pour parler de ma propre expérience je préciserais le propos : impossibilité de critiquer l'Islam quand on est féministe/de gauche/progressiste/antiraciste. Parce que oui, on pourrait le faire avec des partisans du FN. Sauf que ce sont des gens dont les valeurs nous sont opposées, et qui eux ont une critique pour une seule religion (quand nous regardons tout d'un même oeil) et que cette critique est juste bête, méchante, raciste. Je vous conseille à ce sujet "pour en finir avec le manichéisme" de Martine Storti, qui dénonce avec virulence l'extrême droite, son racisme etc, mais aussi l'impossibilité de critiquer le sexisme dès qu'il est lié aux opprimés. ça se lit relativement vite et c'est très documenté.
Ensuite, tu dis que critiquer l'Islam est impossible dans certains milieux. Il existe aujourd'hui pas mal d'assos qui en ont pourtant fait leur activité principale. Assos féministes ou antiracistes comme NPNS, OLF (en fait c'est facile, toutes les assos féministes ou antiracistes ayant blanc-seeing du gouvernement). Alors où est le souci ? Est-ce qu'il faudrait étendre la liberté de ton (pour ne pas dire la violence de ton) de ces associations à tous les cercles féministes et antiracistes français ? C'est à dire effectivement (car c'est bien l'effet que ça produit) faire fuire de ces cercles féministes ou antiracistes les racisé-e-s, épuisé-e-s d'avoir à expliquer pour la mille et unième fois que non, un symbole n'est pas universel, non ton expérience n'est pas mon expérience, non je n'ai pas besoin de tes Lumières pour me libérer. C'est pour ça que même sur Facebook par exemple, dans des espaces où on essaye de limiter les débordements racistes, on se retrouve avec des personnes racisé-e-s qui sont obligé-e-s, par nécessité vitale et mentale, de créer des espaces non-mixtes, pour qu'on arrête de leur imposer des modes de libération et des modes d'actions qu'illes n'ont pas choisi.
Enfin, est-ce que la discussion présente est le meilleur endroit pour parler de la liberté de critiquer l'Islam ? On parle de restriction de libertés pour des femmes françaises, qu'on va cibler parce qu'elles représentent ce que beaucoup (trop) de nos concitoyen-ne-s considèreraient comme du terrorisme. On parle d'une femme racisée qu'on entoure à 4 flics (4 hommes blancs) pour lui demander de se déshabiller. On parle de jeunes femmes qu'on fait sortir de l'eau pour leur mettre une amende si elles ne se déshabillent pas. C'est comme si au milieu d'une manifestation contre la Loi Travail, quelqu'un arrivait avec un mégaphone, se mettait entre la police et les manifestant-e-s pour leur demander : "est-ce qu'on pourrait avoir un débat sur la façon dont on peut critiquer le droit du travail au sein des orgas syndicales sans être taxé d'anti-salarié ?". Déjà je pense que ce sont des débats dangeureux, non pas en soi mais parce que les personnes qui souhaitent le mener sont rarement prêtes à mener le travail qui va avec, c'est à dire étudier le Coran, étudier l'Islam, comprendre les différentes interprétations et les différents courants, comprendre ce que chacun-e met derrière les symboles religieux, etc. (du reste je trouve que la théologie est un sujet passionnant. Mais uniquement quand il est mené à fond, sérieusement et en s'en donnant les moyens). Et d'autre part, je pense que ce genre de débat n'est pas forcément à la meilleur place au milieu d'une polémique, où l'urgence me paraît de se solidariser avec des personnes qui sont sanctionnées parce que leurs voisins xénophobes considèrent qu'être musulman-ne c'est soutenir le terrorisme.
J'ai posté la question plus tôt dans la discussion (juste pour dire que la réponse m'intéresse beaucoup) : pragmatiquement, techniquement, comment le fait de faire sortir une musulmane de l'eau sur une plage de Nice et de lui mettre une amende parce qu'elle n'est pas vêtue correctement (alors même que ces habits sont condamnés par les intégristes religieux) va aider des femmes de pays du Moyen-Orient à lutter contre des systèmes qui leurs imposent de s'habiller correctement et qui leur font payer des amendes ou les emprisonnent si elles ne le font pas ? Vraie question (même si je pense qu'on prête à la France une aura qui a plus à voir avec nos fantasmes de grandeur qu'avec une quelconque réalité politique).Et puis les gens eux-même voyagent aussi. En outre, des gens là-bas donnent leur avis sur ici, et nous demandent de réagir car ils voient très bien les conséquences chez eux / ou du moins les liens qui existent entre les deux situations.
(par ailleurs, c'est juste moi où on s'intéresse -je parle dans la presse par exemple- aux féministes des pays du Moyen-Orient uniquement quand il s'agit de savoir ce qu'elles pensent du voile, mais rarement pour savoir ce qu'elles pensent des interventions militaires menées en Syrie par exemple ?)
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