@Eylen tu te trompes sur le fait que la ville de Paris ne travaillerait pas activement à la gentrification. En effet elle a lieu sans que personne n'ait la main dedans (la main invisible, encore, qui n'a jamais existé nulle part - et je le dis pas de façon ironique hein je le pense), mais elle est la conséquence de la politique urbaine.
Si tu lis le travail d'Anne Clerval en l'occurrence (je sais pas si c'est exactement l'article que j'ai posté plus haut) elle décrit comment en favorisant un idéal de "lieu de vie agréable", "sécurisation des quartiers", ou même le fait de rendre des rues piétonnes est un mouvement de gentrification.
Pour que les cités soient plus agréables, on défend une démolition/reconstruction des barres HLM. On continue à construire des logements sociaux, hein, mais ces immeubles hauts, c'est tellement moche à l'oeil, alors on les fait plus bas. Et puis les appartements sont trop petits pour y loger une famille, on en fait des appartements plus grands, plus agréables, plus modernes... mais moins nombreux et plus chers. Alors on propose de reloger les gens, mais des personnes extérieures s'incrustent, d'abord des artistes ("le quartier est si propice à la création artistique !", "la vie bohème! ") puis la bourgeoisie (classe moyenne inférieure, jeunes familles, ceux qui participent à la société mais gagnent assez peu : les "classes encadrantes" dont Clerval parle mais elle a dû emprunter l'expression à un marxiste, je ne sais lequel) s'installent parce que le quartier est hype (artistes), "pas cher" (pour le moment) et "authentique" (classes inférieures).
Sans oublier que les gens qui se font doucement jeter de leurs quartiers continuent à y travailler, sans avoir les moyens d'y vivre.
Clerval a étudié la gentrification de San Francisco, Paris, Nantes et d'autres villes, elle a toujours trouvé ce schéma (en vrai elle en parle dans ses écrits, je saurais pas dire si elle a définit la théorie ou si elle la tient de qqn d'autre. Il faudra la lire en détails pour le savoir.
Enfin tout ça pour dire que les municipalités y participent et sont même les premiers acteurs de la gentrification. C'est parfaitement involontaire, mais maintenant qu'on le sait, il serait temps de s'arrêter. Mais en même temps, qui va empêcher une mairie de rajouter des espaces verts (moins de place pour les immeubles), de rendre les HLM plus agréables à vivre, de favoriser l'implantation de commerces ...? Ça me parait tellement insensé d'aller à l'encontre de ça que je sais pas comment on lutte activement contre les mouvements de gentrification.