Je trouve ça intéressant comme réflexion (et les propos de R. Christin complètement à côté de la plaque).
Après, de mon expérience personnelle, je rejoins le poins de vue de
@L'Oeil de la Lune :
- les gens qui font des voyages organisés, qui utilisent des formules "tout compris", qui partent au club med font partie des plus aisés de mon entourage (+de 3000 euros par mois). Ce sont aussi elleux qui partent le plus souvent (une fois par an au moins) : donc qui contribuent de toute façon plus à la pollution globale et au tourisme mondial.
- les gens qui ont des revenus moyens ou faibles et qui vont à l'étranger, le font de manière "exceptionnelle". Au sens propre : c'est LE voyage (de leur vie, de leur 20 ans de vie commune, de la retraite...). Ils ne partent pas chaque année, encore moins plusieurs fois dans l'année. Ce sont souvent de destinations moins touristiques que symboliques (le typique "on a toujours rêvé de... faire la route 66, prendre le transsibérien, voir le Japon...). Et ce sont souvent des voyages à l'économie. Mais rarement des voyages hyper immersifs du genre "chez l'habitant" ou "au fin fond de la campagne".
- les gens qui ont vraiment de très faibles revenus partent dans leur famille ou chez des amis (en France ou ailleurs). Parce que le premier poste de dépense en vacances (notamment en famille), c'est le logement, ielles vont au moins cher : hébergé par des gens qu'ielles connaissent.
Pour revenir sur l'entretien du sociologue (parce que relire ce machin m'énerve vraiment) :
Très vite, le fait de partir en vacances est devenu une norme. Et cela n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui.
1 français sur trois ne part pas en vacances
source
on part pour oublier le monde plutôt que pour le découvrir.
Environ 10% du tourisme mondial aurait une visée culturelle
wikipedia
Et c'est ce qu'on observe aujourd'hui : prenez les aires d’autoroutes, les gares, les aéroports, ce sont des lieux fonctionnels, aseptisés qui se ressemblent partout sur la planète. A part l’énervement et l’ennui, il ne peut pas vous arriver grand chose.
Plusieurs choses me viennent à l'esprit :
- le fait qu'apparemment une relation sexuelle sur une aire d'autoroute soit un fantasme exploité (cf les résultats quand je cherche "aventure aire d'autoroute" dans mon moteur de recherche). Comme quoi des gens rêvent qu'ielles leur arrive certaines choses sur une aire d'autoroute.
- que Christin n'a pas dû connaître les mêmes aires que moi pour les trouver "aseptisées". (Oui, aire de Chavanon, c'est à toi que je pense).
- qu'il ignore que beaucoup de gens ne prennent pas l'autoroute à cause du coût et du fait que les jours de grands départs on n'y roule pas ou peu à 130, préférant rouler sur des petites routes à 70 et profiter des petits villages et des paysages.
- et que les gens qui n'ont pas les moyens de sortir de France se foutent de savoir qu'ils ont les mêmes aires d'autoroute qu'en Croatie, au Sénégal ou en Chine : ielles ne connaissent que celles qu'ielles pratiquent.
C’est un peu comme si vous saviez que votre tee-shirt était fabriqué par des enfants en usine, vous auriez certainement des scrupules à le porter non ?
Globalement on sait que la plupart des vêtements sont fabriqués à l'autre bout du monde par du personnel exploité. Guess what ? ça n'empêche pas les gens d'en acheter.
Je pense que c'est précisément dans l’imprévu que le voyage réapparaît. L’accroc au circuit balisé fait que d’un coup, l’expérience "dérape" et on a accès à une réalité qu’on n’aurait pas dû voir. Je me souviens d’une anecdote parlante, il y a quelques années lorsque j’étais accompagnateur de voyage en Libye. J’étais en voiture avec quelques voyageurs dans le Sahara libyen. Le chauffeur s’est trompé d’itinéraire : la voiture a emprunté le chemin d'une décharge à ordures. On a traversé, sous un soleil plombant, un champ entier de boîtes de conserve. Personne ne comprenait ce qu'il se passait. Pour moi, c'était l'un des rares moments de découverte du séjour : les vacanciers ont vu comment les villages dans le désert géraient leurs détritus.
Tout ce paragraphe fleure bon l'exotisme de bas étage et le misérabilisme.
Pourquoi répugnons-nous à croiser des Français lorsque nous partons à l'étranger ?
Pourquoi ça me rassure moi de croiser des français quand je suis à l'étranger ? Ah mais c'est vrai, j'suis con moi, je suis pas une aventurière.
L’idéal serait de partir le plus possible à pied ou à vélo pour vivre la transition entre son foyer et la destination.
Alors Christin ne me lit certainement pas et les mads ici s'en foutent probablement (en fin de pavé aussi...). Mais voici comment s'est passé la dernière fois que je suis allée en vacance à l'étranger
à vélo en avion.
Levé 3h du mat, il fait -13000°C et je tombe de sommeil. 3h30 on monte toux dans le Duster (qui pollue 'achement plus que le vélo, on est d'accord). 1h30 de route plus tard nous voici à l'aéroport. Mireille nous fait peur en disant très fort "merde je crois que j'ai oublié mon passeport".
Tant pis, elle restera en France. C'était une blague. Mireille est taquine. 5h15, check sécurité, j'empêche les plus taquin-es d'entre nous de répondre des conneries aux questions de sécurité. 5h30 enregistrement de bagages. Sécurité again : une heure de queue, vidage de poches, pieds nus, sans ceintures. Pour certain-es d'entre nous, le niveau d'aventure n'a jamais été aussi haut de leur vie. Gégé est attiré à part suite à un "biiip" du portique. On lui tapote les mains avec un bout de papier. Coutumes étranges des indigènes auxquelles Gégé se plie humblement, en position de rencontre avec elleux. 6h30, on peut enfin boire un café et manger un gâteau au Starbuck. Pour deux d'entre nous, c'est une première : "pourquoi il me demande deux fois mon prénom si c'est pour écrire complètement autre chose sur le gobelet ?" Ta gueule Momo, j'ai sommeil.
7h20, la porte est annoncée, on se rue comme des bourrins. 7h25 : contrôle de la PAF. Re-queue de 1 heure pour passer le passeport sur un lecteur. Un passager compatissant nous fait un cours sur la différence entre UE et espace Shengen. La foule en délire applaudit.
8h10 : on se fait engueuler parce qu'on arrive limite à la porte d'embarquement. Mais c'est la PAF ! Les bagages cabines sont mis en soute, faute de place. Gégé : "ça servait à rien de les trimballer alors, on aurait dû les laisser à l'enregistrement des bagages en soute" moi : "oui mais on aurait payé un supplément alors" Gégé : "mais puisqu'on les mets en soute finalement" moi : "oui c'est pas logique mais c'est comme ça". On s'installe.
On décolle. Ah non... un passager doit quitter l'avion. On attend une heure que le passager en question, sa copine et tous leurs bagages soient débarqués.
Gégé : "ils auraient pas pu lui dire plus tôt qu'il ne pouvait pas prendre l'avion ?" Moi : "je sais pas, fais un courrier à Easy Jet, propose leur".
On décolle. Pour deux d'entre nous il s'agit de leur premier décollage.
S'ensuivent quatre heures à décrire le paysage km par km survolé. Les stewards nous parlent en anglais et en une autre langue étrangère. Je demande "ouane kofi pliz". 12€.
Josiane : "on peut pas allonger les sièges ?" Non, on peut pas, quand on voyage lowcost il faut avoir la condition physique pour.
Au bout de 20 minutes de vol, tout le monde dors, sauf X qui décrit encore le paysage morceau par morceau et dont je tais le nom par
compassion ce qu'elle passe parfois sur ce forum.
Atterrissage, applaudissement.
Gégé "c'est vraiment comme dans les films " Moi (dubitative) "c'est la première fois que je vois ça de ma vie".
1h de retard sur l'horaire. 17 degré d'écart. Tout est écrit en une autre langue qu'on ne parle ni ne comprend.
Le taxi "spik inglich ?" "da". Et ben on va faire comme ça. La conduite, tout comme en France, sauf le cligno, la priorité à droite, l'usage du klaxon, et les limitations de vitesse. Momo est à l'avant à côté du chauffeur, il rit mais c'est nerveux, il a surtout peur de mourir. Ce serait con, il vient de survivre à son premier vol en avion.
Une heure après, arrivée à destination. On a faim. On a sommeil. On a chaud dans nos doudounes hivernales.
Nous sommes des touristes, dans une ville touristique. Il est 15h, on a mis 10h à rallier notre destination. ça fait toujours moins qu'à vélo, c'est sûr, mais si je demande à mes 4 complices, ielles me diront probablement qu'ielles ont vécu une transition tout à fait respectable entre chez nous et là-bas.
Et toi Roro (tu permets que je t'appelle Roro ? Non ? Ben c'est pareil.), si t'es en mal d'aventures et de frissons, ben t'as qu'à venir en vacances avec Momo, Gégé, Mimi, X et moi et tu verras un aller-retour en TER entre St-Etienne et Rive-de-Gier c'est pas bien différent d'une expédition de Jack London dans le grand nord.