Veille Permanente Classisme

16 Février 2009
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@Chandernagor

Je ne parle que de mon entourage donc mes propos sont à prendre avec des pincettes mais globalement, la différence de classe sociale entre ceux qui utilisent le tourisme de masse vs ceux qui se gargarisent d'un tourisme plus authentique est quasi nulle.
En caricaturant, j'ai même l'impression que ce sont les moins aisés qui défendent "la réelle expérience" du voyage avec cette idée que l'argent n'achète pas tout et qu'il faut avoir un cerveau et absolument sortir de sa zone de confort. Il y a une sorte de snobisme intellectuel associé à de l'hypocrisie puisque sortir de sa zone de confort est plus facile quand on a un filet de sécurité.
Pour avoir fait les deux, à niveau de qualité égal, les formules "clé en main" sont souvent plus chères. Du coup, j'ai l'impression qu'on est bien plus dans un mépris intellectuel qu'un mépris de classe.

Perso je faisais surtout référence à des personnes qui détiennent une parole "d'autorité", par exemple des chercheurs comme Rodolphe Christin qui a publié récemment un Manuel de l'anti-tourisme. Je n'ai pas lu ce livre, par contre je me suis procurée des interviews de lui et son propos est d'une bêtise crasse. Qu'un sociologue se permette de proférer de telles idées reçues, c'est grave. Rien qu'avec cet entretien il remplit le bingo des poncifs les plus répandus sur le tourisme. Et je ne dis pas qu'il n'y a rien à remettre en question dans la façon dont on fait du tourisme, mais juste... est-ce-qu'on pourrait le faire de manière objective et dénuée d'affect, d'idées reçues et de jugements de valeur ? Quand je vois le snobisme dont fait preuve Christin, je me dis que ses préoccupations environnementales ne sont qu'un prétexte pour refuser de partager ses privilèges avec le commun des mortels parce que ça le ravalerait au rang de la plèbe.
 
24 Septembre 2014
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paris
J'aime bien ce débat sur le tourisme, d'autant plus que je me suis rendue compte que j'avais fait pas mal de classisme inconscient durant mon voyage.

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@L'Oeil de la Lune : Après, j'ai quand même l'impression - comme toi - que la différence de classe est assez minime. C'est-à-dire que finalement (hors personne qui économise dix ans pour faire "le voyage de sa vie) les gens qui ont les moyens de partir à l'étranger sont ceux qui ont des revenus conséquents et cette culture là. Je prenais l'exemple de mes parents, qui n'ont pas eu les moyens de partir, mais qui pourraient, et pourtant ils n'ont pas cette culture là (pour eux ça équivaut à dépenser de la thune pour un truc "futile", ils ont pas assez confiance en eux etc).
Ensuite, c'est plus une histoire de culture personnelle. J'ai l'impression que mes beaux-parents qui sont plutôt "nouveaux riches" étaient très "voyages organisés" et "club-med", parce que leur culture personnelle était "on travaille beaucoup donc les vacances c'est pour se détendre". Avec mon mec, on est plutôt "profession intellectuelle" donc pour nous ça fait partie du plaisir du voyage de passer du temps à chercher, lister des restaurants, lire des bouquins etc. Faut dire aussi qu'internet permet de faire ça de manière beaucoup plus efficace, donc c'est une question de génération aussi.
Et de culture, les Français ont tendance à beaucoup privilégier ce mode de voyage là, tandis que les américains qu'on a rencontré utilisent beaucoup les voyages "clé en main". Notamment la croisière, qui est très populaire là-bas (d'ailleurs c'est marrant ils font tous "L'Europe"). Ce qui est dingue c'est qu'ils voient pas du tout le tourisme de la même manière : ils aiment bien "l'expérience" et "l'amusement" donc typiquement à la nouvelle-orleans, ça les dérangeait pas du tout de déambuler dans le quartier touristique une bière à la main et de pas sortir de ce périmètre là puisqu'ils pouvaient trouver tous les loisirs dont ils avaient besoin (de l'alcool, des concerts, de la nourriture). Passé trois rues, les seuls touristes qu'on croisait dans le reste de la ville étaient donc ... français. Même les américains avec un haut niveau social voyaient pas trop l'interêt de bouger autour, expliquant que c'était un truc typiquement ... francais.

Je crois que mon plus haut niveau de haine concerne les gens qui veulent faire du tourisme éthique, c'est-à-dire avoir l'indécence de négocier chaque put*** de trucs qu'ils achètent à l'étranger, en revenant avec de grands discours à la base de "ils ont rien et ils nous donnent tout".
 
16 Février 2009
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@schizophrenia je trouve ton post intéressant parce qu'il soulève plusieurs points judicieux concernant ce débat, donc là je te livre un peu en vrac les réflexions que ça m'inspire.

Par exemple quand tu reviens sur les discours "anti-touristes", moi j'y vois une interiorisation du fait que le tourisme c'est vulgaire, par opposition au "voyage" qui aurait bien plus de sens, serait plus éthique, plus raisonné et respectable parce qu'exercé par une élite éclairée (alors que bon... en termes de pratiques, quelles sont les différences entre un voyageur et un touriste? Est-ce-qu'on ne se sert pas tous des mêmes sources d'information, des mêmes moyens de transports, des mêmes outils d'orientation, des mêmes formes d'hébergement, etc.? A l'heure où on peut capter un signal GPS pratiquement n'importe où sur Terre, existe-t-il encore de vrais explorateurs?). Ce sont des discours alimentés par certains intellectuels évoqués précédemment (des gens comme Rodolphe Christin il y en a pléthore) qui détiennent un pouvoir prescripteur dans la façon dont on va percevoir le tourisme. Rien que dans le domaine de la recherche, le tourisme est perçu comme une activité tellement frivole et vulgaire, que les chercheurs qui étudient le sujet autrement qu'à travers un prisme quantitatif/économique ont mis du temps à être pris au sérieux (et d'ailleurs ils passent toujours un peu pour des guignols par moment). L'origine de ce mépris (à mon avis) c'est que le touriste est communément perçu comme un con et un dilettante (en français c'est reflété par des expressions comme "faire quelque chose en touriste", "quel touriste" pour désigner une personne un peu pigeonne, ou encore "bronzer idiot"), donc à partir de là, normal que personne n'ait envie de s'y identifier. Pour certains chercheurs, c'est là que s'arrête la réflexion (on s'en tient à ces stéréotypes sans les interroger), alors que pour d'autres, c'est là qu'elle commence et qu'on questionne cette image si péjorative pour la déconstruire et pour pouvoir étudier le phénomène en tant que tel (comment définir le tourisme? quelle est son histoire? comment se diffuse-t-il spatialement et sociétalement? quels sont les jeux d'acteurs? est-il exercé de la même façon dans toutes les société?).
A l'origine de l'image de pigeon du touriste, je pense qu'on peut identifier un mépris de classe lié à une volonté de distinction des classes dominantes qui vont dénigrer ce qui devient mainstream. A ses débuts le tourisme était réservé à une élite, puis les acquis sociaux et les progrès technologiques ont permis sa démocratisation et à l'heure actuelle ce sont de nouvelles sociétés qui y ont accès (Indiens, Chinois, Brésiliens...) . Après, ce qui explique que tout le monde, toutes classes sociales confondues méprise le tourisme, c'est que tout le monde a intériorisé le mépris du tourisme et la honte d'être assimilé à un touriste (encore une fois, grâce à l'image de con du touriste qui imprègne l'inconscient collectif et qui est consacré par certaines expressions langagières). Ca se retrouve aussi dans les écrits destinés... aux touristes! Combien de fois j'ai levé les yeux au ciel en lisant le Guide du Routard et en y trouvant des formules du type "piège à touristes", "pour éviter les hordes de touristes", "[tel site touristique] envahi par les touristes", etc. Enfin ils pensent s'adresser à qui, sérieux? Et surtout, quel rôle croient-ils jouer dans ce qu'ils dénoncent? :rolleyes:

Paradoxalement, j'ai l'impression que ce mépris du tourisme et cette aspiration à s'en détacher absolument font de nous de "mauvais" touristes. Les Français sont hyper mal vus à l'étranger parce qu'ils passent pour des touristes arrogants, pinailleurs, râleurs, qui négocient tout par crainte de se faire avoir (puisque touriste = pigeon, il faut montrer qu'on ne s'en laisse pas compter!!!). Inversement, les touristes étrangers se sentent mal accueillis en France. Ce que tu relèves est très pertinent aussi : entre un groupe organisé qui va de site en site et observe la société locale de façon distanciée à travers ce qu'elle choisit de montrer et des backpackers qui se mêlent à la population pour expérimenter son mode de vie, qui incarne le plus gros vecteur d'influence culturelle? On touche ici à un autre aspect qui va de paire avec tout ça: les gens qui sous couvert de dénoncer l'influence du tourisme sur les populations locales, pratiquent en fait une forme de néo-colonialisme très infantilisant, voulant préserver certaines sociétés de la modernité "corruptrice" et les maintenir dans un état "d'innocence primitive" bien plus exotique (en gros, quand on va visiter les minorités ethniques dans tel pays, on aimerait mieux les voir avec un pagne et un os dans le nez, et que ce soit """authentique""", pas juste performé pour un public). Globalement, les discours visant à défendre les populations locales des méfaits du tourisme et de la modernité sont souvent bien plus toxiques et infantilisants que ce qu'ils dénoncent. J'en viens à me dire que si le tourisme n'était pas aussi diabolisé et ridiculisé, si on assumait mieux le fait d'être des touristes, on n'aurait peut-être pas des attentes aussi irréalistes et malsaines vis-à-vis des lieux et des sociétés qu'on rencontre.

Enfin voilà en vrac quelques réflexions sur le sujet. J'avoue que c'est un peu fouilli parce que je manque de temps et d'énergie pour structurer tout ça, mais si ça intéresse quelqu'un, je peux fournir quelques références permettant de déconstruire le mépris visant le tourisme et de mieux comprendre la complexité (souvent insoupçonnée) du phénomène.
 
1 Octobre 2016
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Ça m'étonne, je vois que vous opposez le tourisme international et le voyage, comme s'il n'y avait pas d'autres options, choisies en tout cas.
Je viens d'un milieu (très) privilégié culturellement et financièrement et je fais toutes mes vacances en France par choix : chez les grands-parents et dans la maison de campagne de mes parents quand j'étais petite, et en louant des gites avec mon copain maintenant (et tout ça en fuyant la mer).
C'est clairement un de mes snobismes, il y a du classisme dedans, même si j'ai aussi une critique éthique et écologique des différentes formes de voyage (back-packing comme tourisme, et je trouve même le tourisme de base moins néfaste dans la mesure où il reste concentré dans des zones définies et déjà "gâchées"). Auxquels s'ajoutent des problèmes de santé qui m'empecheraient de voyager sereinement si je le souhaitais.

Je pense que c'est un peu le même mécanisme que les classes populaires pour qui c'est important d'acheter le dernier iPhone alors que le snobisme de beaucoup de csp++ est de garder un téléphone pourri.
 
23 Mars 2016
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Ailleurs
Je trouve ça intéressant comme réflexion (et les propos de R. Christin complètement à côté de la plaque).
Après, de mon expérience personnelle, je rejoins le poins de vue de @L'Oeil de la Lune :
- les gens qui font des voyages organisés, qui utilisent des formules "tout compris", qui partent au club med font partie des plus aisés de mon entourage (+de 3000 euros par mois). Ce sont aussi elleux qui partent le plus souvent (une fois par an au moins) : donc qui contribuent de toute façon plus à la pollution globale et au tourisme mondial.
- les gens qui ont des revenus moyens ou faibles et qui vont à l'étranger, le font de manière "exceptionnelle". Au sens propre : c'est LE voyage (de leur vie, de leur 20 ans de vie commune, de la retraite...). Ils ne partent pas chaque année, encore moins plusieurs fois dans l'année. Ce sont souvent de destinations moins touristiques que symboliques (le typique "on a toujours rêvé de... faire la route 66, prendre le transsibérien, voir le Japon...). Et ce sont souvent des voyages à l'économie. Mais rarement des voyages hyper immersifs du genre "chez l'habitant" ou "au fin fond de la campagne".
- les gens qui ont vraiment de très faibles revenus partent dans leur famille ou chez des amis (en France ou ailleurs). Parce que le premier poste de dépense en vacances (notamment en famille), c'est le logement, ielles vont au moins cher : hébergé par des gens qu'ielles connaissent.

Pour revenir sur l'entretien du sociologue (parce que relire ce machin m'énerve vraiment) :
Très vite, le fait de partir en vacances est devenu une norme. Et cela n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui.
1 français sur trois ne part pas en vacances source

on part pour oublier le monde plutôt que pour le découvrir.
Environ 10% du tourisme mondial aurait une visée culturelle wikipedia

Et c'est ce qu'on observe aujourd'hui : prenez les aires d’autoroutes, les gares, les aéroports, ce sont des lieux fonctionnels, aseptisés qui se ressemblent partout sur la planète. A part l’énervement et l’ennui, il ne peut pas vous arriver grand chose.
Plusieurs choses me viennent à l'esprit :
- le fait qu'apparemment une relation sexuelle sur une aire d'autoroute soit un fantasme exploité (cf les résultats quand je cherche "aventure aire d'autoroute" dans mon moteur de recherche). Comme quoi des gens rêvent qu'ielles leur arrive certaines choses sur une aire d'autoroute.
- que Christin n'a pas dû connaître les mêmes aires que moi pour les trouver "aseptisées". (Oui, aire de Chavanon, c'est à toi que je pense).
- qu'il ignore que beaucoup de gens ne prennent pas l'autoroute à cause du coût et du fait que les jours de grands départs on n'y roule pas ou peu à 130, préférant rouler sur des petites routes à 70 et profiter des petits villages et des paysages.
- et que les gens qui n'ont pas les moyens de sortir de France se foutent de savoir qu'ils ont les mêmes aires d'autoroute qu'en Croatie, au Sénégal ou en Chine : ielles ne connaissent que celles qu'ielles pratiquent.

C’est un peu comme si vous saviez que votre tee-shirt était fabriqué par des enfants en usine, vous auriez certainement des scrupules à le porter non ?
Globalement on sait que la plupart des vêtements sont fabriqués à l'autre bout du monde par du personnel exploité. Guess what ? ça n'empêche pas les gens d'en acheter.

Je pense que c'est précisément dans l’imprévu que le voyage réapparaît. L’accroc au circuit balisé fait que d’un coup, l’expérience "dérape" et on a accès à une réalité qu’on n’aurait pas dû voir. Je me souviens d’une anecdote parlante, il y a quelques années lorsque j’étais accompagnateur de voyage en Libye. J’étais en voiture avec quelques voyageurs dans le Sahara libyen. Le chauffeur s’est trompé d’itinéraire : la voiture a emprunté le chemin d'une décharge à ordures. On a traversé, sous un soleil plombant, un champ entier de boîtes de conserve. Personne ne comprenait ce qu'il se passait. Pour moi, c'était l'un des rares moments de découverte du séjour : les vacanciers ont vu comment les villages dans le désert géraient leurs détritus.
Tout ce paragraphe fleure bon l'exotisme de bas étage et le misérabilisme.

Pourquoi répugnons-nous à croiser des Français lorsque nous partons à l'étranger ?
Pourquoi ça me rassure moi de croiser des français quand je suis à l'étranger ? Ah mais c'est vrai, j'suis con moi, je suis pas une aventurière.

L’idéal serait de partir le plus possible à pied ou à vélo pour vivre la transition entre son foyer et la destination.
Alors Christin ne me lit certainement pas et les mads ici s'en foutent probablement (en fin de pavé aussi...). Mais voici comment s'est passé la dernière fois que je suis allée en vacance à l'étranger à vélo en avion.
Levé 3h du mat, il fait -13000°C et je tombe de sommeil. 3h30 on monte toux dans le Duster (qui pollue 'achement plus que le vélo, on est d'accord). 1h30 de route plus tard nous voici à l'aéroport. Mireille nous fait peur en disant très fort "merde je crois que j'ai oublié mon passeport". Tant pis, elle restera en France. C'était une blague. Mireille est taquine. 5h15, check sécurité, j'empêche les plus taquin-es d'entre nous de répondre des conneries aux questions de sécurité. 5h30 enregistrement de bagages. Sécurité again : une heure de queue, vidage de poches, pieds nus, sans ceintures. Pour certain-es d'entre nous, le niveau d'aventure n'a jamais été aussi haut de leur vie. Gégé est attiré à part suite à un "biiip" du portique. On lui tapote les mains avec un bout de papier. Coutumes étranges des indigènes auxquelles Gégé se plie humblement, en position de rencontre avec elleux. 6h30, on peut enfin boire un café et manger un gâteau au Starbuck. Pour deux d'entre nous, c'est une première : "pourquoi il me demande deux fois mon prénom si c'est pour écrire complètement autre chose sur le gobelet ?" Ta gueule Momo, j'ai sommeil.
7h20, la porte est annoncée, on se rue comme des bourrins. 7h25 : contrôle de la PAF. Re-queue de 1 heure pour passer le passeport sur un lecteur. Un passager compatissant nous fait un cours sur la différence entre UE et espace Shengen. La foule en délire applaudit.
8h10 : on se fait engueuler parce qu'on arrive limite à la porte d'embarquement. Mais c'est la PAF ! Les bagages cabines sont mis en soute, faute de place. Gégé : "ça servait à rien de les trimballer alors, on aurait dû les laisser à l'enregistrement des bagages en soute" moi : "oui mais on aurait payé un supplément alors" Gégé : "mais puisqu'on les mets en soute finalement" moi : "oui c'est pas logique mais c'est comme ça". On s'installe.
On décolle. Ah non... un passager doit quitter l'avion. On attend une heure que le passager en question, sa copine et tous leurs bagages soient débarqués.
Gégé : "ils auraient pas pu lui dire plus tôt qu'il ne pouvait pas prendre l'avion ?" Moi : "je sais pas, fais un courrier à Easy Jet, propose leur".
On décolle. Pour deux d'entre nous il s'agit de leur premier décollage.
S'ensuivent quatre heures à décrire le paysage km par km survolé. Les stewards nous parlent en anglais et en une autre langue étrangère. Je demande "ouane kofi pliz". 12€. :eek:
Josiane : "on peut pas allonger les sièges ?" Non, on peut pas, quand on voyage lowcost il faut avoir la condition physique pour.
Au bout de 20 minutes de vol, tout le monde dors, sauf X qui décrit encore le paysage morceau par morceau et dont je tais le nom par compassion ce qu'elle passe parfois sur ce forum.
Atterrissage, applaudissement.
Gégé "c'est vraiment comme dans les films " Moi (dubitative) "c'est la première fois que je vois ça de ma vie".
1h de retard sur l'horaire. 17 degré d'écart. Tout est écrit en une autre langue qu'on ne parle ni ne comprend.
Le taxi "spik inglich ?" "da". Et ben on va faire comme ça. La conduite, tout comme en France, sauf le cligno, la priorité à droite, l'usage du klaxon, et les limitations de vitesse. Momo est à l'avant à côté du chauffeur, il rit mais c'est nerveux, il a surtout peur de mourir. Ce serait con, il vient de survivre à son premier vol en avion.
Une heure après, arrivée à destination. On a faim. On a sommeil. On a chaud dans nos doudounes hivernales.
Nous sommes des touristes, dans une ville touristique. Il est 15h, on a mis 10h à rallier notre destination. ça fait toujours moins qu'à vélo, c'est sûr, mais si je demande à mes 4 complices, ielles me diront probablement qu'ielles ont vécu une transition tout à fait respectable entre chez nous et là-bas.
Et toi Roro (tu permets que je t'appelle Roro ? Non ? Ben c'est pareil.), si t'es en mal d'aventures et de frissons, ben t'as qu'à venir en vacances avec Momo, Gégé, Mimi, X et moi et tu verras un aller-retour en TER entre St-Etienne et Rive-de-Gier c'est pas bien différent d'une expédition de Jack London dans le grand nord.
 
8 Février 2014
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Hello :) je rejoins la conversation sur le tourisme car je trouve que c'est un sujet super intéressant qui soulève pas mal de problématiques, notamment écologiques et culturelles. Et c'est la première fois que je le vois abordé sous l'angle du classisme comme ça.

J'ai remarqué que le tourisme, et les vacances de manière générale, c'est un sujet qui peut générer beaucoup de mépris. Beaucoup méprisent les autres pour ne pas envisager le tourisme de la même manière qu'eux mais en même temps tirent de la fierté de faire les choses "différemment", c'est un peu contradictoire.
Dans mon entourage, la tendance est de partir très loin, dans les pays les plus exotiques possibles tout en faisant des vacances de type "roots/backpack" pour ne pas être mis dans la même case que "les touristes riches".

Il y a un rejet de toutes les formes traditionnelles de tourisme. Pas d'hôtel, mais du couch surfing ou du camping sauvage (ou alors éventuellement la nuit en hostel mais toujours en négociant les prix), pas de taxi ou de bus officiel mais du stop sur le bord de l'autoroute. Alors que ce n'est clairement pas une question de moyen mais de vision du voyage. Comme si l'aventure c'était pas vraiment de découvrir une autre culture mais d'essayer de voyager comme si on avait pas les moyens, à la roots.

En soi pourquoi pas faire un voyage un peu différent et moins "classique". Le principal souci c'est que ces personnes sont persuadées que, comme elles ont quand même économisé sur place, ce genre de voyage est à la portée du plus grand nombre. Alors que c'est quand même un privilège de (1) pouvoir dépenser 500€-1000€ dans le billet d'avion (2) faire partie d'une génération ultra connectée qui peut utiliser son GPS à l'autre bout du monde et (3) évoluer dans un milieu social où tout le monde va dans les mêmes pays et où tu as forcément des potes qui sont déjà allés en Ouzbékistan / au Myanmar /en Namibie / en Colombie / en Nouvelle Zélande et qui peuvent te conseiller.

Alors derrière j'ai un peu du mal avec les remarques du type "t'as vu Machine elle est partie une semaine dans les Pyrénées pour les vacances. Sérieux, pour le prix de son hôtel je me paye 5 nuits à Bangkok, je comprends pas". Bah peut-être que Machine vit à 3 heures de voiture des Pyrénées et c'est plus simple pour elle que 10 heures d'avion ? Et quel est le mal à ne pas vouloir aller loin ? Ou peut-être que Machine ça lui fait peur de partir loin parce qu'elle n'y a jamais été habituée ?

Pour moi c'est un peu dans le même ordre d'idée que : "je ne comprends pas pourquoi les gens disent que le bio coûte cher, je suis allée au biocop de mon quartier hier franchement ça va les prix" (oui mais tout le monde n'a pas un biocop à 5 min de marche) ou "je ne comprends pas pourquoi les gens disent que ça coûte cher de bien s'habiller, j'ai trouvé une jupe Isabelle Marrant à 30€ hier sur Vinted c'était une sacrée occas" (oui sauf qu'il y a des gens pour qui 30€ c'est le budget alimentation de la famille pour la semaine). Ça reste des situations où beaucoup ne comprennent pas que le tourisme, la mode ou une certaines forme d'alimentation restent un luxe pour une partie de la population et peuvent en venir à dire des remarques très blessantes sans même forcément s'en rendre compte. (Big up à ma pote qui, alors qu'on était encore en études, m'avait un jour demandé pourquoi je n'élargissais pas mes horizons pour partir loin pendant les vacances ? Alors qu'à ce moment là j'étais en stage tout l'été pour me faire des sous et de l'expérience et que ma pote ne travaillait pas car ses parents avaient beaucoup de moyens).

L'autre aspect c'est l'impact sur les populations locales. Quand les gens me racontent que "c'est super beau d'aller au contact des locaux" et que là-bas "tout se négocie c'est la culture" des fois je me demande si quelqu'un a déjà demandé au gérant de l'auberge de jeunesse au fin fond de l'Asie du Sud-Est s'il avait vraiment envie de venir au contact de jeunes occidentaux qui ont eu les moyens de payer l'avion mais qui négocient quand même 50 centimes sur le prix de la chambre et de vivre cette merveilleuse aventure humaine avec eux.

(J'espère n'avoir blessé personne avec mon message :fleur: Je n'ai rien contre les vacances en mode backpack à travers le monde, tant que les gens gardent conscience que ce n'est pas à la portée de tous).

Edit : @HeavyMetalAngel : je n'avais pas vu ton message avant de poster. Les begpackers c'est quand même tellement abusé :fear:
 
11 Janvier 2007
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Big up à ma pote qui, alors qu'on était encore en études, m'avait un jour demandé pourquoi je n'élargissais pas mes horizons pour partir loin pendant les vacances ?
une prof (de socio, oui) une fois avait critiqué toute la classe parce qu'on n'avait jamais été à je sais pas quel musée de Copenhague.

Je me suis déjà engueulée avec un type parce qu'il soutenait que partir en thailande (par exemple) c'était à la portée de tous, et quand il m'a saoulée j'ai voulu le faire taire avec l'argument choc que tout le monde n'a pas un passeport occidental qui donne le droit d'aller partout et il m'a rétorqué qu'il parlait de monsieur tout le monde et pas de ces gens là.

Trop d'accord avec tout ce que tu as dit.

et :
L'autre aspect c'est l'impact sur les populations locales. Quand les gens me racontent que "c'est super beau d'aller au contact des locaux" et que là-bas "tout se négocie c'est la culture" des fois je me demande si quelqu'un a déjà demandé au gérant de l'auberge de jeunesse au fin fond de l'Asie du Sud-Est s'il avait vraiment envie de venir au contact de jeunes occidentaux qui ont eu les moyens de payer l'avion mais qui négocient quand même 50 centimes sur le prix de la chambre et de vivre cette merveilleuse aventure humaine avec eux.
PREACH
 

adita

Dans le game en claquette
27 Décembre 2011
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une prof (de socio, oui) une fois avait critiqué toute la classe parce qu'on n'avait jamais été à je sais pas quel musée de Copenhague.
Rien à voir mais ça me rappelle cette prof de philo qui nous expliquait que ses enfants mangeaient du magret au resto, parce que diversité alimentaire et développer le goût des bonnes choses blabla.
Donc toi tu vas au resto une fois par an, tu prends le menu enfant et t'as pas le droit de prendre un dessert et ta prof si convaincue des bienfaits de l'anarchisme et des luttes sociales te dit que le steak haché c'est naze et qu'il faut manger du magret au lieu du menu enfant.
Un moment formidable.
A rajouter au moment ou ce prof d'histoire t'explique que toi tu peux pas comprendre mais que dans les campagnes y'a plus de services publiques. Il avait du oublier que son lycée brassait des élèves de tout le nord du département aka la grosse campagne profonde. Ça faisait des années que y'avait plus de poste dans mon village.
Mais bon eux ils savent hein.
 
8 Août 2018
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Moi j' ai eu un grand moment de solitude quand à la fac publique un professeur nous a dit qu 'il fallait valoriser ses voyages sur son CV. J' imagine qu' il ne parlait pas de vacances en Bretagne. Je me suis dis purée on ne vit pas dans le même monde ! Je me suis sentie trop mal de n' être qu 'une pauvre boursière dans cette filière plutôt élitiste.
 
24 Septembre 2014
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paris
Ma prof de philo était la spécialiste es classisme. Elle répétait à tout bout de champs qu'elle faisait partie de l'intelligenstia (c'est tellement pédant comme mot que je sais pas l'écrire) locale, que ses enfants vivaient à Paris, eux, qu'elle était pote avec telle ou telle metteuse en scène etc. Il lui fallait ça, à mon sens, pour se démarquer de la plèbe (aka le reste du monde) et bien marquer sa supériorité sur le reste du corps professoral. Elle a totalement perverti Bourdieu et le rapport de classe en nous expliquant n'importe quoi (en prennant son exemple et nous montrant qu'elle ne pourrait pas sortir avec un CPE pour cause de capital culturel trop différent) et arrêtait pas de faire des commentaires sur les capacités des élèves à réussir leur vie (une pote noire avait été découragée d'aller en fac de droit alors qu'elle était brillante, elle avait dit que j'allais finir morte sur un trottoir (sic) parce que j'étais un être vulgaire qui pense plus à boire des bières en terasse qu'à se cultiver (bitch).
 
28 Juin 2011
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Hello,

Si je me souviens bien, des lectures pour mieux comprendre le classisme avait été posté, malheureusement je ne les retrouve pas (et la barre de recherche ne donne rien). Ce serait super si celles qui ont des suggestions pourraient les reposter - et peut-être qu'on pourrait les mettre dans le premier post pour être retrouvable facilement ?(mais je ne sais pas si c'est possible).
 

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