@Lenehän
Mais où Butler place-t-elle les personnes non-binaires et les AFAB/AMAB?
Est-ce qu'ici il ne s'agit pas d'expression de genre plutôt que de genre ( on se sert de l'expression de genre pour correspondre à un archétype)?
Tu veux dire qu'être butch est égal à avoir une expression de genre masculine. Je trouve ça terriblement réducteur pour les femmes butch. Pourquoi ne pas considérer que même si ça ne correspond pas à l'expression de genre "femme" prédominante dans la société, ces femmes ont une expression de genre "femme"?
Si tu parles d'expression de genre purement physique, par opposition à romantique, tu parles donc des personnes qui sont attiré.es par les personnes qui paraissent androgynes. Mais je trouve ça dommage de réduire une personne ( ici la butch) au regard qui est porté sur elle. Ca ne peut que la blesser car elle-même ne se définit pas forcément comme androgyne mais plus comme une femme qui a une expression de genre de femme.
Je te pose beaucoup de questions parce que je crois que cette analyse valide l'essentialisation de la femme et de l'homme ( au mépris des autres identités de genre) sous prétexte de dénoncer les oppressions patriarcales ( je n'ai pas lu Butler mais il me semble que c'est une théoricienne féministe? ).
Elle n'est pas du tout essentialiste, donc je pense que c'est moi qui l'exprime mal (et je vais probablement arrêter et revenir quand j'y arriverais plus, j'ai un peu honte). Sans doute la lire dans le texte t’éclairerais plus.
Effectivement, je parlais de l'attirance, mais parce que
@Anandryne parlait du fait de sortir ou non avec une femme dite masculine et donc je reprenais l'exemple de Butler. Cela dit je comprends que ça puisse être blessant !
Je ne parlais pas d'androgynie, mais d'ambiguïté, ce qui est différent.
Après, être butch n'est pas égal à une expression de genre masculine. La butch emprunte des expressions de genre masculine temporaires ou non, dans certains cas, mais son expression de genre n'est pas exclusivement masculine. Et oui elles ont une expression de genre "femme" quoi que ça veuille dire, puisque ça ne veut rien dire en soi ; ce qui est repris ici ce sont les catégories "féminin" et "masculin" qui sont des catégories de pensée dans notre société, du même ressort que les oppositions "haut/bas" "intérieur/extérieur" "fermé/ouvert" et donc que chaque être humain emprunte à tour de rôle finalement, des "états de genre" pourrait-on dire. Lorsque j'emploie "féminin" et "masculin" ici ce sont ces catégories de pensée telles qu'employées par la société, hein, tel que féminin = douceur, intériorité, etc.
Bon, en gros, ce qui est important c'est la façon dont dès qu'on sort des normes binaires, l’ambiguïté et le décalage créés, qui sont subversives pour l'hétéronormativité.
Mais non non, ce texte ne participe pas d'une essentialisation de l'homme et de la femme, puisqu'une grande majorité du propos est plus dirigé vers justement, les personnes transgenres (mais pour te dire précisément, faudrait que je m'y replonge). Pour elle, il n'y a pas deux genres, mais une multiplicité de genres "
rien ne nous autorise à penser que les genres devraient se compter au nombre de deux. Supposer que le genre est un système binaire revient toujours à admettre le rapport mimétique entre le genre et le sexe où le genre et le parfait reflet du sexe, que le sexe en est du moins la limite. Lorsqu'on théorise le genre comme une construction qui n'a rien à voir avec le sexe, le genre devient lui-même un artefact affranchi du biologique, ce qui implique que homme et masculin pourraient tout aussi bien désigner un corps féminin qu'un corps masculin, et femme et féminin un corps masculin ou féminin."
En fait, comment dire. Butler envisage une déconstruction du genre, mais puisque celle-ci dans notre société telle qu'elle est configurée, n'est pas possible, alors la révolte se fait par la subversion et ce décalage/ambiguïté.
En somme je pense que toi, moi, et Butler sommes d'accord, mais que je tourne mal mes phrases
Et je suis désolé si j'ai blessé certaines personnes ici
EDIT : Je précise aussi que l'ambiguité n'est pas que le fait de la lesbienne Butch. Elle est aussi le fait de la lesbienne tout court ; Monique Wittig écrit "La lesbienne n'est pas une femme", parce qu'une femme = entendu comme femme dans relation hétérosexuelle. Bref, ambiguïté = ce qui se produit lorsque disjonction sexe/genre/désir entendu par la société.