marjo5;4153862 a dit :
D'abord pour répondre à ton hypothèse du gaspillage évité qui permettrais de nourrir toute la planète, je crois avoir vu une étude qui disait que ça serait possible...
Sinon sur le rendement du Bio, il y a pas beaucoup d'études comparatives sur le long terme, en général, les résultats varient légèrement d'une étude à l'autre, suivant les climats, les cultures... Mais ce qui ressort c'est un rendement équivalent la plupart du temps, avec une baisse pour le conventionnel en temps de sécheresse.
Sinon la plus longue étude réalisée sur le sujet (50 ans je crois, aux USA) a démontré un rendement supérieur pour le Bio. ( je pourrais retrouver si ça t'intéresses)
Tu parles des territoires moins fertiles que les notres, qui pâtiraient d'une application "plaquée" de notre bio, mais je crois que c'est pas ce qu'il faut rechercher. Chaque territoire a des espèces qui lui sont adaptées, des techniques, des associations de plantes qui sont restées dans les traditions. Bien sur il faut pas s'arrêter à ça et juste "revenir à l'age de pierre", il faut aussi que ces pays bénéficient des derniers progrès... de préférence sans faire les mêmes erreurs que nous !
En fait je pense que l'agriculture bio qui permet des rendements plus importants ce n'est pas celle qui interdit tous les intrants sauf le compost/le fumier et qui fonctionne comme la conventionnelle. C'est celle qui est un peu "savante", (peut être que ça s'appelle l'agro-écologie, je sais pas trop la différence entre les deux) : en fonction de la nature du sol on va y apporter tel ou tel engrais, et ya le choix ! Ca peut être de la cendre, du sang séché, du paillage de plante : moutarde, luzerne, bois etc. Ca permet de couvrir le sol, donc pas de désherbage, pas de "ruissellement du sol", on fauche et ça nourrit le sol !
Et puis il y a aussi les associations de plantes, qui leur permettent de se défendre elles-mêmes (carotte poireaux pour éviter les vers par ex). La permaculture est super forte là dedans !
Il y a aussi la technique de ne pas labourer pour ne pas détruire la structure du sol... Bref je vais pas faire un cours, je suis pas spécialiste... Mais optimiste pour le Bio !
Pour les OGM par contre je suis très septique : pour l'instant ils ont été utilisés de manière jetable : des hybrides que les agriculteurs doivent racheter chaque année au lieu de garder les graines, et en association avec des désherbants. En plus ces firmes font du lobbying pour breveter le vivant ... encore un vaste sujet !
(désolée pour le gros pavé... une passion dévorante !)
Si tu retrouves, l'étude pourrait être intéressante, parce que j'avoue ne pas être convaincue.
Suffit de regarder les rendements moyens pour la France. Prenons le blé tendre, le rendement moyen 2011 en agriculture conventionnelle est de 63 qx/ha. En agriculture biologique, 32 qx/ha. Pour 2012, on serait à plus de 70 qx/ha en conventionnel, 32 qx/ha en bio.
Après, je connais très mal l'agriculture aux Etats-Unis, le contexte est très différent donc les écarts entre rendements bio et conventionnels sont peut-être moins importants (ils ont plus de place, ça joue sûrement sur la course aux rendements ?)
Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis sur le fait de ne pas avoir une application "plaquée" de notre agriculture biologique, sur le fait qu'il faut adapter à chaque territoire.
Le problème, c'est que ce n'est pas ça qui est en train de se produire. Je suis à 100% d'accord avec toi sur ce point, mais entre ce qu'il faudrait faire et ce qui est fait, il y a un monde.
Quand on achète du café bio venant d'Amérique du Sud, par exemple, c'est notre cahier des charges européen qu'on impose aux producteurs. C'est nous qui leur disons quelles variétés ils doivent utiliser, quelles pratiques ils doivent avoir... tout ça pour qu'on puisse coller notre petit logo d'européen qui n'y connaissons rien à la culture du café en Amérique du Sud.
C'est ça qui me pose problème.
Je suis aussi d'accord avec toi sur l'utilisation de différentes techniques, comme les associations de plantes, l'adaptation des cultures au type de sol, bref, au retour aux connaissances agronomiques de base qu'on s'est empressés d'oublier ces 50 dernières années.
Mais comme je le disais, au niveau technique, on est loin d'être au point.
J'avais visité une exploitation où ils tentaient des associations avec la chicorée. C'était hyper intéressant, mais on voyait bien que dans ces tests, y'avait un côté très artisanal. Ils tentaient plusieurs types d'association, selon leurs parcelles, selon l'année qu'ils avaient eu (avec ou sans pluie)... Et la recherche sur le bio, pour l'instant, c'est plutôt ça : des agriculteurs qui font leurs tests plus ou moins dans leur coin, plus ou moins suivis par des organismes. Et les résultats qu'ils obtiennent ne sont pas forcément valables chez leur voisin, qui va avoir une terre un tout petit peu plus séchante, ou un tout petit peu moins riche en matières organiques...
Donc il y a peu de recherche, et du peu de recherche qu'il y a, on ne peut même pas en tirer des conclusions pour tout un territoire. Tout ce qu'on peut dire, c'est présenter une exploitation, ce qu'on y a fait qui a marché, et la montrer aux autres en disant "avec de la chance, ça pourrait peut-être marcher chez vous".
Je n'ai jamais dit que le bio, c'était revenir à l'âge de pierre. Au contraire, pour moi, une exploitation bio qui marche, c'est plutôt de l'agronomie de pointe. Il faut tester, essayer, voir ce qui marche sur telle parcelle de l'exploitation, trouver les cultures adaptées, les variétés adaptées, les associations adaptées, etc.
C'est ça que j'aime dans le bio.
Mais il faut reconnaître la limite de cet aspect-là : le bio n'est pas toujours accessible au premier venu. Il faut de la motivation, il faut une envie de réussir, de rechercher, de tester, et enfin le plus important, il ne faut pas avoir peur de prendre de gros risques. Parce que c'est facile, depuis notre fauteuil et notre salaire qui tombe à chaque fin de mois, de dire que les agriculteurs devraient tous passer en bio, qu'en faisant les bons choix ils peuvent très bien y arriver, mais eux n'ont quasiment aucune référence à laquelle se fier et un passage au bio peut vite mettre en danger l'exploitation avec lequel ils gagnent leur vie.
Tout ça pour dire que l'aspect recherche et technique est de mon point de vue le plus intéressant, mais c'est aussi le plus difficile gérer.
Pour les OGM, comme tu dis, vaste sujet
Je ne vois pas les OGM comme la solution parfaite, et pour l'instant, je ne les vois même pas comme une solution tout court. Mais d'ici une vingtaine d'année, peut-être ? Je trouve que l'idée de base des OGM est très prometteuse, mais comme tout le reste, c'est récupéré par le marché, et c'est là que les ennuis commencent :/
(désolée pour le pavé, la prochaine fois je tenterai la version courte O_o)