@Denis Let's agree to disagree.
Tu cites le début, et la fin de cet article. Pourquoi ? Parce que le milieu est dérangeant ?
Quand je lis un truc comme : "
Tel est l'enjeu de la bataille engagée depuis un quart de siècle autour du foulard et aujourd'hui de la jupe, des prières dans la rue, de l'abattage halal, des repas dans les cantines scolaires, des programmes d'histoire et d'instruction civique dans les collèges et lycées, de l'apartheid sexuel dans les piscines publiques, etc." Je me dis qu'il y a quand même un sérieux problème. Qu'on ne peut définitvement pas mettre dans le même sac tous ces sujets sans faire une distinction très claire et nettre entre ce qui relève de la liberté individuelle et ce qui relève de la règle collective.
Porter un foulard, porter une jupe, c'est un droit, qui devrait être respecté partout et qui ne l'est pas. Quand je porte une écharpe aux couleurs de l'arc-en-ciel, personne ne me reproche de faire du prosélytisme LGBT. Ma pote qui porte le voile, elle, se voit accusée de prosélytisme religieux parce qu'elle porte un PUTAIN DE FOULARD. Cela relève de la liberté individuelle et la République n'a pas le droit de nous l'empêcher, et le fait qu'elle le fasse n'est nullement un gage de laïcité mais un gage du fait qu'elle est une démocratie gouvernée par la majorité. Et devinez qui sont la majorité ? Des gens qui pensent que porter des signes religieux, c'est mal et que ça doit être interdit. La même majorité pensait il y a un siècle qu'être homosexuel, c'était mal et qu'on allait en Enfer pour ça. Est-ce que ça fait de cette idée quelque chose de cool et de valable ? Non.
La fin de la mixité à la piscine, ça relève de la règle publique. Et oui, pour te dire, je suis athée, et la non-mixité à la piscine, il y a des fois, t'as bien envie d'être pour. Parce que le harcèlement sexuel, les insultes sur le corps des femmes, c'est pas que dans la rue ou à la maison. Mais bref, cela relève du public, et ça, OUI la République peut y interférer.
Je vais le dire tout de go : je suis agnostique. Je ne me bats pas pour ma communauté ou pour ma foi, parce que je n'ai ni communauté, ni foi. Je me bats pour avoir la liberté de faire ce qui ne dérange personne, et que les autres puissent faire de même. Fatima veut manger hallal ? J'estime qu'elle a le droit de le faire dans de bonnes conditions. Joshua veut porter sa kippa ? Qu'il le fasse, qu'est-ce que ça change à ma vie ?
Qu'on leur laisse le droit de s'afficher, tant qu'ils ne nous dérangent pas. Qu'on leur laisse le droit de se construire des mosquées et synagogues avec leurs propres deniers, puisqu'ils veulent prier ! La liberté, la volonté de pouvoir faire ce qu'on veut, ça marche aussi dans ce sens-là. Que Mme Boutin, au nom de ses croyances, refuse d'épouser une autre femme, ne me pose aucun problème ; tant qu'elle ne m'empêche pas moi de le faire. Si l'Etat l'a bien compris lors de cette polémique, pourquoi fait-il la sourde oreille lorsqu'on lui parle de liberté à se vêtir comme on veut, à prier comme on veut, à fêter le Dieu qu'on veut ?
Je déteste particulièrement cette expression de l'article "l'indifférenciation républicaine de la cité." Mais Pourquoi ? pourquoi "indifférenciation" ? Ca veut dire quoi, soyons tous pareils pour être tous égaux ? Obligeons une jeune fille musulmane à porter un pantalon au lieu d'une jupe longue ? Assimilez-vous les uns les autres ?
Je n'aime pas cette hypocrisie, et particulièrement celle d'un journal de gauche qui, j'en suis sûre, serait le premier à crier sur tous les toits qu'il faut "s'assumer et ne pas avoir peur de sa différence" si un jour Hollande nous disait qu'il est transgenre... Mais par contre, une personne religieuse qui s'assume, c'est mal, c'est aller contre la république, c'est du communautarisme ?
Il faut apprendre de toute urgence à distinguer dans la religion ce qui relève de l'idée et ce qui relève de l'identité, ce qui régit l'espace public et ce qui régit l'espace personnel et privé. Et que la laïcité nécessaire à éviter que les dogmes collectifs n'influencent sur la société, n'empêche pas chacun de régir son espace personnel comme il le désire, de façon réellement libre, c'est à dire même en ayant une loi que d'autres désapprouvent.