@Lis croire qu'il n'y a pas de dieu, c'est une croyance aussi ^^ (j'ai déjà eu cette discussion au sujet de l'anti-théisme, et je n'ai pas changé d'avis...). Vivre sans dieu, ça revient plutôt à de l'agnosticisme ou au fait d'être sans religion (fait de ne pas savoir ou de s'en foutre). Enfin moi je préfère dire ça comme ça, parce que ça permet de faire la différence entre les personnes réellement athées (qui croient en l'absence de dieu), et les "faux athées" qui n'ont pas d'idée particulière sur la question, pensent qu'on ne peut pas savoir, ou s'en fichent complètement (agnostiques et irréligieux).
(Oui, je vis dans une famille composée de 2 athées au sens strict, d'un agnostique et de moi-même qui oscille entre agnosticisme et croyance mystique en "quelque chose" (mais quoi ? that is the question) donc la nuance me semble importante).
@Clemence Bodoc
Je suis d'accord avec ce que tu dis sur le blasphème, effectivement. Le blasphème n'est pas nécessairement une insulte, c'est juste dire quelque chose de contraire au dogme d'une religion en particulier (nier l'existence de Dieu est un blasphème pour les chrétiens par exemple). Après la séparation à mon sens est parfois floue, c'est à mon avis dû au fait qu'il y a souvent des propos qui conjuguent les 2 (exemple : caricature de Mahomet : où s'arrête le simple blasphème et où commence l'insulte aux musulmans ? Question très difficile).
Par contre, au sujet de ton exemple de prêtre élu au conseil municipal, je trouve ton exemple peu clair.
A mon sens, le fait d'être prêtre ne change pas grand-chose à l'affaire, vu que personnellement, si une personne voulait mettre en place une éducation différenciée fille/garçon, je m'insurgerais de toute manière, quelque soient les raisons (religieuses, scientifiques, préjugés sociaux, ou que sais-je encore).
De même, certaines décisions motivées par la religion peuvent être tout à fait bonnes et heureuses (je prends l'exemple de ce prêtre qui a offert l'asile à des migrants par charité chrétienne).
A mon sens, ce qui est important, c'est de se poser la question des actions, pas des motivations qui sont derrière. Les motivations sont importantes, mais tu ne peux pas les encadrer par des lois précises, alors que les actions, c'est possible de les encadrer, c'est concret. Il ne faut pas se dire "je ne veux pas que les convictions religieuses rentrent en jeu dans les décisions du conseil municipal" mais "qu'est-ce qui est acceptable ou non comme décision municipale au regard de ses conséquences".
De plus, de manière plus large, c'est impossible de vouloir écarter les interférences religieuses de l'espace public et de l'espace politique (espace au sens abstrait). Les gens ne mettent pas leurs croyances à la porte quand ils réfléchissent à des sujets politiques, et tu ne peux pas les forcer à le faire. Bien sûr que beaucoup de personnes qui sont contre le mariage pour tous le sont pour des motifs religieux, mais tu ne peux pas les obliger à ne pas relier leurs croyances et leurs idées politiques, et donc leurs propos, et donc leur vote.
Donc à mon sens, vouloir exclure les interférences religieuses de l'espace public est certes un but louable mais dans la réalité c'est impossible.
A mon sens, c'est là que se situe le problème plutôt. Reprenons le conseil municipal. On a donc dit "on va définir quelles décisions de la part de ce conseil sont acceptables ou non", puisque ça, c'est concret, on peut le voir, contrairement aux motivations qui, on l'a vu, échappent à tout contrôle.
Or, problème : quels critères pour savoir si ces décisions sont acceptables ou non ? Selon quelles valeurs ?
Admettons que l'on se demande "est-ce que mettre en place des cours de perceuse pour les garçons et de broderie pour les filles est une décision acceptable ou non ?". (Peu importe ses motivations, donc).
Là, on a de nouveau un problème de neutralité :
en effet, les critères choisis pour répondre à la question ne sont pas neutres, puisqu'ils sont motivés par des valeurs.
Donc à mon sens, la vraie question, si on te suit c'est "Est-il possible d'avoir un critère politique de décision qui puisse être universel et inconstestable ?" pour pouvoir donc prendre la meilleure décision. Et ça, c'est quand même un vrai problème (et je pense sincèrement que la réponse est "non").