De même, certaines décisions motivées par la religion peuvent être tout à fait bonnes et heureuses (je prends l'exemple de ce prêtre qui a offert l'asile à des migrants par charité chrétienne).
A mon sens, ce qui est important, c'est de se poser la question des actions, pas des motivations qui sont derrière. Les motivations sont importantes, mais tu ne peux pas les encadrer par des lois précises, alors que les actions, c'est possible de les encadrer, c'est concret. Il ne faut pas se dire "je ne veux pas que les convictions religieuses rentrent en jeu dans les décisions du conseil municipal" mais "qu'est-ce qui est acceptable ou non comme décision municipale au regard de ses conséquences".
De plus, de manière plus large, c'est impossible de vouloir écarter les interférences religieuses de l'espace public et de l'espace politique (espace au sens abstrait). Les gens ne mettent pas leurs croyances à la porte quand ils réfléchissent à des sujets politiques, et tu ne peux pas les forcer à le faire. Bien sûr que beaucoup de personnes qui sont contre le mariage pour tous le sont pour des motifs religieux, mais tu ne peux pas les obliger à ne pas relier leurs croyances et leurs idées politiques, et donc leurs propos, et donc leur vote. Donc à mon sens, vouloir exclure les interférences religieuses de l'espace public est certes un but louable mais dans la réalité c'est impossible.
A mon sens, c'est là que se situe le problème plutôt. Reprenons le conseil municipal. On a donc dit "on va définir quelles décisions de la part de ce conseil sont acceptables ou non", puisque ça, c'est concret, on peut le voir, contrairement aux motivations qui, on l'a vu, échappent à tout contrôle.
Or, problème : quels critères pour savoir si ces décisions sont acceptables ou non ? Selon quelles valeurs ?
Admettons que l'on se demande "est-ce que mettre en place des cours de perceuse pour les garçons et de broderie pour les filles est une décision acceptable ou non ?". (Peu importe ses motivations, donc).
Là, on a de nouveau un problème de neutralité : en effet, les critères choisis pour répondre à la question ne sont pas neutres, puisqu'ils sont motivés par des valeurs.
Donc à mon sens, la vraie question, si on te suit c'est "Est-il possible d'avoir un critère politique de décision qui puisse être universel et inconstestable ?" pour pouvoir donc prendre la meilleure décision. Et ça, c'est quand même un vrai problème (et je pense sincèrement que la réponse est "non").
Je suis d'accord avec une bonne partie de ton message ! Du coup, pour préciser mon point : le fait d'exclure les interférences religieuses du débat,
c'est pas a priori, c'est bien DANS le débat. C'est-à-dire que je ne vais pas refuser le droit de parole à quelqu'un sous prétexte qu'il a des convictions religieuses, affichées ou non.
Je reprends l'exemple de mon prêtre au conseil municipal. Il est contre l'éducation à la sexualité, il considère qu'on n'a pas les moyens, c'est pas la priorité, pour x raisons.
Moi, dans l'opposition, je lâche pas le morceau parce que j'y tiens, j'oppose des arguments, comme par exemple "ah bah on n'a qu'à prendre ce budget, et l'allouer à l'éducation sexuelle, etc".
Et si en fait dans le débat, le mec répond : "non mais le sexe n'a pas sa place à l'école, le message que l'école doit passer, c'est l'abstinence, surtout à cet âge", je vais faire des yeux comme ça O_o et répondre "euh. Mais dixit qui, exactement ?"
Si sa réponse repose sur ses convictions religieuses, je vais considérer que j'ai pas besoin d'y répondre, au fond. Elle est disqualifiée de fait.
On peut tout à fait défendre des idées, des convictions basées sur des croyances religieuses, je n'ai rien contre ça.
J'ai un problème quand cette conviction religieuse devient un argument dans le débat. Tout simplement parce que rien ne m'oblige en droit français à respecter la conviction religieuse de l'autre comme quelque chose de sacré. Grossièrement, c'est comme si le prêtre me répondait "dixit le Père Noël", évidemment que je répondrais : "mais c'est pas du tout un argument valable !" O_o
C'est l'argument que je réfute, pas l'idée !
Par rapport à cette idée :
Est-il possible d'avoir un critère politique de décision qui puisse être universel et inconstestable ?" pour pouvoir donc prendre la meilleure décision. Et ça, c'est quand même un vrai problème (et je pense sincèrement que la réponse est "non")
Pour moi aussi, la réponse est non, et la réponse
doit être non, selon moi : on doit se poser des questions, réfléchir, critiquer, et
ne pas se réfugier derrière un dogme, quel qu'il soit (coucou les idéologies politiques aussi) pour décider si oui ou non une idée est bonne. C'est pour ça que je réfute totalement l'intrusion du religieux dans ce processus. Pour amener un avis ? Pas de souci. Comme argument ? Non merci.
En fait, dans l'absolu :
peu importe en quoi tu crois ou non, ça n'est pas un argument pertinent dans un débat, ni dans un processus de décision de politique publique. Mais moi ma religion ceci, mais moi mes convictions cela, mais stop : moi, quand je défends l'égalité, ce n'est pas une idéologie. J'ai la conviction que c'est ce qui est juste (c'est une conviction), et je m'emploie à démontrer que traduire cette conviction en politique publique produit des effets bénéfiques pour la société (et ses membres !). Je ne vais jamais répondre "Dieu a créé l'homme à son image, et la femme à partir de l'homme, donc la femme est aussi à l'image de Dieu, donc Dieu a voulu l'égalité." Ce n'est pas un argument, c'est hors sujet !
Et donc, en ce qui me concerne, pour le débat qui nous occupe :
peu importe en quoi moi, je crois ou je ne crois pas. C'est hors sujet aussi ! Je ne m'exprime pas « en tant qu'athée » (j'ai pris ma carte dans ce parti, c'est combien la cotisation ?
)
Du coup :
Athée : Qui nie l'existence de Dieu.
Irréligieux : Qui n'a pas de religion; plus fréquemment qui conteste ou défie la religion.
Incroyant : Qui n'a pas la foi religieuse.
Agnostique : Partisan de l'agnosticisme (Doctrine qui considère que l'absolu est inaccessible à l'esprit humain et qui préconise le refus de toute solution aux problèmes métaphysiques.), qui n'affirme ni ne réfute.
Déiste : Doctrine religieuse qui rejette toute révélation et ne croit qu'à l'existence d'un Dieu comme cause du monde et à la religion naturelle.
(Pour agnostique et déiste c'est le larousse, parce que les définitions du cnrtl ne sont pas très limpides)
Peu importe quelle étiquette je prends, ce n'est en fonction d'une doctrine que je m'exprime. Tout comme avoir une couleur politique ne m'empêche pas de critiquer tel ou tel projet, ni d'ailleurs de reconnaître les bonnes idées qui naissent dans un parti dont je me méfie (même si le jour où le FN propose une "bonne idée" n'est toujours pas arrivé, hein
)
TL;DR : ce n'est pas parce qu'une parole est religieuse qu'elle n'a pas droit de citée dans le débat public. Et
ce n'est pas parce qu'une parole est religieuse qu'elle doit être respectée ou écoutée dans le débat public. Ce n'est pas un argument !