@Clemence Bodoc ok je comprends mieux. Mais je ne vois toujours pas le lien avec la laïcité ... ou avec la loi de 1905. Enfin on ne parle peut-être pas de la même chose : si on s'en tient à la loi de 1905, le fait que l'Eglise pèse sur l'opinion publique pour faire reculer les libertés individuelles et les droits des femmes n'est pas illégal. La laïcité maintenant, serait donc si je suis vos commentaires, d'interdire au religieux de s'exprimer sur la politique ? Mais est-ce possible ou souhaitable ?
J'ai l'impression qu'il faut distinguer trois choses : les discours tenus par les représentants religieux d'une part, les organes de lobbying et de pression qui peuvent exister d'autre part, et enfin les raisons pour lesquelles nos politiques votent comme illes le font.
Sur ce dernier point, et ça rejoint ce que tu dis sur "les arguments rationnels qu'on peut contrer dans un débat démocratique", il me semble qu'il y a peut-être deux enjeux : convaincre l'adversaire, et là ça va surtout dépendre de l'adversaire (est-ce qu'ille veut ou pas être convaincu-e, quels sont SES règles de débat, qu'est qu'ille admet comme un argument valide, etc.), et ensuite convaincre l'auditoire, et là pour moi on a deux cas de figures à nouveau.
1. l'auditoire considère que les arguments "rationnels" contre les arguments avancés par les religieux,
2. l'auditoire n'est pas sensible aux arguments "rationnels", ou considère que les arguments avancés par les religieux prévalent sur ces arguments.
Donc en fait pour moi rien ne t'empêche de contrer des arguments d'ordre religieux par des arguments rationnels, même si ça ne sera pas un contre direct, mais d'une manière générale dans le débat, et ensuite que ça va surtout dépendre de l'auditoire, qui va pencher d'un côté ou de l'autre selon si les arguments d'ordre religueux prévalent sur les arguments d'ordre rationnel. Pour moi c'est aussi ça la démocratie, c'est à dire accepter que les raisons de l'autre, aussi inacceptable qu'elle puissent être pour soi, sont valide et que son choix le soit aussi. En somme j'ai l'impression que pour lutter contre ça, à savoir que le débat public soit neutre du point de vue des arguments religieux, il faudrait interdire les prises de paroles des religieux sur des enjeux sociétaux. Ce qui poserait bien sûr le problème de la liberté d'expression, d'autant plus dans une société qui brandit le droit au blasphème comme un symbole national, mais aussi ce qui je crois pose d'une façon plus général la question de "qu'est ce qu'un argument rationnel" ? A partir de quand on considère que les déclarations de nos politiques, à base de valeurs et de principes (la République, la Nation, la laïcité), sont rationnels, argumentés, et sont contrables par des arguments rationnels ? Je ne parle pas de la République ou la laïcité comme systèmes, outils, lois, mais bien comme valeurs placées comme supérieures à toutes autres, érigées en symboles, et justifiant derrière le même niveau d'arbitraire : "je crois en la République, donc je vous demande de voter cette loi. Vous ne votez pas ma loi, vous êtes anti-républicain" VS "je crois en Dieu, donc je vous demande de voter cette loi. Vous ne votez pas ma loi, c'est que vous êtes anti-Dieu".
elle pèse de tout son poids pour retarder (avec succès) l'adoption d'une loi sur l'euthanasie alors que plus de 80% des Français sont pour.
Ah d'accord, ça je ne savais pas : donc par quels moyens politiques elle fait ça ? Et est-ce que ça relève de la laïcité, au sens où moi je l'entend, c'est à dire d'un manque de séparation entre l'Eglise et l'Etat ?