Je viens de lire les messages postés ici depuis une dizaine de jours et il y a un truc que je ne pige pas trop dans cette histoire d'arguments fondés sur des valeurs religieuses. C't'un peu compliqué dans ma tête mais je vais essayer de faire clair (retour après écriture du post : désolée pour le pavé ...).
Déjà, je pense qu'on est d'accord pour dire qu'en France, un.e député.e qui se ramène et qui dit "nous devons faire passer telle mesure car Dieu l'a dit" a quand même des chances de se faire pas très bien recevoir. Du coup ceux qui y croient avancent d'autres arguments : valeurs culturelles, valeurs sociales, valeurs républicaines etc. qui sont quant à elles un peu plus recevables dans le débat public actuel (mais finalement pas tant que ça je pense). A la fin ça revient au même. Absolument tout argument repose sur des valeurs, quel que soit le nom qu'on leur donne. Et en plus le "religieux" ne veut rien dire en soi, c'est un ensemble de valeurs d'ordres divers qui ont régi de manière dominante la société pendant longtemps (et qui, comme ça a été montré, ne s'opposent pas nécessairement au progrès social).
Mais, des valeurs, ce ne sont rien de plus que des hypothèses auxquelles les gens choisissent de croire ou non et on croit tous à un jeu d'hypothèses qui nous permettent de nous positionner politiquement (et socialement). Donc en fait, voilà ma question : pourquoi singulariser les "valeurs religieuses" ?
Je vais prendre un contre-exemple : la nouvelle réforme du droit du travail proposée s'inscrit dans le libéralisme qui est une idéologie reposant sur la croyance (absolument jamais démontrée) que le marché non régulé peut mener à un équilibre économique satisfaisant tout le monde. Les arguments qui sont donnés par le gouvernement pour la défendre reposent donc sur ce système de valeur hyper dominant aujourd'hui et personne ne vient pourtant dire dans les débats "je ne peux recevoir tes arguments parce que tu es un libéral, tes arguments reposent donc sur des valeurs irrationnelles". Et pourtant c'est le cas.
Si on veut le dire autrement, c'est quand même bizarre que les derniers gouvernements se soient largement opposés au développement de valeurs religieuses jugées irrationnelles dans le débat politique mais se vautrent gentiment dans le libéralisme qui, lui, serait tout à fait rationnel ..? Il y a une explication assez simple à ça, je pense : le libéralisme sert les intérêts des dominants en place (qui donnent des sousous aux partis) tandis que les religieux sont déclinants en France sur le plan économique (ils font que réclamer des sous). En gros, ceux qui profitent du libéralisme ont tout intérêt à ce que les valeurs religieuses tombent dans l'oubli pour qu'elles soient remplacées par les leurs (même si on peut avoir de belles (non) coalitions entre les deux comme aux Etats-Unis) et du coup les gouvernements qui dépendent d'eux aussi.
Donc pour moi le fait qu'on singularise une personne comme étant religieuse pour dire que ses arguments sont irrecevables sur certains sujets est un mécanisme de reproduction du système dominant de valeur (qui dans notre pays aujourd'hui n'est pas religieux) : on juge que certaines valeurs sont irrationnelles tandis que celles qui servent les intérêts des dominants sont jugées tout à fait rationnelles. Il pourrait y avoir un renversement de situation mais ça ne me semble clairement pas à l'ordre du jour ...
Alors je sais pas du tout si mon analyse est bonne mais elle m'a au moins permis de comprendre ce que je pensais