Le discours dominant sur les crimes policiers et les attentats est révélateur d'une société structurée en profondeur par le racisme (et son déni). Quand un Noir ou un Arabe est tué par la police, les tenants du statu quo racial vous expliquent que la personne tuée l'a été non à cause de ce qu'elle EST (racisée, habitante de quartier, etc.), mais à cause de ce qu'elle a FAIT (une activité décrite comme "délinquante"). C'est comme ça qu'après chaque crime policier, procureur, syndicats de police, cabinets du préfet, et médias salissent systématiquement la victime et exhument son passé pour dédouaner les meurtriers et prouver que le défunt l'a d'une certaine manière bien cherché. C'est le fameux "il n'y a pas de fumée sans feu".
Par contre, quand la France est la cible d'attentats perpétrés par des personnes en lien avec une organisation politique (on peut ou non la qualifier de "terroriste" mais elle reste néanmoins politique), là les idéologues du statu quo néo-colonial, impérial, vous expliquent que la France n'est pas attaquée pour ce qu'elle FAIT (soutien à des dictatures, interventions militaires et meurtres massifs de civils), mais bien pour ce qu'elle EST. Le fameux "il n'y a pas de fumée sans feu" laisse place à un "nous sommes face à un feu sans fumée". L'idéologie, disait le vieux père Marx, c'est l'image inversée du réel. Nous sommes en plein dedans.
- Etat d'Exception