songi-songi;4518756 a dit :
Sinon, l'une d'entre vous pourrait répondre (si envie, temps bien sur) à @Ailurus sur son dernier post ? Car je me pose plus ou moins les mêmes questions (oui j'ai toujours du mal avec ce concept (mais j'essaye, hein
)
J'avoue que je n'avais pas envie de relancer le débat, et j'avais espéré que quelqu'un d'autre répondrait. Oh well.
ailurus;4508307 a dit :
Du coup, j'ai une question, très naïve. Je n'avais jamais réfléchi à ce point. Mais alors où s'arrête la "moquerie"? Parce que par exemple, je suis rousse, quand quelqu'un se déguise en Fifi Brindacier et se teint en rousse, est-ce une insulte pour les roux? (Alors, oui je sais le racisme vient avec tout le contexte culturel et historique mais c'est pour faire un parallèle)
Tu as répondu toi-même à ta question. Sortir le racisme du contexte historique et culturel, ce n'est tout simplement pas possible. Si les roux avaient été persécutés, et l'étaient encore, dans notre société, alors oui, quelqu'un qui se déguiserait en rousse, ça pourrait être choquant. Alors, certains vont dire que des roux ont été brûlés au Moyen-Âge pour sorcellerie, ou qu'aujourd'hui encore, certaines personnes pensent que les rousses "sentent fort" ou autres préjugés débiles... Mais ces préjugés n'ont pas d'impact sur ta vie quotidienne. Personne ne va modifier son comportement parce que tu es rousse.
ailurus;4508307 a dit :
Parce que vraiment se déguiser en une personnalité noire/indienne/brésilienne/blanche/etc et vouloir y ressembler le plus possible et donc couleur de peau/cheveux inclus, ça ne m'avait jamais semblé bizarre en fait.
Eh bien, il y a un début à tout !
ailurus;4508307 a dit :
Par exemple, [... je ne cite pas les anecdotes puisque tu l'as demandé, mais je vais y répondre]
Alors, où est la différence? Est-ce que parce qu'on connait ces gens-là précisément et donc on sait qu'ils ne seront pas vexés?
Vraiment, je suis désolée si je m'exprime mal mais j'ai un peu du mal de comprendre où est la limite, en fait.
Ce n'est pas parce qu'une personne noire réagit bien face à un acte raciste, parce qu'une femme rit à une blague sexiste, etc, que l'acte ou la blague n'est pas problématique pour autant.
Il faut laisser tomber à tout jamais l'argument "je connais quelqu'un [insérer ici un groupe opprimé] que ça ne dérange pas, donc je pense qu'il n'y a pas de problème". Puisqu'on parle du blackface, je rappelle que les personnes noires ne sont pas un ensemble homogène de gens qui pensent tous pareil. Donc, évidemment, il y a certaines choses, certains actes, certaines paroles, qui ne choqueront pas certains. De la même façon que je riais aux blagues sexistes quand j'étais plus jeune. Est-ce que ça veut dire que ce n'était pas sexiste ? Pas du tout.
Si tu te demandes si telle ou telle chose est raciste ou pas, tu as deux options : soit te renseigner, lire des articles écrits par des personnes concernées, sans t'arrêter à UNE opinion qui t'arrange (et dans le cas du blackface,
pas besoin de fouiller longtemps pour voir que c'est raciste), soit... dans le doute, s'abstenir. Ça me semble simple et efficace. Si tu penses qu'il y a un risque de blesser des gens, tu évites. C'est aussi simple que ça.
Seulement, certaines personnes (en l'occurrence, la journaliste d'Elle) ne prennent même pas le temps de cette réflexion ("est-ce que me grimer en noire peut choquer ou blesser des personnes noires ?") ou bien l'ont fait, mais ont décidé de passer outre cette question parce que leur idée leur plaisait trop ("tant pis, si y en a que ça blesse, je m'en fous, c'est moins important que le fait de m'amuser").
ailurus;4508307 a dit :
Je suis loin d'être raciste, mon père le subissant énormément, j'en suis très sensible, mais là j'ai l'impression que c'est un peu se compliquer la vie pour rien.
Oui,
c'est compliqué de ne pas dire ou faire de choses racistes, parce qu'on vit dans une société raciste, qu'on baigne dans une idéologie raciste, et que le propre même d'une société raciste, c'est d'effacer le racisme, de le rendre invisible, normal, acceptable, pas si grave.
Mais, ayant mon privilège de blanche qui me permet d'éviter TOUTES les conséquences négatives du racisme, je trouve que c'est la moindre des choses d'accepter de me "compliquer la vie" en essayant de ne pas faire davantage de mal à ceux qui le vivent au quotidien.
Parce que dire "je suis loin d'être raciste", quand on y réfléchit, ça ne veut pas dire grand chose. Être raciste, ce n'est pas binaire - ce n'est pas "
on l'est ou on ne l'est pas". Il y a mille nuances de racisme, mille formes différentes, mille manifestations différentes. Et penser "moi, je ne le suis pas", ça évite de se remettre en cause. Ça permet de penser que quoiqu'on fasse, ça n'est pas raciste puisqu'on ne l'est pas. Or ça ne marche pas comme ça - même l'anti-raciste le plus engagé peut toujours déraper, dire ou faire quelque chose de raciste sans penser à mal.
Sortir de cette vision binaire du racisme, et se remettre soi-même en question, c'est bien plus utile que de pointer du doigt le racisme le plus primaire en disant "regardez, moi je trouve ceci raciste, donc je ne le suis pas moi-même".