i-love-you;4877112 a dit :
Je pense qu'on peut très bien combattre le racisme sans considérer qu'il y a des races. Je ne vois même pas pourquoi le fait d'ignorer la race veut forcément dire qu'on voudrait nier le racisme, en tout cas ce n'est pas mon cas.
Je rappelle que la race est un concept que les WASP et les racistes Blancs ont crée de toute pièce pour justement établir et justifier le concept du racisme donc il est hors de question pour moi de leur donner raison en reprenant cette appellation clairement raciste et racialiste.
Là je te suis . Malgré ma volonté de vouloir étudier les rapports raciaux de manière plus appronfondie, j’ai aussi beaucoup de mal avec le concept de race. Je ne l’utilise que dans le sens sociologique, mais il est évident que ce mot est trop lourdement chargé par une vision essentialiste qui a donné lieu à de très graves conséquences…. Miss Machine la dit aussi dans son dernier post, et je vous rejoins sur ce rapport problématique avec ce mot.
Je sais aussi que des études avec d’ethno-perception se font en France, et que ça donne des bons résultats d’étude, mais pas suffisamment.
Cf ce lien :
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/539164-les-statistiques-ethniques-interdites-en-france-une-belle-hypocrisie.html
i-love-you;4877112 a dit :
Je suis très contente qu'en France on refuse cette notion. Je suis très contente aussi qu'on ne fasse pas de statistiques "ethniques" et j'espère que cela restera comme ça.
Les statistiques ethniques ne sont qu’un outil statistique, c’est outil statistique qui n’est en aucun cas responsable de ce pour quoi on l’utilise.
Le refus de le faire en France est lié au lourd passif des statistiques ethniques durant la seconde guerre mondiale, et depuis on ne veut surtout pas entendre parler. Les statistiques ethniques sous Vichy n’étaient pas responsables des déportations des populations visées. C’est les politiques racialistes antisémites de l’époque qui sont à l’origine de ces déportations et tueries
De même, des stats ethniques ont été largement utilisés dans les colonies françaises jusque dans les années 50, jusqu’à l’indépendance des dites colonies.
Donc c'est pas qu'on en a jamais fait, c'est qu'on a arrêté d'en faire.
Par contre, que les politiques ont peur à nouveau d’utiliser des stats ethniques en donnant comme argument que c’est pour éviter de refaire comme en 40 , ça me fait carrément peur puisque n’élude pas le fait que les structures de pensées qui ont amené les politiques racialistes de l’époque n’ont peut-être pas complètement disparue et que plutôt que de les combattre, on préfère encore une fois faire l’autruche en n’utilisant pas un outil qui les révéleraient.
Pour éviter la manipulation néfaste on enterre l'outil.
C'est une tactique prudente, mais ça revient à interdire les couteaux sous prétexte que l'on peut tuer avec.
Par contre, il est très possible qu’on ait effectivement mis en place les stats ethnique pour des raisons racistes « à la base » et que la prise en compte de cette origine raciste est un frein réel et légitime à la réutilisation de cet outil. Je pense notamment aux Etats-Unis où la politique de ségrégation impliquant forcément des statistiques ethniques dans le but de mettre en place cette ségrégation.
Effectivement, on ne peut pas ignorer que les premières stats raciales et ethniques n'étaient pas faites dans le but d'étude universitaire mais bien de mise en place de politique ségrégationniste et racistes.
Je déplore néanmoins tous les fantasmes autour des différentes ethnies en France,
-dans un cas serions tellement minoritaires qu’on ne compterait pas : donc pas la peine de parler de nous, pas la peine de nous représenter médiatiquement.
« han c’est pas la peine de se vexer, y a statistiquement moins de non-blanc que de blancs ».
D’où tu les sors tes stats, justement ?
-et dans l’autre on nous donne l’impression que nous avons envahi la France : donc gros danger à combattre contre « la perte des valeurs culturelles chrétiennes françaises » (j’adore quand ils veulent soi-disant protéger la laïcité en rappelant les origines chrétiennes française…) et des belles phrases comme « retournes d’où tu viens » … (euh je viens de Paris, connard, ça reste la France ducon)
Mais tu sais ta position sur les stats ethniques je l’ai eu aussi. J’ai juste un peu changé d’opinion là-dessus.
Et je ne suis plus radicalement contre.
i-love-you;4877112 a dit :
Je suis très contente aussi qu'on n'ait pas cette espèce d'obsession à vouloir trouver des noms pour tous comme le selfie qui existe depuis les skyblogs.
C’est un détail dans ton texte, mais euh je ne trouve pas qu’on ne soit pas « obsédé » là-dessus. On trouve des noms à tous les phénomènes de mode. Après c’est possible qu’on reprenne plutôt des mots anglais en fait.
En tout cas, ce besoin de nommer les choses, je le retrouve en France.
i-love-you;4877112 a dit :
En fait, je ne comprends même pas qu'on veuille prendre pour modèle les Américains et encore plus dans le contexte actuel.
Ce n’est pas tellement que je veuille prendre les Américains pour modèle, leur histoire et leur rapport raciaux sont trop différents des nôtres pour être calqués. De même il se passe toujours des choses très graves, avec un racisme systémique très grave. Evidemment qu’il ne faut pas prendre ça en modèle ^^ ::
Par contre j’admire en partie leur prise de conscience et leur combat, surtout de la part des dominés, et ce, malgré tout ce côté néo-libéral que je n’aime pas non plus.
Je me dis parfois que l’antiracisme en France est surtout le combat des blancs. Peut-être parce qu’il n’y a pas assez de gens issu des minorités au gouvernement.
Et j’aimerais bien que nous autres nous soyons plus solidaires plus cohérent politiquement pour en parler et faire entendre notre voix.
Le fait de laisser la question du règlement de l’anti-racisme aux blancs nous est désavantageuse, car c’est finalement *eux* qui décide de ce qui est raciste ou non, de ce qui est un racisme acceptable ou non.
Et ça ce n’est pas possible dans la stratégie de lutte antiraciste, ni politiquement, ni même acceptable dans une optique intellectuelle.
Au final c’est les blancs qui invente le mot race, et c’est eux qui nous dise ce qui est raciste ou non.
Et nous, qu’est-ce qu’on fait ?
Soit on se réapproprie le langage en le déconstruisant, soit on délimite exactement nos récriminations et on commence à faire bouger les choses, systématiquement, à chaque fois qu’on nous parle mal.
J’ai eu ce problème de discussion sur un fil FB, avec en fond l’histoire du Blackface auquel se sont adonné des fonctionnaires français. J’ai quand même eu droit à 3 personnes blanches qui étaient en train de m’expliquer que ce n’était pas raciste et que se focaliser là-dessus, ça évité de parler « des vrais problèmes de racisme ».
Typique ! Un blanc qui t’explique que tu es trop naze d’être choquée par ça, et que y a d’autre chose pour lesquelles lui accepte que je sois choquée, et que là il est d’accord pour combattre avec toi.
J’adore discuter avec des faux anti-racistes…
i-love-you;4877112 a dit :
Toutes ces recherches sur la "race", j'ai l'impression que c'est plus pour le plaisir d'intellectualiser des concepts et de noircir, c'est le cas de le dire, du papier pour ensuite vendre des bouquins (un vrai business là-bas) plutôt que de faire réellement bouger la situation des opprimés.
La recherche pour la recherche, désolée, ce n'est pas ma tasse de thé.
J’entends ce que tu dis et je le comprends en partie…. Cependant, je ne vois pas non plus comment prendre en compte la réalité des dominés si l’on ne nomme pas justement les problèmes spécifiques des minorités.
Apporter un nom à une exploitation, une domination c’est aussi la reconnaitre pour ce qu’elle est.
Ne pas lui donner de nom, c’est l’invisibilisés et la laisser dans un flou global sous le terme « discriminations », si l’on s’entend au moins pour la mettre dans la discrimination.
Après, on est d’accord que la branlette intellectuelle ça ne sert à rien à part satisfaire un égo personnel.
i-love-you;4877112 a dit :
En plus, en France, on a aussi de très bons chercheurs. Notre problème, c'est plus l'accessibilité à l'information, ce qui ne veut pas dire qu'elle n'existe pas. Mais j'ai l'impression qu'ici, on a toujours cette mentalité du "l'herbe est plus verte ailleurs", alors qu'en fait non. C'est juste que les Américains sont très bons en communication et qu'ils nous on fait un lavage de cerveau depuis qu'on est gamin pour nous faire croire que chez eux c'est mieux que chez nous. Alors qu'objectivement, il vaut mieux être un homme Noir en France qu'aux Etats-Unis.
Oula, te méprends pas… je t’assure que je préfère largement vivre en France qu’aux States, surtout depuis 2001, en tant qu’arabe !
Pour le brainswashing, ouais ça existe, mais comptes aussi un peu sur les gens pour faire la part des choses. La propagande du soft power n’est pas exempte de bel exemple de lucidité.
J’ai vu Racines à 12 ans, j’en ai pleuré ma race (comme on disait à l’époque !) et j’ai étudié, à titre personnel (pas à la fac), l’histoire des afro-américains, majoritairement en Français, mais aussi de source anglo-saxonne…. Et ça t’ouvres carrément les yeux sur les Etats-Unis. Donc non, je ne risque pas d’imaginer que « c’est mieux là-bas ».
Des docus très populaires comme Bowling for Colombine ont aussi été plebiscité et visionné à l’étranger et ne donnent pas une « belle » image des states, mais une image lucide sur la peur et la paranoïa présente dans la culture américaine.
Il ne faut pas non plus tomber dans l’anti-américanisme primaire, il y a de très mauvaises choses aux states, mais il y a aussi de belles choses dont nous pouvons nous inspirer.
Sinon ouais, problème d’accessibilité et de diffusion et surtout d’apprentissage à l’école !
Pour l’accessibilité, heureusement il y a Internet ! Parce que si on comptait sur la vulgarisation dans les médias, on tournerait en rond.
Pour l’apprentissage à l’école : okay on apprend la Shoah, mais on laisse encore parler des connards négationnistes parler dans les médias. Et puis le Code Noir et celui de l’Indigénat, on n’en entend pas parler. Les tenants du « ça suffit la repentance » sont des sales hypocrites, sur la colonisation et l’esclavage on s’est pas repentit des masses.
#sarcasme.
On apprend « la perte de l’Algérie Française ».. oh la la quel traumatisme. Et on finit par proposer de parler du rôle positif de la France en Algérie...
Mais sinon l’esclavage et la colonisation, ce n’est pas la peine d’en parler, ça n’a duré que quelques siècles, ce n’est pas grave puisque ce n’était pas un traumatisme pour la France, bien au contraire, ça n’a fait qu’enrichir la France, hein.
Du coup, t’as plein de gens qui croient qu’on est arrivé ici « par hasard » , des enfants d’origine étrangère inclus, et que nos ancêtres à juste rien à voir avec l’histoire de France, qu’on est « illégitime » à être ici, indépendamment de l’utilisation de nos ancêtres comme ressources humaines économiques ou militaires.
Va dans une école et questionne les gosses sur la relation entre la France et leur pays d’origine, tu seras dépité par le niveau de connaissances et les conséquences que cela a sur lui.
On n’est pas dans l’étude élitiste déconnectée des réalités là, on est dans la réappropriation de notre histoire, telle qu’elle devrait être enseignée *objectivement* et non d’un point de vue purement dominant.
Et c’est là un cas purement français, lié à l’histoire de France, et non un quelconque cas copié des Américains.
i-love-you;4877112 a dit :
Je pense que nous sommes capables de trouver notre propre modèle pour combattre le racisme et le sexisme sans les copier, surtout qu'ils sont encore une fois très mal placés pour nous donner des leçons.
C’est sûr, et c’est tout ce que je demande. Le faire à notre manière. Mais en arrêtant de fermer les yeux et faire l’autruche.
i-love-you;4877112 a dit :
Je suis une personne pragmatique qui s'inspire de ce qui fonctionne. Leur modèle pour moi ne fonctionne pas. J'ai même l'impression que cette différenciation aggrave les problèmes. Donc désolée mais non, j'en veux pas.
Je ne sais pas si c’est cette différenciation qui aggrave les problèmes ou si c’est ces graves problèmes ont amené à cette différenciation.
L’histoire de l’esclavage aux Etats-Unis et de la ségrégation explique énormément la différenciation raciale aux Etats-Unis.
En France, j’ai plutôt l’impression que ce désir de non-différenciation est lié au désir de négation de l’histoire passée. Tant qu’on ne parlera pas des problèmes passés, on peut continuer à faire semblant qu’on a toujours été égaux. Tant qu’on oubliera de faire connaître toutes les fois où nous n’avons pas été raccord avec notre devise républicaine, on peut continuer de faire croire que tout va bien et qu’elle n’a jamais été entachée.
C’est plus cette hypocrisie latente que je dénonce, personnellement.
I-love-you , tu parlais du brainwashing américain, mais nous aussi nous avons un brainwashing bien typique. Le mythe de la méritocratie en est un bel exemple, le fait de faire l’autruche sur les faits historique en est un autre.
Personnellement, j’ai beaucoup de ressentiment face à ce silence.
De même est-ce que parler d’un problème à tendance à le renforcer ou a t’il vocation à l’améliorer ?
L’influence des médias est aussi importante de ce côté-là, et la façon dont elle aborde, rapporte certains fait peut être aussi bénéfiques que préjudiciables à la paix civile.
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i-love-you;4877112 a dit :
Je suis écœurée des propos d'Eric Zemmour fidèle à lui-même. En tout cas, il est la preuve qu'on peut être pro-intégration et pro-race en même temps. Et ça se dit républicain…
J’avais fait un post sur zemmour il y a un mois ou deux, effectivement il est pro-race, mais il n’est pas pro-intégration. Il n’arrête pas de parler des ethnies, des pays d’origines, voire des races, mais il le fait quasiment au sens essentialistes du terme, ou du moins il ne fait tout pour entretenir la confusion sur ces termes, car il mélange sans arrêt dans ses discours, nationalité et culture et ethnie.
Il n’est pro-race que parce que ce discours lui permet de dire que l’intégration ne marche pas.
Il est dans une illusion encore une fois, en disant que l’assimilation à la française ne marche plus… comme si il avait marché un jour.
Faut-il lui rappeler les actes antisémites institutionnalisé depuis le 19e jusqu’à la seconde guerre mondiale, faut-il lui rappeler le Code Noir et Indigène ? Faut-il lui rappeler les difficultés d’intégration des premiers Espagnols, Italiens et Portugais au début du 20e s ? Va discuter avec un vieux Corse qui a fait la seconde guerre mondiale pour t’expliquer qu’il a été considéré comme un français pas comme les autres en 1940.
Mais non d’après lui * avant* tout allait bien, c’est juste la dernière vague qui fonctionne pas. Ben voyons.
Une belle illusion, une belle caricature d’Epinal que ce pseudo républicain.
Il passe son temps à taper sur la gauche « bobo fleur-bleue » mais il délire tout autant sur le passé de la France.
En même temps on a commencé à s’intéresser à l'histoire de l'immigration que dans les années 80-90 .
Avant ça, c'était le silence radio.