Veille permanente racisme, xénophobie...

[Vekahere]

Je suis tombée sur un encart qui parle d'une projection-débat ce soir dans le 15e (à 19h), "Semaine anticoloniale, projection-débat : Maurice Audin, la disprition, de François Demerlac, au centre culturel algérien, 171 rue de la croix-nivert" pour celles que ça pourrait interesser.

Il y avait aussi le salon anticolonial à la belleviloise ce week end : leur site, et je vois qu'ils ont un listing des evenements en ile de france pour la semaine -qui dure plus d'une semaine !- anti-coloniale, en fait il y a pas mal d'events ! Par exemple "Colloque : Notre Histoire n’est pas un roman" samedi prochain)

 

[Anna Stesia]

Je suis à la recherche de ressources sur l'exploitation intellectuelle des populations opprimées par leurs opresseurs dans le cadre des luttes des premiers (la pédagogie réclamée mais aussi la façon dont les vécus sont exploités pour permettre au groupe dominant de devenir la source du savoir). Si vous aviez des ressources à ce sujet, cela m'intéresse.

Et je vous invite à lire le second numéro de la revue Assiégé.e.s. @Allitché L'article sur la nationalité devrait permettre d'approfondir la conversation que nous avions eu ici à ce sujet il y a quelques mois.

 

[TrustMe I'm a (al)chemist]

Bonjour ! Tout d'abord, je tiens à m'excuser : je n'ai pas la force pour le moment de lire 712 pages de commentaires (un jour peut-être ^_^) et la question a sans doute déjà été posée, donc je vous remercie de vos réponses par avance.

Voilà, j'ai un peu cherché sur internet, mais ce n'est pas très fructueux : quelle est la différence entre les termes "racialisation" et "racisation" ?

Pour le moment, j''ai trouvé ça :

"[...] Peut-être la notion de racialisation est-elle plus restrictive que celle de racisation et traite-t-elle plus directement de la construction sociale des groupes raciaux, au sens courant des typologies raciales, que la notion de racisation, plus extensive. [...]"
« Ethnicisation, racisation, racialisation: une introduction », Jean-Luc PRIMON, maître de conférences en sociologie, Unité de recherche « migrations et société » (URMIS), Nice, In Faire Savoirs N°6 – mai 2007

Mais, j'avoue que cela ne me parle pas trop. Pour le moment, ma seule hypothèse est que le terme "racialisation" serait un anglicisme pour "racisation"... Je me demandais donc s'il y avait une réelle différence, si oui laquelle (en termes simples si possible ^_^') ?

Merci encore !

 

[Neverland90]

Je pense que ce site pourrait intéresser certaines madz (si vous ne le connaissiez pas déjà, il y a des tas d'articles intéressants: http://www.lallab.org/

 

[MorganeGirly]

C'est un peu dommage dans l'article qu'il faille pointer le fait qu'il y ait de l'alcool et des jeux pour montrer que c'est moderne (depuis quand suive des préceptes religieux ou pas dénote d'une quelconque modernité? Quid des potes blancs qui ne boivent pas pour des raisons de santé? Genre corrélation n'est pas causalité mais bon hein...)...

Perso, je n'ai pas compris que l'article pointait la présence de l'alcool comme un "signe de modernité" mais plutôt comme un signe que les patrons n'appliquent pas des préceptes religieux sur leurs lieux de travail. Le paragraphe dit ça :

Sur les murs de l’établissement, un peu partout, des affiches publicitaires de grandes marques d’alcool. Derrière le comptoir, comme n’importe quel bar, des tireuses à bière. Au-dessus de la tête du serveur, des verres à vin, à bière et des dizaines de bouteilles d’alcool. Et il y en a pour tous les goûts : Ricard, Martini, Rhum… Sans parler des machines à jeux et des jeux de grattage. Difficile de voir un quelconque lien entre l’établissement et la religion : l’islam proscrit les jeux de hasard et la consommation d’alcool.

En gros c'est parce que le reportage d'origine accusait plus ou moins le bar d'être tenu par des islamistes radicaux ou tout simplement d'imposer l'exclusion des femmes au nom de l'islam. Donc ce passage vise à montrer que les proprios ne s'appuient pas sur l'islam pour gérer le bar, sinon il n'y aurait pas d'alcool ni de jeux PMU. Je ne pense pas qu'il y ait un quelconque jugement positif ou négatif sur la présence de l'alcool (genre c'est cool, ce sont des gens bien, ils vendent de l'alcool) ou sur le fait d'appliquer sa religion dans l'entreprise qu'on gère (genre c'est un mec bien, il ne pratique pas l'islam sur le lieu de travail), c'est juste un constat qui contredit partiellement la thèse vendue par France 2.
Enfin c'est comme ça que je le comprends et ça collerait pas mal avec la ligne édito du Bondy Blog qui est différente des autres médias sur ce genre de question.

Sinon, en fait, vous avez entendu parler de cette vidéo qui a fait le buzz malgré elle? C'est un expert blanc qui parle pendant que sa femme est-asiat' entre en courant et interrompt en quelque sorte l'interview en direct pour rattraper la fille qui fait n'importe quoi derrière (en fait j'ai pas le courage de regarder la vidéo exacte mais c'est à peu près ça le topo).
Devinez combien de gens ont supposé de base que la femme était la "nanny"?

Oui ça m'a choquée aussi. Les premiers commentaires que j'ai vu mentionnait "son épouse", ce qui montre que c'était pas compliqué d'avoir l'info, donc j'ai été un peu surprise de voir des gens présupposer direct que c'était la babysitter, y compris dans les médias...

 

[Ada or ardor]

@Allitché @MorganeGirly : ah moi aussi je n'ai pas vraiment suivi les infos, j'ai juste entendu un brêve à la radio puis la vidéo était dans mes recommandations YouTube et comme ça avait été présenté comme "marrant" j'ai regardé et sans regarder les commentaires j'ai présupposé que c'était la baby-sitter. En fait (je cherche pas à nier l'éventuel racisme dans ma réaction) je pense qu'il y a d'autres élèments qui font que. Déjà la femme fait trentenaire et l'expert tape plutôt dans les 50 (il m'a beaucoup fait penser à Mark Gatiss dans le genre anglais bien posh). Et surtout j'ai perçu de la peur chez elle que je n'ai pas bien comprise (pour moi une employée j'arrive à comprendre sa peur c'est logique, mais pas pour une épouse à ce point là, sauf si le sujet de l'interview est très sérieux / dramatique, et je n'ai pas compris de quoi parlait l'itw) : elle se précipite, elle rampe sur le sol à un moment, en fait c'est pas spécialement drôle . Je pensais que l'expert allait sourire ou que ça allait les faire rire mais pas du tout. Ça fait quand même un peu la femme qui a failli à son devoir de surveiller les enfants 15 secondes et qui panique (peut être que ça s'explique parce qu'elle est surprise et qu'elle a un coup d'adrénaline). Ils ne montrent aucune complicité, lui fait comme si elle était pas là, il regarde sa webcam et dit juste "my apology" à la fin en restant grave tout le long.
Après si l'info était vérifiable et que les journalistes ont dit que c'était la nounou, clairement y'a un problème .

 

[LovelyLexy]

Pour la vidéo, une amie ( qui a des enfants et s'est reconnue dans cette situation) m'a fait remarquer que la femme a le pantalon baissé et était apparemment aux toilettes, peut être que ça a eu une influence sur sa réaction ( réaliser qu'on la voit comme ça sur la webcam)

 

[Eclise]

@Ada or ardor je pense que ce qui se joue derrière c'est bien le stéréotype nanny = non-blanc-he.

Dans ce que tu décrit au final j'ai l'impression que ce sont des mécanismes sexistes qui peuvent avoir lieu dans n'importe quel couple hétéro : la femme est plus jeune que son mari, la femme est responsable des enfants, le travail du mari est primordial (en plus là il est en live sur une chaîne de la BBC), lui ne se retourne pas pour gérer la situation (comme beaucoup de cismecs). Quant à sa peur ou son agitation à récupérer les enfants, il me semble que si ça dénoterait une peur vis à vis de son employeur, ça peut tout aussi bien dénoter une peur vis à vis de son mari. Le type de violence qui peut s'exercer d'un employeur sur une baby sitter qui ferait "mal" son travail, me paraît tout à fait compatible avec le type de violence qui peut s'exercer d'un homme vis à vis de sa femme qui ne s'occuperait pas "bien" de ses enfants : la vie de l'homme ne doit pas être perturbé par "l'intendance", par la gestion des enfants.

Donc pour moi ce que tu décris ne me paraît pas suffisant pour trancher sur le rôle de la femme dans cette situation. Et je ne remets pas en question ton opinion sur pourquoi tu as pensé que c'était la nourrice. Mais pour moi le fait qu'il y ait beaucoup de gens qui aient fait le choix, face à cette situation ambigue, de croire qu'il s'agissait de la nourrice, démontre bien que ce biais raciste est opérant.

 

[AngelTen Richard II]

@Eclise
Après le fait de rester stoïque pendant une interview c'est aussi quelque chose de très anglais (rester flegmatique en toute circonstances) et perso c'est aussi ce que j'ai trouvé drôle dans cette vidéo, ce décalage entre le mec qui reste calme et le bordel derrière. L'humour est aussi dans cet effet de décalage (et l'aspect très "mécanique" du mec) et dans la longue tradition des vidéo-bombs télévisuelles en direct (comme ces mecs qui montrent leurs fesses en arrière-plan lors du commentaire d'une manif par un-e journaliste...).

 

[Eclise]

@AngelTen Richard II la théorie d'une de mes amies FB est que le mec serait en slip (avantages du télétravail).

 

[Ada or ardor]

@Eclise : effectivement je ne peux qu'être d'accord avec toi, je n'avais pas pensé à ça de ce point de vu ! Et @Allitché je pensais aussi à un biais de classe, tu exprimes très bien ce qui me tournait en tête sans que je parvienne à l'exprimer.
Au sujet d'Adichie Kat Blaque a fait une vidéo de réponse ça m'a "soulagée" de voir une réponse constructive (j'avais essayé de lire les commentaires à son deuxième post fb où elle tentait d'expliciter sa pensée). Elle rappelle surtout que les expériences de vie des femmes trans sont diverses et que c'est douloureux de voir des femmes cis énoncer des "vérités générales". Il y a des sous-titres anglais.

 

[Petitpoisvert]

@Ada or ardor @AFRO INSOLENTE ça me fait penser que j'ai vu quand même des commentaires intéressants généraux, dont était "J'aurais espéré que l'intervieweuse ne pose pas la question". C'est vrai que dans l'histoire, les deux intéressées sont cis et parlent d'expériences qui ne les concernent pas donc blâmer seulement Adichie est un peu facile
Je pense surtout que le bon point de Kat Blaque, c'est de rappeler que même nos idoles ne sont pas exempts de biais et profitent d'autres formes de privilèges. (bon évidemment et elle le rappelle elle-même, c'est plus simple pour elle à dire que d'autres). Mais je reste un peu déçue qu'elle n'ait pas réussi à se dire "je dois me taire ici".