Sword;3326123 a dit :
parce que la misère sexuelle est quelque chose que je peux comprendre, de même que la misère affective tout court : les différents témoignages de prostitué-e-s que j'ai pu lire font état de clients qui recherchent avant tout la chaleur humaine, le contact d'un autre être humain pendant quelques minutes (je ne pense pas qu'on soit particulièrement fier-e de payer les services d'un(e) prostitué-e...). Et je ne sais pas si c'est quelque chose qui doit être monnayable, mais il me semble que c'est un réel besoin pour chaque personne, au même titre que d'avoir un toit ou à manger, et que cela peut plonger certains individus dans une grande détresse (femmes ou hommes).
Je suis toujours un peu dubitative face aux témoignages de "putes au grand cœur qui portent toute la misère du monde sur leurs épaules et qui accueillent de gentils clients cabossés par la vie et en mal d'affection" Je ne dis pas que ça n'existe pas, mais je doute que se soit la seule réalité de ce milieu. Je pense par exemple à une Mad qui avait posté des liens vers des forums de clients, et ça faisait frémir. Aucune chaleur humaine, aucune compassion, que des comparaisons de prestations, de tarifs, et un mépris total pour ces femmes. Je pense aussi au tourisme sexuel en Espagne, à Amsterdam, en Thaïlande... les mecs qui voyagent pour s'envoyer des putes le font parce que c'est permis dans d'autres pays, parce que c'est fun et parce que c'est exotique (pour les pauvres diables en mal de chaleur humaine, on repassera).
Ensuite, je ne suis pas d'accord avec toi quand tu dis que ce besoin de sexe et de chaleur humaine équivaut au besoin de manger. On peut vivre sans sexe. On vit peut-être mal, mais on vit. On ne peut pas vivre sans manger, ça c'est un vrai besoin vital, et pour autant, il est interdit de voler pour le satisfaire. Si tu dis que faire l'amour est aussi vital que manger, c'est... la porte ouverte à toutes les fenêtres (haha!). Ca voudrait dire que la "misère sexuelle" pourrait représenter une circonstance atténuante à un viol? (personnellement, c'est une idée qui me fait gerber). En tout cas, en évoquant ce besoin sexuel qui justifierait qu'on se tourne vers des prostituées et qu'on dépénalise la prostitution, on s'approche dangereusement d'un "droit au sexe", et je trouve cette idée très malsaine. Si on pousse le raisonnement jusqu'au bout, ça veut dire quoi? Qu'on peut exiger la garantie de ce droit? A quel prix? Là on ne se place pas du point de vue des prostituées, mais des clients. Ce faisant on expose encore plus les premières et on déresponsabilise les seconds.
VII;3326724 a dit :
La ou je trouve le truc un poil hypocrite c'est justement de dire: "c'est un boulot comme un autre", je veux dire, puisqu'il ne faut aucune qualification technique (a part avoir un trou) pourquoi TOUS les gens qui disent ça NE SE PROSTITUENT PAS?
MERCI de poser la question, ça fait un moment qu'elle me brûle les lèvres. Et comme le disait @
Azeban, si la prostitution devenait un taf comme un autre, est-ce-qu'on le proposerait à Pôle Emploi au gens qui refusent deux offres préalables?
Ensuite je ne supporte plus l'argument qui consiste à comparer la prostitution à d'autres corps de métier où l'on est mis à l'épreuve physiquement (ouvriers, caissier, serveurs, esthéticienne...). Je trouve assez insultant pour ces professions d'être prises en exemple de ce qu'il peut y avoir de plus "avilissant" comme gagne-pain, pour démontrer que dans l'absolu, la prostitution n'est pas pire. Je ne suis bien sûr pas en train de dire que se prostituer est infamant, mais peut-être que ces ouvriers, caissiers, serveurs, esthéticiennes qui n'ont rien demandé à personne, ne s'estiment pas exploités, sont très heureux dans leur boulot et ne l'échangeraient pour rien au monde contre une place sur un trottoir ou dans un bordel.
Au passage,
Pour jouir sans entrave, vive le sexe gratuit! (Rue 89)