Troisième tentative...
En ce moment je lis
Apocalypse bébé de Virginie Despentes. A l'interclasse, un mec viens me demander ce de quoi ça parle et en ayant marre de raconter l'histoire pour la 198563ème fois je lui donne le résumé à lire. Il a bloqué sur "romance lesbienne et ça n'a pas loupé : "Tu es lesbienne ?" suivis du très drôle "ça se voit !" (OLOLROFLMDR). Sur le coup je n'ai fait que lever les yeux au ciel parce que je n'avais pas le temps d'argumenter et que finalement il ne pensait pas à mal (du coup c'est moi qui suis passée pour homophobe parce que "il n'y a pas de honte à être homo, je plaisantais, je suis très open blahblahblah".). Mais :
- Les personnes homosexuelles ne sont pas comme nous, ils se baladent dans la rue avec leur orientation marquée au rose fluo sur le front.
Tiens, cadeau.
- Savoir si je suis lesbienne ou non est super important, car ça déterminera mon identité et expliquera le fait que...
- Je lis des romans LGBT+. Car évidemment, ce genre de livre a été écrit pour cette "communauté" par des gens qui en proviennent. Donc si je lis des romans lesbiennes, c'est parce que je suis lesbienne, CQFD. (Ou pansexuelle, trans, bi, mais ça c'est super rare,
il y a juste quatre ou cinq malade mentaux en France qui s'en réclament).
Je trouve ça triste, car les gens restent dans leur zone de confort, tranquillou, ne lise pas certains livres car ça "ne les concernent pas". Pourtant, ils lisent des romans se passant dans d'autres pays, pour le dépaysement, pour sortir des haibutes... Mais les romances gaies (gays?), quelle idée ! (bisous à la personne qui se trouve plus proche d'un samouraï du XVIIIè que d'une lesbienne parisienne du XXIè).
Or, c'est comme cela que, à mon sens, la lutte contre l'homophobie, le sexisme, le racisme, sera la plus efficace, en multipliant les représentations des "minorités" ni vu ni connu. Genre, le mec qui fait des cascades de ouf, sauve le monde avec un cure dent et rentre dîner avec son mec, avec qui il parlera de tout sauf de leur homosexualité (il ne me semble pas qu'un couple hétérosexuel mangeant ensemble parle d'hétérosexualité...).
J'ai déjà clamé mon amour pour Torchwood, mais c'est vraiment l'une des seules oeuvres de culture pop où le protagoniste est pansexuel et où ce n'est pas signalé en gros, rouge et clignontant "
Attention, il y a des gays, c'est -10 obligé ! ".
Sérieux. A la FNAC il y a même un rayon (une étagère...) spéciale Romance Gay (gaie ?)/ Lesbienne, comme si ce n'était pas un amour normal. D'ailleurs, il est juste en dessous du rayon de... fictions érotiques
.
Bon, ce n'est pas du pure féminisme (quoique, on peut le mettre en lien avec la séparation des sexes et la sous représentations des femmes dans la culture pop), mais vu que le forum est plutôt LGBT+ Friendly...
Sinon, ma mère achète souvent des magazines people, et dans deux d'entre eux il y a une rubrique sexo.
Dans le premier, c'est généralement une nana qui vient se plaindre des idées farfelues de son mec qui veut faire des trucs de malade ou lit. Sauf qu'elle ne sait pas comment dire non. Pour lire régulièrement le magazine j'en déduis que :
- Ce n'est jamais la femme qui veut tester des trucs. Je n'ai jamais vu un article où la nana voulait mettre un doigt dans l'anus de son copain mais ne savait pas comment lui proposer.
- La fille n'est jamais d'accord. Ce n'est jamais des articles du genre "comment faire un noeud aux barreaux du lit" mais toujours "comment lui faire passer l'envier de nous attacher".
- "Comment faire passer l'envie". Oui, oui, dire non c'est forcément mauvais, ça risque de le blesser et on passe pour frigide. Il faut le guider vers la voie de la sagesse en lui faisant croire que c'est lui qui garde le pouvoir et qui décide.
- Il y a le fameux encart "l'avis des hommes", mais j'y reviendrais car...
Le second magazine consacre une interview entière à trois mecs (trouvés dans la rue ?) qui exposent ce qu'ils aiment au lit ou pas.
- L'article n'interroge que trois garçons mais pourtant le présente comme une vérité général sur les mecs. Genre ce sont les ambassadeurs de l'hômme, ce qui...
- Crée des complexes, car pour répondre aux envie de l'hômme il faut forcément correspondre à ses critères de beauté. Or, ici ce sont les critères d'un mec, donc de tous les mecs (et les termes utilisés ne sont pas les moins méprisants...).
- Crée des inhibitions. Le mec numéro un n'aime pas le sado-masochisme donc adpetes du SMS arrêtez vos conneries, le mec d'abord.
- En effet, le plaisir féminin passe complètement à la trappe. Mec numéro deux raconte comment il a bloqué quand une nana lui a dit des mots crus, que ça ne l'excitait pas du tout. Ok, mais elle ?
D'une manière générale, j'ai du mal avec les articles qui demandent l'avis des mecs sur ce que font les femmes. Dans ce cas présent, on dirait vraiment qu'il y a une "bonne façon de baiser". De plus, cela renforce l'idée que les hommes sont totalement différents des femmes (dans le Cosmo UK il y a même une rubrique "Inside Men's Brain", pour comprendre cette espèce étrange...) et que les femmes ne se maquillent/s'habillent/vivent que pour plaire aux hommes.
Ah, et sinon ma meilleure amie m'a déçue. On parlait de féminisme et elle me fait "oui, mais tu vas trop loin dans le féminisme, et puis oui, pour moi une fille qui couche avec beaucoup de gars et qui s'habille court c'est une pute, pour moi une vraie femme doit tout de même avoir une certaine classe".