cleos;4454609 a dit :
@
Irideae @
MamieCaro @
Tessy je suis assez d'accord avec cet article :
http://yagg.com/2013/11/06/causette-se-justifie-sur-ses-55-raisons-de-ne-pas-ceder-a-la-tentation/ (oui bonjour je suis incapable de formuler un avis et je poste un article à la place à chaque fois


)
Personnellement j'ai été aussi très choquée de l'article de Causette, pourtant je connais Causette, je connais le féministe, je connais le thème de la prostitution, j'ai bien compris que ça se voulait ironique... mais ça ne m'a pas empêché d'être choquée. Tout comme certaines travailleuses du sexe, directement concernées, comme j'ai pu voir sur Twitter.
J'ai trouvé ça extrêmement maladroit et leur justification (toujours pas d'excuses...) n'arrange rien, pas un mot sur la transphobie et le racisme, et ils affirment comme une évidence qu'ils ne sont ni pour ni contre quoi que ce soit alors que leur article est clairement abolitionniste.
Enfin bref, qu'ils prennent un peu leurs responsabilités, si autant de leur lectorat a été choqué, et surtout déçu, il est temps de se remettre un peu en question, au lieu de se cacher derrière un "vous n'avez pas compris".
Ah oui là les excuses de Causette sont pires que celles pour l'article à l'eau de rose sur l'histoire de la prof qui couche avec son élève de 13 ans!
C'est encore plus "nan mais les débiles qui critiquent là, vous savez lire ou quoi?" alors que je les trouvais plus diplomates pour l'autre polémique.
Causette, ça a jamais été le coup de foudre de mon côté (parce que moi j'aime bien le côté girly des magazines féminins et que j'ai l'impression que Causette contrairement à MadmoiZelle zappait ces sujets) mais je trouvais ça bien qu'il y ait un magazine féminin un peu original.
Par contre, j'ai toujours trouvé bizarre la méthode du rédac chef de Causette. Même l'idée à l'origine de Causette me fait réfléchir : sa copine et sa soeur trouvaient les magazines féminins nuls, il a vu un marché potentiel dans le vide existant et leur a créé le truc dont elles rêvaient - c'est quoi la démarche militante derrière? le féminisme c'est pour "répondre à un besoin du marché"? si c'était pour sa soeur et sa copine à la base, pourquoi il ne les a pas plutôt encouragées à faire le magazine elles-mêmes au lieu de faire à leur place?
Et sinon, on en avait déjà parlé mais dès qu'un magazine papier à l'air d'aller sur le créneau du féminisme, ce même rédac-chef menace de procès pour plagiat à tout va...
Du coup voilà, je me méfie beaucoup de la posture féministe et j'ai l'impression que ça a fonctionné parce que c'était différent des autres mags dispos qui se ressemblent vraiment de plus en plus un peu tous, pas parce qu'il y avait une équipe très informée des grandes questions du sexisme derrière.
Enfin bref, c'est pour ça que je suis pas hyper surprise de voir qu'ils sont deux à signer le "on est pour", dont lui, et que le reste de la rédaction était elle-même choquée de l'article.
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Sinon @irideae, la blague sur le viol est une de celles qui m'ont le plus fait hallucinée. Déjà parce qu'elle n'avait rien de subtil qui pourrait faire penser "ahah, pas mal! bien vu!".
Ensuite parce que le viol est tellement banalisé exactement de cette manière dans le discours quotidien que ça n'a rien de pertinent chez Causette! Parce que ceux qui parlent du viol comme d'un truc de routine, sans forcément penser au premier degré, à toutes les sauces, parce que ça imprègne la société, pourraient parler comme ça (quand une ado souhaite à une copine d'être violée parce qu'elle la saoule, ou qu'un mec clame que son pote devrait violer pour ne plus être puceau etc., c'est pas vraiment ce qu'ils pensent mais ça participe à une mentalité générale). Comment tu peux distinguer l'ironie d'une phrase banalisée qui est trop rarement pointée comme un dangereux cliché?
Et puis justement, la démarche de Causette n'était pas claire dans cette phrase : s'ils associent la prostitution à du viol, c'est pas de l'ironie de parler d'aller violer une femme, c'est sincère. Mais encourager à aller vraiment violer c'est pas sincère. Alors la moitié de la phrase est sincère, l'autre non?
Pour moi c'est un humour hyper confus que de danser sur un pied puis sur l'autre comme ça. Or quand tu veux faire du l'ironie, il ne doit y avoir aucune ambigüité sur tes intentions puisqu'il s'agit de dire le contraire de ce que tu penses et que les autres comprennent parfaitement que tu dis une chose et penses une autre. L'effet ironique tombe à plat si les autres ne comprennent pas parce que tu n'es pas limpide.
Et c'est un effet de confusion renforcée par le fait que l'article est sorti avec un titre qui ne disait pas "pour vous lectrices de causette" ou "pour vos mecs" ou "pour votre voisin pervers" mais "pour vous messieurs". Donc il s'adressait au moins pour l'effet de style à des hommes qui ne lisent probablement pas Causette et connaissent encore moins les intentions du magazine que les lectrices qui ont été choquées.
EDIT: Il y a une commentatrice sur Facebook qui explique assez bien un des aspects, je trouve :
Passez une soirée avec des masculinistes, des sexistes, des anti-féministes, des Zemmour and co. Lorsque vous les aurez entendu 72 000 fois dire "ahah plutôt que me payer une pute je préfère violer une femme c'est moins cher, humour évidemment, second degré" Peut-être que vous comprendrez le problème.
Oui, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde. J'accepte de rire du viol et du sexisme, mais je refuse de rire AVEC les violeurs et les sexistes. Reprendre leurs blagues avec la même forme c'est rire avec eux.