Et en plus, si on parle d'une BD en plusieurs volumes, d'une saga ou d'une série : l'un des intérêts, c'est quand même que le(s) créateur(s) peu(ven)t faire évoluer les personnages. Donc si c'est pas le cas, ça me paraît justement très pertinent d'en débattre.
Les personnages de la BD
Thorgal évoluent en fait. La BD a été créée à la fin des années 70 et à l'époque, peu de héros de bande dessinée vieillissaient, la règle c'était plutôt l'éternelle jeunesse de Tintin, Astérix et Spirou. Or les héros de
Thorgal ont pris de l'âge et leur vie a évolué comme des "vrais" gens : ils ont eu des enfants qui ont eux-mêmes grandi, certains persos sont morts de vieillesse etc. ce qui n'était pas totalement unique mais vraiment pas la norme. Donc c'était quand même la particularité de cette BD et un signe que ses héros changeaient au fil des épisodes.
Par contre, les rôles genrés étaient quand même un peu cliché et comme je le dis dans mon article, je ne jette pas tellement la pierre au scénariste d'avoir créé une héroïne selon une vision sexiste dans les années 70 et de n'avoir pas tellement révisé sa position 20 ans plus tard. Après tout, Jean Van Hamme, le scénariste, a dans les 75 ans maintenant et quand on voit que la télé ou le cinéma commencent à se bouger sur la représentation des genres depuis seulement 5-10 ans, ben j'attendais pas spécialement qu'un vieux scénariste issu du monde de la BD franco-belge très masculin ait une épiphanie féministe.
Malgré tout, quand on suit un peu son boulot, ça me parait assez évident qu'il a une vision hyper cliché de ce que doit être une héroïne. Dans quasiment toutes ses séries, qu'il s'agisse de l'histoire d'un viking dans un monde SF-fantasy, d'un homme d'affaires milliardaire, d'une espionne russe, il y a au moins une scène "lesbienne" qui est conçue pour un public masculin hétéro avec deux nanas à poils qui se tripotent dans une baignoire ou une nana un peu "perverse" qui essaye d'agresser sexuellement l'héroïne bien plus "morale". Il m'est arrivé de tomber sur ce genre de scènes dans une de ses nouvelles séries et de me demander s'il n'avait pas fait un pari de la caser quoiqu'il arrive tant ça me paraissait répétitif.
Donc même si les héros de ses séries évoluent, je trouve ça quand même assez évident que ce scénariste originel (il est parti du projet
Thorgal il y a quelques années) n'a pas évolué DU TOUT sur certains sujets. Il reprend les mêmes scènes d'une série à l'autre, je ne vois pas comment on peut faire plus claire que ça pour montre qu'il a une vision assez bloquée sur certains thèmes.
Dans les années 80, choisir une femme comme personnage principale était une énorme révolution, une sorte de choix original et osé, comme par exemple avec
Alien et Sigourney Weaver. Mais aujourd'hui, heureusement, on a un peu dépassé ce stade. Que le personnage principal d'une série soit une femme ne donne pas un passe-droit sur le sexisme
Puisqu'on parle de BD franco-belge, petite anecdote. Quand j'étais petite, j'ai envoyé une lettre au journal
Spirou (basée en Belgique mais dont la majorité du lectorat se trouve en France) qui diffuse chaque semaine des épisodes des prochaines nouveauté de la maison d'édition de BD Dupuis.
Je m'y plaignais que toutes les mamans des séries jeunesse étaient des mères au foyer et que plusieurs gags tournaient autour du fait qu'elles décidaient de ne pas cuisiner et que le père, le fils etc. se retrouvaient bien embarassés.
Ma lettre avait été publiée dans le journal, certes, mais la rédaction de
Spirou m'avait gentiment expliqué que les scénaristes sont les témoins de leur société, quand dans notre société plein de mères sont au foyer tout ça, donc c'est normal que les scénaristes représentent presque exclusivement des familles où papa travaille et maman passe l'aspirateur mais qu'ils pouvaient m'annoncer la bonne nouvelle que la maman d'un des héros allait bientôt occuper un poste de vendeuse en boulangerie à temps partiel!
#truestory.
On a bien jugé qu'à partir d'un certain degré d'alcoolémie, il n'était plus sur de conduire. Un conducteur ivre est plus fortement pénalisé qu'un conducteur sobre. Même s'il n'est pas possible de contrôler le degré d'alcoolémie a posteriori, ça ne pourrait pas être une piste pour estimer que alcool (même sans se rendre malade) = perte des repères et des inhibitions = pas de consentement véritable ?
Les deux parties suivantes discutent de la définition du viol sous l'emprise de l'alcool.
Je sais que c'est une revendication de certaines féministes de faire reconnaitre "relations sexuelles en état d'ivresse" = "victime de viol" mais je suis vraiment pas favorable à cette idée. On peut parfaitement être du genre à aimer mélanger soirée arrosée et sexe, je vois pas pourquoi ça devrait être la norme de considérer qu'une femme qui a bu est incapable de consentir (je parle pas de femme évanouie, incapable de faire des phrases ou tombant par terre hein bien sûr). Je trouve ça un peu infantilisant parce qu'en plus, on n'imagine jamais qu'un mec bourré qui essaye de choper n'est pas "en état" de donner un consentement éclairé. Je trouverais ça bien dommage que la culture du viol nous empêche de faire des trucs dont on a envie parce qu'on considère qu'on n'est pas capable de prendre une décision toute seule.
Par contre, je suis d'accord qu'il faut enseigner aux mecs à être deux fois plus vigilants sur le consentement dans le cas de l'alcoolémie et leur indiquer qu'ils doivent entendre un oui clair et spontané. Sous l'emprise de l'alcool, on comprend beaucoup moins bien les sous-entendus et on est beaucoup plus lent à la détente donc il faut poser les bases clairement et simplement afin qu'il n'y ait aucune "ambiguité". Et je suis d'accord également qu'un gars qui constate qu'une fille se trouve dans un état très différent du sien (parce qu'elle a bu 10 verres et lui 3 par exemple) peut difficilement se trouver sur la même longueur d'onde qu'elle. Dans ce cas, il doit prendre certaines responsabilités.
Je sais pas si vous avez vu le film
Bachelorette avec Kirsten Dunst et Rebel Wilson. Dans une scène, une des héroïnes jouée par Isla Fischer est super bourrée et a pris de la drogue de sa propre initiative. Un des mecs qui l'accompagne est sous pression de son pote pour la rendre encore plus stone et en profiter pour coucher avec elle. Le mec ne cède cependant pas à la pression et il se trouve que le personnage d'Isla Fischer lui propose du sexe malgré tout. Là, le mec se rend compte que ça ne l'intéresse pas de coucher avec une fille défoncée et bourrée et il décline la proprosition en lui disant qu'il préfère attendre qu'elle soit sobre. Elle insiste en disant que ça ne la dérange pas d'être dans cet état et qu'elle est ok pour coucher avec lui mais il répond "moi ça me dérange" (en gros).
Dans le cadre de cette scène, je trouve que ça aurait été parfaitement anormal de considérer qu'une relation sexuelle avec l'héroïne aurait été un viol puisqu'elle a exprimé clairement son consentement, sans pression de la part du mec. Si les scénaristes ont présenté le refus pour montrer qu'un mec bien sait mieux ce qui est bon pour la fille qui lui plait quand elle est dans cet état, ben je suis pas trop d'accord. Si elle a envie de coucher avec ce mec là maintenant, ben elle a l'habitude de boire, elle est assez grande pour prendre ce genre de décisions.
En revanche, je crois que le mec est censé être carrément moins bourré/drogué qu'elle dans la scène, en plus son pote lui a bien mis la pression pour abuser d'elle et accepter son offre serait certainement très glaucque. Donc si le "moi ça me dérange" veut surtout dire "je trouve ça glaucque car la situation est déséquilibrée", ben je trouve que c'est une réaction saine de penser au rapport de force qui existe et c'est bien qu'il refuse la proposition en conséquence.
Mais bref, tout ça pour dire que je veux un peu nuancer le "relations sexuelles sous l'emprise de l'alcool" = "viol". Le viol c'est l'absence de consentement. Or même si on fait des trucs un peu chelous quand on est bourré, ça arrive souvent qu'on ait vraiment envie de les faire et qu'on les trouve super cools sur le coup. Le consentement ne disparait pas forcément avec l'alcool.
Et je dis ça mais petit disclaimer, ceci n'est pas un encouragement à se bourrer la gueule jusqu'à en perdre connaissance et à prendre de la drogue en soirée
Peut être que les réponses seront rendues lors du jugement? Qu'il y aura des circonstances atténuantes ou aggravante pour l'agresseur en fonction des différentes situations?
Je précise juste que dans le cas d'un crime ou d'un délit, être sous l'emprise de l'alcool n'est pas une excuse, au contraire, c'est une
circonstance aggravante. C'est-à-dire que si tu tues quelqu'un en roulant trop vite, tu seras jugée plus sévèrement si tu as bu par-dessus le marché... et si on t'accuse de viol, le fait d'avoir été ivre aggrave les circonstances de ton acte. En effet, on considère que tu as volontairement pris une substance qui modifie ton comportement et que tu es donc pleinement responsable de tes actes.
Donc je comprends le raisonnement que tu faisais, c'est un peu le même que mon post plus haut. Si les deux partenaires se sont engagés dans une relation sexuelle en étant également ivres, comment définir qui a abusé de l'autre? Cependant, si un des deux peut témoigner de manière précise ou démontrer qu'il y a des raisons de penser à un viol, le suspect risquera plus que s'il n'avait pas été bourré, en particulier si le fait qu'il soit passé outre le consentement de la victime découle de son état d'alcoolémie (par exemple "j'étais trop bourré pour comprendre qu'elle ne voulait pas").