Veille Permanente Sexisme

[Maud Kennedy]

Je sors d une formation avec des collegues sur la com notamment au travail ms pas seulement. A la fin le formateur raconte une histoire d une femme qui se sent delaissee par son mari qui bosse trop et qui donc decide de prendre un amant. Elle part pour rentrer chez elle et pour ce faire doit traverser un pont... sauf qu un fou lui bloque le passage et veut la tuer.
Elle va voir son amant,qui refuse. Elle va voir un ami qui refuse egalement. Elle retourne voir le passeur qu elle est deja allee voir qui refuse de la laisser passer sans payer. Elle tente sa chance... et meurt.
Question: qui est responsable?? D apres pas mal de mes collegues (des femmes),c est la femme qui est responsable parce qu elle aurait du parler a son mari etc... (victim blaming bonjour! ). Une des intervenantes a inverse la situation:c est le mari qui s est senti delaisse.
Je suppose que vous vous doutez ou je veux en venir... Reponses tres differentes: la femme aurait du s occuper de son foyer.

 

[Margay]

@PousseMoussue

Spoiler

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[Cirrannai]

@Iseria Queen @UneElo : En fait, c'est une question généralement utilisée pour illustrer les différents profils MBTI, qui permettent de voir les points forts et faibles de chacun en communication.

Le but n'est absolument pas de sortir la morale que les femmes sont censées rester au foyer (heureusement). L'idée, c'est de déterminer ta personnalité selon si tu penses qu'il est pire pour un homme de délaisser sa femme, pour une femme de tromper son mari, pour un homme de ne pas venir en aide à son amante, pour un passeur de refuser de faire son travail gratuitement, ou pour un fou (qui n'est donc pas conscient / qui ne contrôle pas ses gestes) de tuer une personne (dans la version que j'ai eue, la femme se faisait tuer par le fou).

Du coup, il ne devrait absolument pas être question de "le mari s'est senti délaissé" (wtf ?) ou de "elle aurait du s'occuper de son foyer". Je ne comprend pas du tout comment l'intervenante est venue à cette conclusion

 

[Anera]

Je ne vous rejoins absolument pas sur votre soulagement vis-à-vis du fait que ces réunions masculinistes ne sont pas faites pour aller violer des femmes en groupe. Je sais que c'est un soulagement dans un sens, mais je vois surtout les conséquences qu'auront ces réunions entre mascus et je ne peux pas me réjouir. Ça me rappelle trop ce que Julien Blanc faisait (et fait toujours ?), c'est-à-dire apprendre à des mecs à obtenir ce qu'ils veulent de la part d'une femme et ça me dégoûte. Ça ne m'étonnerait même pas qu'ils s'apprennent entre eux à violer une femme sans laisser de preuve, ça me dégoûte. Bref, je ne sais pas si une assoc' féministe a été alerté mais il me semble complètement inadmissible qu'on les laisse tenir des réunions.

 

[Pochemuchka-Lilou]

@Maud Kennedy @UneElo @Cirrannai @Iseria Queen : Moi ça me rappelle beaucoup le "test" avec Robin des bois, le shériff, Belle Marianne et Petitjean...
Ça 'a aucune valeur scientifique bien sûr, mais j'imagine que voir comment les différentes personnes ont répondu peut être intéressant (moi j'hésitais grave entre deux réponses).
La situation proposée pour ce test est en elle-même assez clichée (une femme enlevée par un méchant Monsieur, tout ça tout ça...)

 

[Cirrannai]

@Iseria Queen , @Cirrannai : test de personnalité je veux bien mais ce sont quand même de sacrés jugements de morale dans tout ça. Et le sempiternel exemple de la femme infidèle, ou de l'amie qui veut lui piquer son mari, ou de l'amant qui ne pense qu'au cul... ça amène, comme dans le cas du formateur cité (et pas que lui), à de beaux jugements sexistes tout à fait dans la logique du truc.

Quand on me l'avais racontée, on m'avait précisé que les genres des personnages n'avaient pas d'importance, et que ça pouvait très bien être l'histoire d'un homme qui trompe sa femme.
Ce qui, pour moi, est logique, car si un personne juge plus durement une femme qui ta un.e amant.e qu'un homme qui a un.e amant.e, ou plus durement si c'est une relation homosexuelle hétérosexuelle ou que sais-je, ça en dit plus sur l'intolérance de la personne que sur son mode de réflexion...

 

[Tératogène]

et là ça le bloquait, il disait des trucs du genre "Mais non pfff n'importe quoi !" comme si je n'avais pas à le dire parce que c'était un homme

Ce serait pas plus une question de confiance en soi ou sa façon de recevoir les compliments, plutôt qu'une question de genre ?

 

[Maud Kennedy]

Je n'ai pas pu trop entrer dans les détails (j'étais à la salle de sport en train d'en chier sur mon vélo mais je voulais absolument vous le raconter ) mais l'idée du formateur,c'était de montrer que par le biais de cette histoire qui n'a effectivement pas de bonne réponse objective,chacun-e verra les choses différement parce que tout le monde n'a pas les mêmes valeurs et que c'est valable pour beaucoup de choses. Il n'y a pas tant de choses sur lesquelles tout le monde ou presque est d'accord. D'où les problèmes de communication qui peuvent survenir dans tous les domaines,y compris au travail.
Je voulais vous raconter cette histoire non pas par rapport au but de la formation mais pour raconter l'épisode n° 123678442568 du feuilleton bien connu appelé sexisme ordinaire où le même acte sera perçu différement selon s'il s'agit d'une personne assignée homme ou femme. Je pense que la personne qui a inversé la situation(ce n'était d'ailleurs pas du tout une intervenante,j'étais à l'ouest )s'est demandée si les gens réagiraient de la même façon selon s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. C'était une digression comme on en a fait plein au cours des 3 heures de formation.

 

[Pochemuchka-Lilou]

@Tératogène @Laars : Après je pense que les deux peuvent être liés. On n'habitue pas les hommes à avoir des compliments sur leur physique, donc ils sont plus facilement mal à l'aise quand on leur en fait (je dis pas que les femmes sont toujours à l'aise blaise hein, mais celles qui correspondent un minimum à certains critères sociaux en ont peut-être plus souvent l'habitude ?)

 

[PousseMoussue]

@Margay :

Spoiler

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[Maud Kennedy]

@UneElo ,je suis d'accord avec toi en soi mais là,ce n'était pas l'intention de qui que ce soit de juger. Le but était de mettre en avant que les différences de point de vue parasitaient la communication.
A mon sens,le responsable,c'est le fou parce que c'est lui qui a commis l'acte. C'est lui qui en porte la responsabilité morale. Etre infidèle,débordé ou radin ne sont pas des délits donc on ne peut accuser personne d'autre que le fou.Son irresponsabilité pénale est réelle mais à la limite,ce n'est pas le problème:on n'est pas au tribunal.
Ca m'a intéressé non en soi mais parce que c'était une énième démonstration du sexisme inconscient.

 

[Membre supprimé 226135]

Aborder quelqu'un, ca me plairait mais étant sapiosexuelle, j'ai tres peu d'attirance primaire donc c'est compliqué de le faire spontanément. Mais je l'ai fait une fois dans le rer, et juste pour complimenter, sans chercher à aller plus loin car à l’époque j’étais en couple (c'est là que je regrette de pas avoir été célibataire ). J'ai longtemps hésité avant de le complimenter parce que justement je me disais "est-ce que ça fait de moi une harceleuse ?". On était face à face, assis dans un carré du rer, personne à côté de nous. Je l'ai beaucoup observé parce que je le trouvais super mignon/classe mais je me suis assurée de pas le mettre mal à l'aise, d'ailleurs je pense qu'il m'avait même pas remarqué. Et quand je suis arrivée à mon avant-dernière station, j''ai pris mon courage à deux mains et j'ai dû dire un truc du genre "excusez-moi monsieur... (là j'attends de voir s'il veut répondre ou pas)
_ oui ?
_ Je fais jamais ça d'habitude et je ne veux pas vous déranger, mais je vous trouve super classe !", j'ai souris, je suis restée à ma place donc sans oppression physique.

Il a eu un sourire jusqu'aux oreilles, et il a bafouillé, j'l'ai vu rougir et du coup j'ai bafouillé aussi "heu, j'espère que je ne vous gêne pas, désolée" et il m'a dit que pas du tout, que c'était la première fois qu'on l'abordait dans les transports et aussi qu'on le complimentait aussi vite.

J'ai gardé pour moi qu'il était mon fantasme de Lex Luthor incarné (un peu son sosie), parce qu'il faut un minimum de décence tout de même .

Mais donc en gros, c'est toute la différence entre rencontrer quelqu'un et harceler quelqu'un : respecter la distance physique, ne pas fixer la personne sans parler, proposer ses excuses pour le dérangement et toujours laisser à l'autre l'opportunité de cesser la discussion sans stress, et surtout j'ai pas instauré un climat sexuel/sensuel, c'était de l'ordre du compliment sincère.

Pas comme les mecs qui se glissent derrière toi et qui te susurrent "hmm magnifique", tu te retournes, tu vois plus personne, "hmm t'es bien mon genre"... Y a quand même tout un monde. Conserver le vouvoiement aussi...
En fait là on était posé, si ma remarque lui avait pas plu, il aurait pu me le signaler, alors que quand tu marches dans la rue et qu'on t'emmerde avec ça, t'as juste pas envie de parler à la personne, parce que t'es un poisson dans la rue pour eux.

Enfin voilà, si c'était à refaire, je pense que je saurais aborder sans harceler, tout comme on peut m'aborder sans me harceler, tout est une question d'attitude, de respect et de façon de parler.

Ca me fait penser à cette video, qu'est ce que vous en pensez ? :

Je suis hyper dubitative. On sait très bien que très peu de personnes aident les femmes en difficulté (bon c'est en France, y a p'tête une différence dans les transports aux USA), là on dirait que c'est systématique, et surtout j'ai absolument jamais assisté (ou entendu de la part de mecs) à un harcèlement féminin aussi frontal que celui-là sur un homme. Je ne dis pas que ça n'arrive pas (ça peut manquer de visibilité) mais ça me rappelle un peu la polémique autour des hommes violés, on sait qu'ils existent, c'est tout autant dramatique que pour les femmes, mais si on parle en priorité des femmes c'est quand même parce que c'est une majorité écrasante de victimes. Alors c'est bien de s'intéresser aux victimes de toute sorte, mais concrètement est-ce que l'auteur de la vidéo n'a pas l'impression de discréditer la solitude ds femmes face au harcèlement (elles reçoivent de l'aide) vs un hypothétique homme agressé ? En fait ça m'énervent les vidéos qui se basent sur une exception alors qu'on protège déjà pas suffisamment une majorité d'opprimées. Si on commence pas quelque part, on n'avancera à rien.

edit: y a qu'à voir les commentaires exclusivement masculins ou presque qui râlent en dessous de la vidéo contre le féminisme, "les hommes sont les vrais victimes" blablabla... Je suis bien curieuse de savoir combien d'entre eux on été violés, tripotés, insultés dans les transports à cause de leur genre ou condition sociale tiens.