destynova;4582379 a dit :
Sinon concernant le mec en lui même, je suis féministe mais bizarrement, moi aussi je me sens super mal et même coupable quand je rembarre un mec, même quand je suis sure d'avoir raison, c'est fou! (et je m'en veux de m'en vouloir!)
Moi aussi parfois je ressens de la culpabilité!
A l'Ile Maurice je me fais toujours interpeler ou aborder et la plupart du temps ma technique c'est d'ignorer car je me dis que ça leur fera limite plaisir si quand ils crient "kss kss viens par là!", qu'ils me klaxonnent ou qu'ils me disent "bonjour ma princesse" je leur accorde même une attention négative.
L'autre jour, un gars m'aborde dans la rue dernière la mienne et ça m'a vraiment saaaaoulé parce que voilà, je suis pas à Paris, ma rue c'est un peu chez moi quelque part, ya les mêmes vieilles qui y trainent, les mêmes chiens qui y dorment, les mêmes gamins qui y jouent tous les jours. Je suis censée pouvoir être tranquille une fois arrivée dans mon quartier.
Bref, ce gars m'aborde frontalement, je réponds poliment mais froidement à ses questions mais il commence à marcher à côté de moi alors qu'il avait l'air d'aller dans une autre direction quand je l'ai croisé et il me dit que ce serait sympa d'aller boire un verre.
MOI : Non merci, ça ne m'intéresse pas.
LUI : Comme ça, tu auras un ami mauricien!
MOI : Je n'ai pas besoin, j'ai déjà plein d'amis.
LUI : Tu en auras un de plus!
MOI, fermement : Non, ça ne m'intéresse pas.
LUI : Ce sera rapide, juste un verre comme ça!
MOI : Non merci.
LUI : Ben si tu changes d'avis...
MOI : Je ne changerai pas d'avis, désolée.
LUI, en marchant toujours à mes côtés alors que j'arrive près de ma maison : Non mais si tu changes d'avis, moi je serai toujours dispo pour toi.
MOI : Ecoute, tu es loin d'être le seul à me faire ce genre de propositions, je me fais aborder comme ça tous les jours donc ce n'est pas parce que tu insistes que je vais changer d'avis.
J'étais ferme, sûre de moi... Et là, la manière dont il a bafouillé un "ah ok c'est pas grave" en se sauvant tout honteux, j'ai eu l'impression d'être une sale gamine qui balance des pierres à un chien battu.
Je me disais "je suis allée trop loin", "quand même, j'ai pas été sympa", "j'ai été trop sèche"... Alors qu'en fait, c'est vrai que je me fais bouffer mon espace vital et ma tranquillité d'esprit tous les jours ici... Pourquoi en plus ce serait à moi de m'excuser et d'être gentille avec ceux qui m'empêchent de vaquer normalement à mes occupations?
Mais bon, j'ai pas pu m'empêcher de culpabiliser un peu en voyant sa réaction.
Sinon @Noiraud, @Denderah t'a dit qu'il faut réussir à dire non. C'est difficile et le but n'est pas de sous-entendre que si tu ne dis pas non c'est que tu ne fais pas ce qu'il faut pour que ça s'arrête.
Mais c'est vrai que les garçons dans ce genre vont s'auto-convaincre de plein de manières qu'ils sont dans leur bon droit, qu'une fille se conquiert à la force du poignet, qu'on a tous le droit de tenter sa chance tant qu'elle ne te repousse pas...
Ils savent très bien au fond d'eux-même qu'ils ont tort mais ils vont se boucher les oreilles pour ne pas entendre leur petite voix intérieure.
Donc, surtout dans le cadre d'un boulot qui ne va pas jouer pour ta carrière, les remettre à leur place est tout-à-fait légitime.
Il ne faut pas avoir peur d'être "désagréable", "pas sympa".
Le NON n'est pas obligatoire dans le sens où ça ne devrait pas être à toi de rappeler qu'on doit demander la permission aux gens avant de leur faire quelque chose. Mais dans les faits, c'est vraiment un allié puissant contre les agressions ou les intrusions car c'est une première résistance qu'on oppose et ça peut parfois suffire à faire avorter les tentatives en face!
tessy;4582702 a dit :
Sinon, @morganegirly, ce que je trouve le plus triste dans ton histoire c'est que cette fille ne dit même pas qu'elle a choisi d'être femme au foyer parce qu'elle pense qu'il y a autant de dignité à faire ça qu'à réussir sa carrière, ou que ça peut la rendre plus heureuse (ce qui serait tout à fait justifiable), mais vraiment parce qu'elle voit ça comme une façon de se rabaisser, voire de s'humilier, parce que penser mériter mieux c'est de l'orgueil...
Sans parler du rôle de toute-puissance qu'elle donne à l'Homme.
En fait, je ne dirais pas qu'elle veut se rabaisser ou s'humilier exactement. C'est plus l'idée selon laquelle le sacrifice est un geste noble, qu'il faut être modeste et pratiquer l'oubli de soi pour les autres.
Dans le passage que j'ai supprimé, elle raconte qu'en gros, elle était malade, que ses potes comprenaient mais qu'ils ont fortement sous-entendu que quelqu'un devrait faire à bouffer. Elle l'a pris pour elle, s'est forcée à faire la cuisine malgré sa faiblesse et a vachement kiffé ce sentiment de don de soi au service des autres en mode Cendrillon qui aimerait sa belle-mère.
Son modèle c'est Jésus Christ comme elle le dit et d'ailleurs pour rebondir sur les questionnements de @DestyNova, je ne pense pas que ce soit sexiste à la base.
Jésus Christ est censé être un mec qui aimait tellement l'humanité qu'il s'est sacrifié pour elle alors qu'il avait la puissance pour échapper à la souffrance (puisque c'est le fils de Dieu/Dieu) et qui malgré ce qu'on lui a infligé ne ressent ni haine ni rancoeur.
C'est un beau modèle et ce n'est pas une question d'humiliation puisqu'on considère au contraire que c'est s'élever que d'agir ainsi.
Mais ce qui ne va pas dans cette histoire c'est clairement que ma pote réinterprète le geste de Jésus Christ à travers un filtre patriarcal. Et ça, c'est la construction sociale, la réappropriation culturelle qui s'est faite autour de l'essence du christianisme.
Pourquoi semble-t-elle trouver que le sacrifice et la négation de soi dans un couple doit être féminin alors que l'homme décide et dirige? Si les deux sont chrétiens, est-ce qu'il ne devrait pas faire pareil de son côté? Est-ce qu'elle ne serait pas plus apte à comprendre Jésus par son sacrifice que lui qui n'en fait pas? Dans ce cas, pourquoi dit-elle que c'est son mari qui va l'emmener vers Dieu alors qu'elle fait ce qu'il faut pour comprendre l'enseignement divin toute seule?
Et en quoi est-ce un sacrifice équivalent à celui consenti par Jésus que d'abandonner son travail pour se consacrer aux tâches domestiques?
En se concentrant sur le christianisme qui est la seule religion que je connais un minimum, le message de Jésus qui est basé sur la non-violence, la compassion, le pardon, la compréhension et l'ouverture d'esprit a servi de support à la violence, la discrimination, la haine et le rejet par les gens qui se réclamaient de son enseignement.
Comment est-ce possible? Je me dis que la religion souffre de son imbrication avec une structure dominante extérieure très puissante, qui a réutilisé la religion pour asseoir son autorité un peu plus, pas forcément de son essence.
Le lien suivant emmène sur un blog religieux mais je trouve la réflexion de l'auteur très intéressante ainsi que plusieurs commentaires qui montrent que pas mal de passages du Nouveau Testament proposent une place nouvelle aux femmes... mais que cela a été ignoré en pratique :
http://sojo.net/blogs/2013/03/11/top-4-reasons-jesus-my-favorite-feminist