@Ursinae C'est cool pour ta plainte! J'espérais que tu tiendrais informée la veille
J'ai lu une etude assez interessante récemment qui, entre autre, s'est penche sur le fait que presque toutes les insultes envers les femmes font allusion a leur sexualité. En français, ca va être " salope", "pute" etc et en anglais, langue de l'etude, ca va donc être "slut" ou "whore". Evidemment on reproche aussi aux femmes d'être "coinces" mais c'est généralement moins commun et moins agressif comme insulte. Donc la théorie des chercheurs était que ca s'est développé dans un contexte ou le sexe était une sorte de monnaie d'échange, ce qui n'a pas complètement change. Dans un monde patriarcal, la seule protection des femmes qui ne pouvaient travailler ni être indépendantes dans une société qui leur refusait ces droits, était donc d'être protege par un homme. Donc d'échanger des relations sexuelle contre une protection, de l'affection etc. En revanche, les soit disant "putes" qui consentaient a des relations sexuelles sans demandes importantes faisaient "baisser le prix" on va dire. Disons que les femmes s'inquietaient que si d'autres femmes accordaient des relations sexuelles sans demander autant en échange, les relations sexuelles perdraient de leur valeur. Les choses ont evolues mais j'ai l'impression que l'on retrouve ca aujourd'hui. Les chercheurs se sont concentres sur un quartier pauvre des USA ou les filles sélectionnaient les garçons en fonction de ce qu'ils pouvaient apporter a leur popularité et méprisaient complètement celles qui avaient des relations sexuelles en dehors de relations bien officielles. Souvent quand j'entends des femmes en critiquer d'autres en disant qu'il ne fallait pas coucher aussi tot, ou que c'est vraiment une salope, qu'il faut s'en méfier parce qu'elle se tape n'importe quel mec ou qu'elle ne se respecte pas et autre ramassis sexiste pour ne pas dire misogyne de ce genre, on revient souvent a cette idée. Que c'est mal pour une femme d'avoir des relations sexuelles sans "demander" quelque chose en échange, une vraie relation donc. Et d'une certaine façon que c'est un danger pour les autres femmes car elles pourraient séduire leurs hommes qui évidemment ne peuvent resister- les hommes sautent après tout ce qui bouge, c'est bien connu. Bon après, ca se rapproche aussi de l'idée bien connue qu'une femme n'a pas de libido et ne couche que pour faire plaisir aux hommes. Quel fiasco evolutionaire, la survie d'une espèce par le sacrifice de la gente feminine.
C'est fou a quel point la sexualité feminine est constamment juge et souvent par des femmes... C'est affligeant vraiment. Le pire c'est quand c'est des soit disant féministes qui essayent de contrôler la sexualite des autres et de les "proteger des hommes". Les femmes vivent le sexisme au quotidien oui mais elles ont tout autant d'appétit sexuel que les hommes. C'est ridicule d'insister sur le fait que la sexualité soit l'apanage exclusif des hommes.
Je vais réagir à tes propos mais je me base uniquement sur ta manière de la retranscrire et non sur le contenu réel de l'étude puisque je ne sais pas de quoi il s'agit
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Je trouve cette thèse très critiquable, en tout cas telle qu'elle est présentée là.
D'abord, cette idée part du principe que les hommes ont toujours accordé un prix très élevé à leur sexualité et que leur union avec des femmes a toujours eu pour but principal de les satisfaire sexuellement. Or, je trouve ce concept très douteux. Je pense que si une femme a une "fonction" biologique ce serait d'abord sa fonction de procréation. Techniquement, un homme peut avoir du plaisir autrement que par une femme et il peut même pratiquer la pénétration sans les femmes. Et si vraiment les femmes le branchent, il n'est pas obligé de se mettre en couple avec une femme pour avoir du sexe. En revanche, il ne peut pas avoir d'enfant sans femme, et il est obligé de "garder" la femme au moins jusqu'à la fin de sa grossesse s'il veut garder l'enfant, et avant l'époque du lait poudre, il fallait également avoir une femme sous la main pour allaiter pendant quelques mois voire années.
Donc la "monnaie d'échange" du sexe me parait vraiment pas assez rare pour qu'un homme dédie son temps et prenne des risques pour une femme précise juste pour l'avoir.
Ensuite, le mariage et de nombreuses unions non maritales ont souvent eu pour but premier des raisons non-sexuelles. Le mariage est une union économique ou politique avant tout, pas une union sexuelle. Une femme avait de la "valeur" par sa famille, sa fortune, ses possessions, sa position dans la communauté, les alliances qu'elle pouvait apporter etc. Et je ne parle pas juste au niveau roi/reine mais par exemple, un apprenti horloger pouvait trouver un intérêt à épouser la fille du maitre horloger et vice-versa car ainsi le business de Papa trouverait un successeur et le successeur aurait une affaire déjà assurée.
En dehors de ça, le couple stable peut apporter un échange de services parmi lesquels le sexe est très mineur. Une des phrases classiques de grands-parents c'est "il a besoin d'une femme" mais pas pour baiser, il a besoin d'une femme pour lui faire à bouffer, organiser l'économie familiale, faire le ménage, faire des gosses etc. pendant que lui fait des "trucs d'homme". L'échange de service du couple se situe plus à ce niveau-là (un partage des tâches familiales) qu'au niveau sexe contre protection.
Par ailleurs, l'idée que "la seule protection des femmes" serait de se trouver un homme qui voudrait bien les défendre contre du sexe repose sur une conception relativement moderne de la société. C'est à dire qu'elle part du principe que la plus forte unité sociale est la famille nucléaire construite autour du couple monogame, donc qu'une femme adulte doit se trouver un homme pour obtenir la sécurité ultime de la famille. Beaucoup de gens simplifient l'Histoire des femmes en répétant le cliché "elles passaient de l'autorité du père à l'autorité du mari" qui est en fait une notion plutôt née au 19e siècle européen.
En réalité, de nombreuses sociétés ne conçoient pas leur organisation autour de la mini-communauté qu'est la famille patriarcale composée d'un père et une mère en haut et des enfants en bas qui sortent de cette communauté une fois adultes pour fonder leur propre mini-communauté.
Bien sûr, certaines femmes qui se trouvent coupées de tous liens sociaux ont certainement dû recourir à des stratégies de survie du type "chercher un homme pour obtenir la protection" mais la plupart des femmes du passé avaient un réseau de protection dès leur naissance. Si l'on part du principe (assez artificiel) que les autres femmes ne pouvaient pas assurer cette protection, il y avait tout de même leurs pères, leurs frères, leurs grands-pères, leurs oncles, leurs cousins rien qu'au niveau de la famille. Et la communauté ne se résume pas aux liens de sang : elle pouvait être construite autour du métier d'un parent, de l'entraide religieuse, du village etc. La protection repose sur la force physique uniquement dans un passé d'images d'Epinal. Dans les faits, un vieil homme avec de bonnes connexions ou un prestige était parfaitement en mesure d'assurer la protection de sa petite-fille par exemple. Je ne pense donc pas que les femmes dont la seule protection possible ait été d'utiliser leur sexualité pour adoucir les hommes ait jamais été la norme d'une quelconque société.
Enfin, le fait que des femmes dénigrent d'autres femmes pour leur sexualité relève à mon sens plus d'un réflexe de survie qui vise à clamer "je ne suis pas comme ça, s'il vous plait, ne me traitez pas comme elles!". Si tu vois qu'un groupe se fait persécuter et que tu ressembles à ce groupe, tu peux être tentée de montrer que NON tu ne ressembles pas du tout à ce groupe. Pour le prouver, tu vas dénigrer ce groupe ("je ne partage pas leurs valeurs!"), distancier ton comportement du sien en te mettant à l'écoute de ce que lui reproche les tortionnaires. Et peut-être que le moyen le plus efficace de montrer que tu n'as vraiment rien à voir avec ce groupe, ça sera de devenir son pire ennemi, de le haïr et le critiquer encore plus que ceux qui exercent le pouvoir et ordonnent ses châtiments. Tu vas lui jeter l'opprobre avant tout le monde pour que personne ne puisse te trouver une complaisance suspecte à son égard.
Une femme dans un monde sexiste peut penser que rentrer dans le rang la protège et que pour rentrer dans le rang, elle doit traquer les autres femmes qui n'y sont pas ou en tout faire pour faire savoir autant qu'elle peut qu'elle n'approuve pas du tout le comportement de ces femmes. Et traiter la voisine de "salope", c'est aussi une façon de te sortir du groupe des salopes.
En bref, le sexe monnaie d'échange me parait quand même être un postulat de base très cliché. Je ne peux pas me prononcer avec certitude sans avoir lu l'étude mais comme ça, ça ne me convainc pas du tout!