@madmoizelle N Ta question est très intéressante, lire tou.te.s les autres Madz l'était aussi, c'est vraiment cool de voir qu'on a tou.te.s des parcours à la fois très différents mais aussi similaires ! Je crois que "rendre le monde meilleur" est notre point commun
Personnellement, ça a commencé il y a 5 ans. J'étais une bonne grosse peste avant, donc si vous êtes choqué.e.s par certaines choses, j'en suis vraiment désolée.
Pour le contexte : je viens d'une famille sexiste, homophobe (et très probablement transphobe, j'ai relevé un ou deux certains propos très très limites) et raciste. (j'ai jamais trop fait gaffe aux autres oppressions mais je pense que la grossophobie et le validisme sont très présents aussi) Et mon entourage amical n'était (est ?) pas forcément mieux. Comme
@Lilou la licorne , j'avais une très mauvaise opinion du féminisme mais pas pour les mêmes raisons que les racisé.e.s du tout. Ensuite est venu le buzz autour des Femen, que j'ai immédiatement détesté (c'est toujours le cas
) et j'ai commencé à me poser des questions en mode "Non mais toutes les féministes ne peuvent pas être aussi connes et extrémistes quand même
"
(oui, pardon
). Ben mine de rien, ça m'a bien aidé car je suis tombée sur des articles de Madmoizelle durant mes recherches et ça m'a ouverte sur pas mal de sujets ! (avant de développer avec des articles plus complets sur d'autres sites)
Concernant l'intersectionnalité, je suis juste tombée sur les autres Veilles Permanentes de ce site. (avant, encore une fois, de développer avec des articles de blogs de concerné.e.s) Comme j'étais curieuse (et aujourd'hui encore), j'ai lu beaucoup de choses, sans même me dire que c'était dans le but de me déconstruire, les arguments et les témoignages faisaient tellement sens que je me suis déconstruite sans même en avoir eu l'objectif.
Et j'en apprends encore toujours, donc je ne me considère pas comme étant déconstruite mais plutôt partiellement déconstruite. (y a encore du chemin à faire, quoi)
Quant au voile, c'est très intéressant.
(attention, la peste que j'étais arrive) Comme vous vous en doutez, j'étais clairement contre. J'ai même eu une camarade en première année de fac avec qui je travaillais en groupe, je lui ai balancé dans la tronche tout ce que je pensais de ça. La violence, quoi. (je vous avais dit que j'étais une grosse nulle
- j'aimerais tellement pouvoir m'excuser aujourd'hui mais je ne l'ai jamais revu
) Et puis en troisième année, il y a aussi eu deux filles voilées dans mon groupe de TD. Je faisais ma vie, elles faisaient la leur, comprenez que je les ai ignorées royal. Et un jour, d'autres camarades parlaient d'elles en des termes assez négatifs. Et j'aurais pu franchement être du même avis qu'elles ! Mais je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce jour-là, mon cerveau a eu un sursaut de lucidité : je me suis dit que ça n'était pas très cool de parler de personnes à qui on avait jamais adressé la parole de cette façon, qu'on ne les connaissait pas et qu'on ne pouvait pas les juger ainsi. Et j'ai fini par bredouiller un "... Mais au pire, elles font ce qu'elles veulent, non ?" qui n'a convaincu personne. (peut-être parce que j'étais en pleine réflexion moi-même à ce moment-là aussi
) Malgré ce "tilt", j'étais moyen convaincue. Et un jour, en librairie, je suis tombée sur "Féminismes islamiques" de Zahra Ali. Je pensais que ça allait aborder la question du voile... alors que pas du tout ! D'ailleurs, j'étais frustrée une fois arrivée au tiers du livre : "Mais je ne comprends pas, pourquoi elles n'en parlent pas ?
" et c'est ça qui m'a fait réaliser que j'étais la seule (et tous les pseudo-laïcs du dimanche) à y accorder plus d'importance que les musulmanes elles-mêmes n'en donnent à ce bout de tissu ! Et tous les témoignages du livre ont parlé d'autre chose (y a juste Zahra Ali, qui les a recueilli, qui a balancé une petite pique dans la conclusion) et ils m'ont ouvert les yeux, vraiment ! Du coup, je ne cesse de faire la publicité de ce livre mais il est très instructif et c'est devenu une de mes bibles, voilà : sur la question du voile, de la religion, du féminisme (qu'il soit musulman ou non), je le vénère.
(et je pense qu'avoir côtoyé ces deux filles de loin m'a aussi aidé inconsciemment)
Pour le reste des autres oppressions, j'ai toujours été très ouverte sur la question de l'homo.bisexualité, je ne saurais expliquer pourquoi, ça m'a toujours paru quelque chose de normal, et les problématiques transphobes n'ont pas été difficiles à comprendre non plus. (je ne sais pas comment j'ai fait pour échapper à l'influence de mon entourage sur ce plan-là, certains sont trèèèès homophobes)
Et comme l'ont dit les autres, faire preuve d'empathie est essentiel : ce n'est pas forcément inné mais ça s'apprend. Je sais que j'ai l'empathie facile et que j'avais juste besoin de me détacher des discours prétendument "logiques et raisonnables" (oui, c'est comme ça que certains qualifient leurs discours oppressifs
) et comme c'est toujours quelque chose qui m'a été reproché, j'étais aussi en plein dans une déconstruction de mon empathie.
Parce qu'on m'a toujours fait comprendre que j'étais faible et que je ne pouvais pas raisonner convenablement en ayant de la considération pour les autres. Que vouloir rendre le monde meilleur, c'était stupide parce que personne ne me le rendra et qu'il valait mieux être égoïste et fonctionner sur le principe de "Marche ou crève". Je ne dirai donc qu'une seule chose pour conclure : ne vous laissez pas faire !