Je suis désolée de débarquer ainsi dans une discussion assez sérieuse mais je voulais faire part de la très grande perplexité dans laquelle je suis depuis quelques jours, et si je ne le fais pas maintenant, je risque de laisser tomber (mais ignorez-moi si besoin est).
Je suis en train de lire un livre d'éthologie de Frans de Wall, un primatologue qui travaille principalement sur les mécanismes d'empathie et d'entraide chez les grands singes. C'est le troisième livre écrit par lui que je lis, et pour la 1ère fois, je remarque qu'il place ponctuellement des phrases de type "les femelles étant plus ceci ou cela".
Ce qui bien sûr me hérisse un peu. Mais m'interroge aussi pas mal. Y aurait-il réellement des différences comportementales genrées si évidentes chez les grands singes ? Et qu'est-ce que ça implique pour la compréhension de l'homme ?
Bien sûr, ces différences peuvent être liées à la culture des singes mais Frans de Wall fait ce type de petits commentaires aussi bien pour les chimpanzés (société patriarcales assez violente) que pour les bonobos (société matriarcale très pacifique). Je veux bien admettre que Frans de Wall puisse lui-même être biaisé dans son observation quotidienne des singes, mais quand il relate les expériences d'éthologie, celles-ci sont censées tout de même limiter les biais.
Par exemple, la fameuse expérience qui montre que les singes comprennent la notion de "à travail égal, salaire égal", à savoir que si pour la même tâche un singe reçoit du concombre et le suivant du raisin (ce qui du point de vue du singe est vachement mieux que le concombre), c'est la crise (la vidéo est hilarante, je vous la conseille
) :
J'ai appris récemment que seules les femelles réagissent ainsi à l'injustice.
Les chercheurs mettent ça en rapport avec le fait que les études semblent indiquer que l'empathie nait dans les espèces où il y a un soin apporté aux jeunes. Pour que les jeunes survivent, les parents ont besoin de comprendre ses besoins. L'empathie commence avec ce qu'on appelle la contagion émotionnelle : quand le petit est en détresse, le parent soignant vit cette détresse comme si c'était la sienne et tente d'y remédier.
Or dans l'espèce de singe ci-cessus, seules les femelles apportent des soins aux petits.
Bref, je m'interroge. Je refuse de croire qu'il y a une coupure entre l'homme et les animaux (d'ailleurs, toutes ces études montrent qu'il n'y en a pas), que l'homme soit si différent. Et je suis la première convaincue que les rôles genrés chez l'homme ont un fondement culturel.
Mais serait-il aussi possible qu'ils aient un fondement biologique en plus ?
Les différences moyenne entre les genres du type les femmes (cis ? je ne sais pas ce qu'il en est pour les personnes transgenres) ont en moyenne plus tendance à être les instigatrices du lien social auraient-ils aussi des fondements plus primales, liés à nos différences biologiques et à nos différences dans le soin apportés aux enfants ?