@Allitché @croissant @Morpheme : je réagis un peu tard (pardon) : j'ai lu votre débat sur les toilettes avec intérêt et je me dis que le mieux serait de concevoir des toilettes non genrées, ce qui permettrait de mettre tout le monde sur un pied d'égalité (tout le monde fait la queue quelque soit son genre) et aussi de limiter la transphobie...
Moi je suis partagée sur cette question. Les toilettes non-genrées paraissent presque une évidence logique dans des lieux où on ne soupçonne pas de risques de violences contre les femmes (ex: à l'entracte de l'opéra etc.) mais je pense que dans d'autres circonstances, la possibilité d'avoir des toilettes pour femme peut être nécessaire.
Par exemple, dans les bars et boites de nuit, les toilettes pour femmes sont "interdites aux hommes", ce qui peut permettre à des filles d'aller chercher du soutien auprès d'autres filles dans un lieu où on peut s'entendre ou tout simplement de s'isoler si l'ambiance devient trop étouffante. La séparation genrée permet aussi d'éviter qu'un homme entraine une femme ivre dans les toilettes puisque la présence de l'un ou l'autre attirera forcément l'attention. Alors bien sûr, il faudrait d'abord rendre le bar et la boite de nuit sûrs pour les femmes, mais c'est pas forcément le plus facile dans la société où on vit donc avoir un lieu d'intimité où les hommes n'ont pas leur place, c'est plutôt utile. Surtout qu'il ne faut pas concevoir les toilettes des boites/bars juste comme un lieu où on fait pipi. C'est un lieu où les femmes se remaquillent, discutent, vérifient leur tenue, se rafraichissent à l'écart de l'agitation etc. En bref, un lieu où on s'attarde sur soi. Dans ce cas, une femme trans peut se sentir plus à l'aise au milieu de femmes que dans un lieu mixte.
Idem, dans les lieux majoritairement masculins (stades de sport par exemple), une femme peut se sentir mal à l'aise si elle doit se retrouver à faire la queue et se laver les mains entourée d'hommes agités dans un lieu où on se déshabille.
Et enfin, pour les lieux multiculturels (aéroport etc.), les toilettes mixtes peuvent poser problème à certaines femmes qui n'ont pas l'habitude de se mélanger aux hommes dans une situation aussi intime.
Je précise que mon raisonnement s'appliquent aux toilettes composées de plusieurs petites pièces. Ex: une grande salle "toilettes des femmes" avec 10 cuvettes et plusieurs lavabos. S'il y a deux portes côte à côte, chacune avec son signe genré, je ne vois absolument pas l'intérêt de séparer les toilettes hommes et femmes (sauf que les hommes cis salissent plus facilement les sièges où les femmes cis s'assoient).
Après, je comprends aussi que les hommes puissent être choqués qu'on entre dans leurs toilettes quand ils ont des pissotières parce qu'il y a quand même le risque qu'on voit une partie de leur anatomie.
Donc voilà, le démixtage des toilettes a des avantages et des inconvénients pour moi.
@MorganeGirly Ton lien me fait penser à cette affaire d'il y a quelques jours où un joueur des AllBlacks c'est vu exclu car il avait eu un rapport sexuel avec une femme dans les toilettes d'un aéroport. Des gens se sont plein du bruit qu'ils ont fait et ont jugé ça "obscène". Là bas, ça fait l'unanimité que c'est un comportement odieux.
Est-ce que je suis la seule à ne pas comprendre pourquoi il est puni pour ça? Ils disent qu'il salit l'image de la prestigieuse équipe. Et la jeune femme qui a eut ce rapport sexuel est victime depuis d'une avalanche de haine et de slut-shaming sur les réseaux sociaux et irl...
En fait, je pense qu'il faut prendre en compte le symbole All Blacks pour la Nouvelle-Zélande. Ce sont vraiment les héros suprêmes du pays. On n'a pas exactement d'équivalent en France parce qu'on a plusieurs personnes qui représentent notre pays à l'étranger et parce qu'on a tendance à avoir le dénigrement facile. Mais les All Blacks sont supposés être les Néo-Zélandais parfaits, ils incarnent les valeurs de la masculinité idéale, ils sont LE symbole de la Nouvelle-Zélande dans le monde, la plus grande source de fierté.
Donc contrairement à nous qui avons tendance à percevoir les sportifs comme des neuneus difficiles à canaliser, les All Blacks sont perçus par les Néo-Zélandais comme des hommes irréprochables : ils sont mesurés, ils ont du sang-froid, ils sont humbles, ils sont tenaces, ils ont le sens du sacrifice, ils font passer le pays avant leur propre personne, ils ont le sens de la famille, leur équipe c'est leur priorité... C'est pas du tout bien vu quand un All Black joue les divas, couche à droite à gauche et fait des excès alcooliques. L'image du rugbyman pour les Néo-Zélandais, ce n'est pas ce "bon-vivant" qui picole et fait des blagues salaces comme en France. C'est un mec qui sait se contrôler parce que c'est un sport très sérieux et sur lequel sa famille et sa petite amie peuvent compter. Du coup, l'attitude d'Aaron Smith a beaucoup choqué parce qu'il ne s'est pas comporté comme le modèle que beaucoup de gens pensent qu'il doit être.
Parce que pour compléter ce que tu dis, il a couché avec cette fille alors qu'il a une copine (donc il a trompé sa copine, bouh!), pendant qu'il voyageait avec les All Blacks (pendant qu'il était en service!) et son coach ainsi que les leaders de son équipe ont également jugé que ce comportement n'était pas acceptable et l'ont suspendu pendant un ou deux matches. Et lui a fait des excuses nationales, en larmes, assurant qu'il avait commis une terrible erreur.
Ceci dit, ce qui est particulièrement problématique dans cette histoire c'est que d'autres joueurs de rugby ont été au coeur de scandales beaucoup plus criminels ces derniers temps, et que les médias et personnalités publiques étaient plus partagées. Par exemple, plusieurs joueurs de l'équipe des Chiefs (Hamilton) ont été accusés d'agression sexuelle (EDIT: j'avais mis viol mais ce n'était pas une accusation de viol) sur une strip-teaseuse mais l'enquête a été menée EN INTERNE. C'est à dire que le club de rugby et la fédération de rugby nationale ont menés l'enquête eux-mêmes, ont décidé que
les accusations étaient infondées et ont décidé de ne pas porter l'affaire devant les tribunaux. Ils ont été soutenus par certaines personnalités politiques (dont la ministre du droit des femmes) et critiqué par d'autres. La gestion de l'affaire a pas mal choquée le public. Du coup, le fait que cette affaire d'agression sexuelle alléguée ait suscité les "oui mais..." alors que le pauvre Aaron Smith est vilipendé pour avoir eu une relation sexuelle consentie, ça pose question.
(A titre d'exemple, le "débat" sur la mauvaise action d'Aaron Smith est abordé ici :
http://www.radionz.co.nz/news/sport/315032/time-to-flush-away-moral-outrage-over-smith)