@Moloko Je ne me souviens pas de ça, mais ça ne m'étonnerait pas que ça ait pu arriver. Je t'encourage à faire ces recherches et à nous les partager à l'occasion, plonger dans l'archéologie de la langue française est assez passionnant, et il y a déjà eu tellement de cas où on a recouru à des modifications pour des raisons parfois totalement en lien avec l'époque et le politico-social (comme le fait de fixer l'orthographe du mot nénuphar avec un ph, sans doute pour faire grec et donc savant, quand bien même le mot n'a pas d'origine grecque du tout !) que le faire pour s'accorder avec ce qu'expriment les notions de féminité et de masculinité ne serait pas étonnant.
Finalement, ce que j'en retiens, c'est qu'une forme jugée neutre n'est pas masculine, même si elle a la même formation morphologique. Pourquoi, parce qu'on verrait une proximité morphologique entre le mot auteur (masculin) et le mot auteur (neutre) devrait-on forcément y voir du sexisme en se disant que la forme de base est donc masculine ? Peut-être que certains le verront et l'emploieront ainsi, mais cela ne signifie pas que ce mot s'est construit pour mettre en valeur le masculin pour autant. C'est peut-être donner trop d'intentions à certaines évolutions linguistiques. D'autant que choisir un genre pour coller à l'usage, ce n'est pas forcément sexiste, c'est parfois utile. Si tu décides de donner à "auteur" une certaine neutralité à une époque où une bonne partie des auteurs sont des hommes, ce n'est finalement pas illogique, et cela ne veut pas dire qu'il faille être obligatoirement un homme pour être auteur non plus. Donc même en y voyant un choix lié aux valeurs/habitudes de l'époque, on peut y voir une tendance à aller vers le général en omettant les particularités, plutôt qu'un moyen d'invisibiliser les minorités.
Par ailleurs, je trouve que créer actuellement de nouveaux féminins et du langage inclusif reviendrait tout autant à "modifier la langue pour correspondre aux valeurs de l'époque". C'est presque marrant de prendre du recul sur l'évolution orthographique en se disant que certains reprochent des hypothétiques modulations de la langue tout en voulant en opérer aussi.
Enfin, quoi qu'il faille en retenir, ça montre bien qu'on peut certainement trouver des formes qui ont été insérées dans la langue pour servir une idée (ou dont l'insertion a été soutenue par des gens qui y voyaient un moyen de soutenir leur idéologie, ce qui est différent tout en arrivant à une même finalité).