borelienne;4642124 a dit :
Bonjour !
Je viens faire diversion en parlant d'autre chose que de la journée de la femme.
Pardon pour l'immense pavé, je viendrai mettre des passages en spoiler mais là je dois y aller.
Ça m'intéresserait beaucoup d'avoir des avis et réactions là-dessus !
Je crois qu'il est difficile d'être en accord avec tous les combats qui sont menés par X ou Y au nom d'un féminisme ni avec la manière dont ils sont menés et je pense qu'il est très sain de s'interroger sur ces points :chat: Je ne vais pas réagir à tout ce que tu dis et vais être très brève parce que je ne suis pas très calée sur ces sujets donc j'attendrai avec toi les réponses qu'on te fera :chat:
Je ne rebondis que sur ton premier tiret parce que je te suis sur le deuxième
(Mais je sais pas trop si ça va être bien pertinent, désolée
)
Il me semble personnellement évident que les femmes ne sont pas exemptes des pires pensées, réflexions ou actes sexistes, tout simplement parce que la société est construite sur un patriarcat et donc un sexisme, et par conséquent, puisqu'on y a tous été élevés, hommes ou femmes, nous en sommes tous imprégnés. Je n'ai pas regardé la vidéo mais si cette phrase "ce n'est pas aux femmes de plus s'habiller mais aux hommes de plus les respecter" est au sujet du harcèlement de rue (ou cette "drague lourde" dont on nous parle souvent
) par exemple, elle ne me semble par hors-contexte - pas tous les hommes évidemment, mais des hommes. Par contre, si on réfléchit à l'apparence de la femme, à ses vêtements, etc. dans un contexte plus large (en y intégrant le
slut-shaming par exemple), en effet, cette phrase ne devrait pas s'adresser qu'aux hommes.
Il est vrai que les hommes se voient aussi des normes imposées par la publicité et les magasines et qu'ils peuvent donc en souffrir tout autant que les femmes. Cela dit, j'ai l'impression que le phénomène des normes imposées aux femmes ne se limitent pas à ces deux médias. Quand j'allume ma télévision, quand je vais au cinéma... je ne vois que de jolies jeunes filles qui répondent à des critères physiques précis. Beaucoup de jolis jeunes hommes au cinéma (un peu moins je crois à la télévision), mais j'ai tout de même l'impression qu'il y a plus de diversité chez les hommes - ne serait-ce que parce qu'il y a aussi un plus large panorama d'âges (
cet article par exemple recense des couples hétérosexuels de films où le personnage principal est incarné par G. Clooney, J. Depp, H. Ford, et d'autres : s'il y a tant d'écart d'âge, c'est qu'une femme "vieille" est considérée comme peu désirable et est donc exclue d'une grande part de la production hollywoodienne). Ce n'est peut-être qu'une impression de ma part
mais je crois que parmi les grandes "stars" du cinéma d'aujourd'hui qui trouvent régulièrement du travail dans les grosses production, il y a beaucoup plus de "vieux" hommes que de "vieilles" femmes, (je dis "vieux", mais la quarantaine/cinquantaine quoi
), et les quelques femmes qui ont effectivement au moins la quarantaine semblent jeunes, alors que les hommes peuvent plus se permettre de porter leur âge, d'avoir des rides, une peau qui se relâche, un corps moins ferme, des cheveux parsemés de gris, etc. Il est évident aussi que ce jeunisme touche aussi les hommes, mais j'ai l'impression qu'il est quelque peu moins pesant. Dernière chose sur les normes physiques : celles qui sont imposées aux femmes ne le sont pas que par les médias. Elles le sont depuis le plus jeune âge : on apprend beaucoup aux petites filles à "se faire jolie" (on offre des petits kits de maquillage, des perles pour se faire de jolis colliers, des tête à coiffer, etc.) alors qu'on insiste beaucoup moins sur ces aspects dans l'éducation d'un garçon. Je crois que l'éducation féminine (par les jouets et les médias) tourne principalement autour de quatre aspects : la beauté, le couple (les films adressés à un public féminin et/ou de petites filles ont pour fin l'amour, le couple - les comédies romantiques par exemple), la maternité (les poupons qu'on offre aux petites filles), l'entretien de la maison (les dînettes et autres balais/aspirateurs ou je ne sais quoi qu'on offre encore aux filles, les femmes qui sont les personnages principaux dans les pubs pour des produits d'entretien ou pour des marques culinaires...) (Tout est lié d'ailleurs : si tu es jolie, tu te trouveras un gentil mari -> étape "Couple" atteinte -> si tu as un gentil mari, tu peux enfin te réaliser en tant que Fâme et avoir un enfant -> étape "Maternité" atteinte -> et enfin mère, tu pourras donc devenir la petite femme au foyer parfaite, image d'Epinal étou -> étape de "l'Entretien de la maisonnée" atteinte -> tu as réussi ta vie de Fâme). Et même après ça, on parle beaucoup plus de la beauté des femmes que de celles des hommes (on dira rarement d'un homme "[...] en plus il est joli") (cf. le tumblr Et sinon, je fais de la politique, ou les commentaires de Candeloro (au hasard
) aux J.O.). Un garçon qui aurait un physique "ingrat" (= qui ne correspondrait pas aux canons de beauté) sera évidemment moins favorisé qu'un considéré comme beau - mais j'ai l'impression que la société lui laisse plus de portes de sortie qu'à une femme au physique ingrat, parce qu'elle insiste moins sur ce point. (Mais ça ne veut absolument pas dire que les souffrances des hommes sont moins légitimes que celles des femmes !)
La peur de sortir a plutôt été débattue ici aussi. Finalement, c'est un cercle vicieux. On fait passer les filles pour des choses fragiles qui ne savent pas se défendre (peut-être un peu aussi parce qu'on leur apprend moins à se défendre ? Je ne crois pas qu'il y ait un équilibre exact entre le nombre de garçons et celui de filles inscrits en sports de combat ?), du coup on tente de les surprotéger à coup de "Ne rentre pas trop tard", "Fais attention", "N'emprunte pas de rues trop sombres", etc., des conseils qu'on donne beaucoup moins aux garçons. Sauf que à force de donner ce genre de conseils (qui partent d'une bonne intention), on peint le portrait d'un monde totalement hostile aux femmes, d'une ville nocturne menaçante et effrayante. Sauf que, les chiffres semble contredire ça. Si on reprend les stats de l'article de Mad sur Lily Allen, 67% des viols ont lieu chez la victime ou son agresseur, 74% des viols sont commis par une connaissance de la victime. La rue n'est donc finalement peut-être pas si menaçante. De plus, (il faudrait retrouver la source par contre, si quelqu'un l'a sous la main), il semblerait qu'en région parisienne par exemple, il y ait plus d'agressions à l'encontre d'hommes qu'à l'encontre des femmes. Donc finalement, on a peu à peu créé un climat de peur chez les femmes à propos de la rue et du soir - alors que les hommes n'ont pas franchement moins de raison d'avoir peur. Leur peur à eux est tout aussi légitime.
Au "Mais y a pas de journée des droits de l'homme", je n'ai pas différencié "l'homme" et "l'Homme" parce que c'était évident pour moi mais pas forcément pour lui ; et ensuite pour expliquer qu'il y avait encore des inégalités, j'ai voulu prendre un exemple fort, parlant, et tout ce que j'ai trouvé c'était les mises à mort par lapidation des femmes pour adultère en Afghanistan notamment 
Je m'en suis rendu compte très vite, mais j'ai pas osé revenir dessus alors que la conversation était terminée 
.
), et qu'on a pensé à cette action pour faire un truc un peu original. Pour info, une autre liste a offert des fleurs aux femmes aujourd'hui -_-
