alicia89;4648633 a dit :
[Salut, je poste tous les 36 du mois, je vous fais des bisous >< ]
[Je ne veux pas te prendre de haut, surtout]
Qu'est-ce que tu entends par le terme "agresser" ? Je suis régulièrement le blog de Crêpe Georgette [même si je ne suis pas toujours d'accord avec elle, et qu'aussi sa position de femme blanche peu parfois la biaiser], et oui, elle dit franchement ce qu'elle pense. Oui, elle enrobe pas tout dans du sucre pour mieux faire passer la pillule. J'aimerais bien voir où est-ce qu'elle "agresse" les gens.
Ensuite, je pense qu'il faut faire une différence entre "agresser" et "être virulent". Quand tu passes ta journée, tes semaines, à recevoir des commentaires au mieux de victimisation ou de dénis, au pire d'insultes (voir pire, cf par exemple Anita Sarkeesian et sa levée de fonds sur Kickstarter *facepalm*), je ne vois pas pourquoi tu devrais rester de marbre. Je ne vois pas pourquoi tu devrais rester toute douce et docile pour pas emmerder les gens. Sur ton blog ou sur ton compte twitter, et que t'intéresses à ces problèmatiques, ça me paraît légitime. Ca c'est un point général.
Le problème avec le fait d'élever la voix, c'est qu'une femme, on ne s'attend à ce qu'elle gueule, à ce qu'elle crie, à ce qu'elle soit vulgaire etc... Une femme, c'est fait pour être doux, poli, gentil etc... Pas pour gueuler. Pas pour revendiquer quoi que soit, surtout dans la sphère publique. Et honnêtement, se faire taxer de "radfem" à chaque fois que tu ouvres la bouche un peu plus fort face un homme (en ligne ou irl), ça me gonfle sévère. Parce qu'en plus (contrairement à toi apparemment), l'accusation de "radfem" est utilisée par des personnes qui n'y connaissent rien, qui est juste utilisée pour décridibiliser la personne. C'est un peu comme une case supplémentaire du bingo féministe à mon sens : le féminisme a un peu plus d'exposition (mais laquelle ? Et quel féminisme ? Pas le féminisme intersectionnel en tous cas - Caroline Fourest et Badinter, kikou !), donc tout le monde pense pouvoir donner son avis dessus, alors si en plus on peut faire fermer leur gueule à ces pétasses en utilisant leur propre mouvement contre elle, c'est encore mieux.
Ensuite, par rapport aux "homme féministes", Christine Delphy a publié un article sur la questions (je ne sais plus où, je ne sais plus lequel>< Elle parlait de plusieurs éditos de journalistes "sympathisants féministes") très intéressant. Je vous invite vraiment à le lire. Ensuite ce qui va suivre, je ne me souviens plus si je le tiens de cet articles ou d'autres glanés ça et là sur tumblr, donc mea culpa><
Je ne suis pas pour une inclusion totale des hommes dans les luttes féministes. C'était justement dans cet article il me semble, où Delphy parle d'une expérience menée dans les anneés 50/60 aux Etats Unis ils me semble, dans des groupes de paroles ayant traits aux droits civiques des Noirs Américains. Ils ont comparé les propos tenus entre les réunions mixtes blanc-noir, et réunions non-mixtes, c'est-à-dire seulement entre noirs. Ils ont constatés que lorsque la réunion était non mixte, c'est-à-dire sans la présence du groupe oppressif (même si les membres blancs avaient les meilleures intentions du monde mondial), les propos étaient justement moins enrobés, qu'ils étaient plus directs, et aussi plus avancés et radicaux en terme de revendications, justement parce qu'il n'y avait pas besoin de se policer en face d'une catégorie qui, se sentant offensée ou ne possédant tout simplement pas l'expérience du groupe oppressé, pourrait faire jouer leur catégorie dominante en leur faveur.
Même si tous les systèmes oppressifs ne sont pas comparables, cette expérience permet de mettre en lumière que justement, lorsqu'un membre, aussi bien intentionné qu'il soit, de la catégorie dominante, veut s'investir dans une lutte contre cette même catégorie, il ne peut être neutre,et les personnes de la catégorie oppressée ne le sont pas non plus, puisque le système de domination se retrouve même jusque dans la lutte contre ce système (je sais pas si je suis claire).
Donc, en tant que membre de la catégorie dominante, un homme (et c'est mon point de vue), qu'il soit gay, hétéro, ou PoC, ne sera pas légitime et n'aura pas sa place dans le mouvement féministe ( dans le sens droits des femmes, bien entendu, lorsque l'on dérive vers justement l'intersectionnalité des luttes, je ne remets pas en cause la légitimité) autant qu'une femme pourrait l'être. Parce qu'il fera parti de la catégorie dominante, e selon le paramètre du sexe/genre, et que par conséquent, il y a des schémas culturels hérités du patriarcat qui ne sont pas compatibles avec les objectifs finaux de lutte (monopolisation de l'espace, de la parole par exemple), qui empêcheront de mener à bien.
Ensuite, je ne suis pas d'accord avec l'appellation "homme féministe". Justement ,dans cette optique de système de domination, je suis navrée, mais je trouve ça passablement gonflé qu'un membre de la catégorie dominante se réapproprie une terminologie qui sert à se démarquer et à faire entendre notre voix. C'est comme le womanism : en tant que blanche, je me sens très mal à l'aise lorsque d'autres féministes blanches se réclament du womnism, alors que ce mouvement inspiré de l'intersectionnalité a été créé pour lutter contre le racisme (et donc constituer aussi un espace de parole safe) au sein des mouvements féministes, monopolisés par les féministes blanches bourgeoises. C'est la réappropriation pure et simple (j'ai appropriation culturelle qui me vient à l'esprit, mais ça en relève pas il me semble. Quelqu'un a une idée ? ), réappropriation qui sert justement à silencier le groupe oppressé.
Je suis beaucoup plus d'accord avec le terme "pro-féministe" dans la mesure où le terme exprime un accord avec les idées. Il contient le mot "féministe" qui lance un message clair sur le contenu, et en même temps, prend une distance, en laissant le groupe concerné s'exprimer. Les hommes "pro féministes" justement, ne sont pas des des "hommes féministes". En général, lorsqu'un homme se réclame du "pro féminisme", ça veut dire qu'il a déjà fait un travail sur ses privilèges, et qu'il sait qu'il n'est pas en position légitime. Ca veut dire qu'il a déjà fait un travail d'écoute, et qu'il est capable d'écouter le vécu des autres.
Hors, j'ai connus plusieurs hommes qui se réclamaient "féministes", qui signifiait en gros "Non, mais t'as de la chance, je te bats pas et je fais la cuisine, tu devrais me remercier."
Exemple perso en spoiler
Voila pourquoi je suis extrêment méfiante des "hommes féministes", qui en plus, quand tu leur fais remarquer leur connerie, tu te prends du gros mansplaining dans la gueule.
Et c'est pour ça que quand une nana pousse juste une gueulante parce qu'elle en a marre d'être confrontée à des "hommes féministes" qui lui mansplainent à la gueule tout le temps, ben elle a juste raison.
Parce qu'un homme "pro-féministe" ne fera pas de mansplaining, ou en tout cas s'il en fait, sera généralement capable sinon de el reconnaître, mais au moins de s'excuser proprement lorsqu'on lui fait remarquer.
J'espère que ça va, parce que c'est un peu le bordel dans ma tête.