Veille Permanente Sexisme

10 Mai 2008
0
2 111
0
hawley;4649278 a dit :
shinypony;4649258 a dit :
Mais.. Mais.. Mais.. C'est horrible :gonk:
Du coup, oui, ce que j'ai dit est très simpliste en effet :red:

Je pense surtout que c'est applicable à certaines situations et pas à d'autres ! Discuter calmement une heure avec un pote d'un pote dans un bar et lui exposer des arguments qui finissent par le faire réfléchir, lui proposer des lectures... Oui, ça peut le faire changer d'avis, si ce n'était pas le cas absolument personne ne serait sensibilisé au féminisme :erf: Je ne pense pas qu'il faille arrêter de faire ça sous prétexte que ça ne marche pas dans tous les contextes et avec toutes les personnes. Tout le monde n'est pas complètement fermé à l'idée de changer d'avis sur le féminisme, on parle de personnes très différentes ici : il y a un monde entre la personne qui a baigné dans le patriarcat de façon passive ou presque et qui est ouverte à d'autres idées, et celle qui y participe de façon active et qui ne veut rien entendre. On peut très bien convaincre les premiers avec du dialogue et sans les accuser, j'y tiens même.

J'imagine que tu dis ça par rapport à ce que j'ai dit, je précise que je parlais des violences conjugales.

Sinon ce n'était pas non plus mon propos de dire qu'il faille arrêter toute discussion. Je pense qu'on peut tout à fait faire changer d'avis les gens, mais s'il suffisait d'expliquer par A+B alors justement, beaucoup plus de gens auraient déjà rejoint la cause, puisqu'on a des statistiques, des témoignages etc.
Mais si les gens ne rejoignent pas cette cause, ce n'est pas parce qu'on manque de preuves ou d'arguments.

Mais 1) on est mus par tout un tas de variables qui font que modifier un comportement c'est quelque chose de très difficile à obtenir même quand il s'agit d'une bonne cause (écologie, santé, ou toute forme de discrimination sociale). 2) Ca fait quand même partie du système de privilèges de pouvoir balayer d'un revers de main tous les arguments féministes au profit d'arguments basés sur des stéréotypes faux (les féministes veulent le pouvoir, etc.). Il ne faut pas oublier que dans une discussion avec une féministe, il y a une personne qui défend le statu quo, ce qui est nettement avantageux.
Si tu vis dans un monde où tout le monde pense que la Terre est plate et que tu arrives avec ta théorie comme quoi la Terre est ronde, tu vas te heurter à quelques rejets avant que ton idée soit acceptée, que ce soit par des personnes individuellement ou par le groupe.
Et puis avec un homme ça reste une discussion entre un dominant et un dominé. Pour donner un autre exemple, je travaille dans un domaine masculin, je suis souvent la seule nana. Quand je donne une idée, elle est souvent minimisée, même si j'argumente. C'est déjà arrivé qu'un collègue donne exactement la même idée que moi (qui a été rejetée 10 min avant) mais dans sa bouche on se dit "ah oui pourquoi pas". Ma parole a toujours moins de poids. Dans le cas du féminisme c'est pareil voire pire parce qu'il s'agit de personnes qui veulent sortir de leur rôle et ça sous entend d'ébranler la position du dominant.

Ce qui ne veut pas dire qu'il faut arrêter d'en parler mais que, comme ça a été dit "il suffit d'expliquer les gens changent d'avis" ça fonctionne pas toujours (comme si on n'avait jamais essayé de faire ça avant).
C'est important aussi d'identifier les mécanismes qui font qu'on a tant de mal à faire avancer le débat.

Sinon @shinypony moi aussi je suis passée par cette période un peu idéaliste où je me disais qu'il fallait expliquer, démontrer, puisque ça avait fonctionné pour moi. Mais dans la majorité des cas, le problème ce n'est pas l'argument en lui-même (parce qu'encore une fois des éléments rationnels, des stats etc on en a) c'est ce qu'il représente pour la personne et la société, et c'est pour ça qu'on est face à des résistances.

Pour les violences conjugales ce qui est horrible c'est qu'on a peu de réponses à apporter face à ce genre d'individus. Faudrait que je me renseigne où on en est à ce sujet en clinique, et je sais qu'il existe quand même des choses pour aider les "familles" à surmonter ça quand même (donc tout le groupe, pas juste les victimes). Mais quand le problème est culturel, que la société condamne peu (au niveau pénal mais aussi social) et que la personne n'a pas envie de se remettre en question, il y a peu de choses à faire.

@Higreq
Bon au sujet du jeu vidéo, je m'attendais à ça comme réponse "internet c'est un monde à part", "l'anonymat, etc". Oui sauf qu'en fait internet =/= anonyme. Tout n'est pas anonyme sur le net, tu peux commenter des vidéos et des blogs avec ton compte facebook, twitter ou google +. Ca n'empêche pas les gens de faire des menaces de viol (ya eu suffisamment de captures d'écran pour le prouver).
Quand les gens ont l'impression d'être dans leur bon droit ils agissent en toute impunité, pourquoi ils se cacheraient?
De toute façon ce n'est qu'un exemple, en général toute initiative qui vise à faire progresser les droits des femmes est vue comme une agression au statut des hommes, même si ce n'est absolument pas l'intention.
Il y a des gens qui sont réceptifs et qui sont intéressés, mais il y a aussi beaucoup de gens qui pensent qu'elle n'a simplement pas le droit de s'exprimer sur ce sujet parce qu'elle est une femme.

On peut penser que les mecs ont regretté après coup, ou alors on peut penser qu'ils n'ont pas eu de déclic et que malgré les milliers de vues sur les vidéos d'Anita la communauté du JV refuse toujours de reconnaitre que les femmes font partie de cette communauté et qu'elles ont droit à un traitement spécial, qui comporte son lot de discriminations, mais aussi de violences et de harcèlement.

La violence en général c'est quand même une escalade qui va dans le sens moindre -> grave plutôt que dans l'autre sens. Donc je ne crois pas qu'il faille minimiser et se dire qu'en suite ils vont changer.

Sinon oui les intentions c'est bien mais tout le monde a déjà l'intention de ne pas être sexiste/raciste/ ne pas être violent. En général, les gens pensent plutôt qu'ils ne le sont pas, ou que leur comportements son justifiés (genre tout le monde trouve que violer c'est mal, mais quand même elle portait une jupe).
Mais oui je pense aussi qu'il faut continuer d'en parler, il faut prendre l'espace de parole.


Tu trouves que c'est violent de dire que le simple fait d'exister est une forme d'oppression? que sur la base d'un chromosome c'est affreux de dire qu'on portera un fardeau toute notre vie qui fait qu'on aura une influence négative sur l'autre sexe?

He ben c'est tout aussi violent de s'entendre dire depuis la naissance que puisque je suis née avec un utérus, alors le simple fait d'exister justifie mon statut de dominée, mon salaire en moins et les violences à mon égard. Je trouve ça super violent de m'entendre dire depuis que j'ai atteint la puberté que le simple fait que j'ai des seins fait que je peux transformer les hommes en prédateur sexuel.

Je n'ai absolument pas dit qu'il fallait évincer les hommes ni lutter contre eux, j'ai bien dit qu'il fallait juste qu'ils en soient conscients, ce qui est déjà dur à faire dans la mesure où ils trouvent souvent la situation "normale". Et dans la mesure du possible qu'ils essaient d'agir en conséquence (en particulier avec leurs pairs).
Ce contre quoi il faut lutter c'est ce système qui sur la base de critères biologiques, t'attribue un genre et te catégorise dès la naissance. Il y a deux genres et l'un va avoir des privilèges l'autre des handicaps. C'est contre ça qu'il faut lutter.
Être privilégié te rend oppresseur dans un système où ton statut de dominant se fait sur le dos de la catégorie dominée. Au début de la conversation e t'ai parlé des femmes qui avaient un niveau de vie plus précaire (car contrats temps partiels, intérim, salaires plus bas, postes moins importants + enfants + tâches ménagères) ce qui profite aux hommes qui se retrouvent avec le reste du monde à disposition (ce qui inclut le contrôle de l'économie, de la politique etc). On justifie les violences des hommes sur les femmes par ce système également. En conséquence, les femmes sont responsables de leurs viols, de leur harcèlement, etc et leurs libertés sont limitées (ou alors elles peuvent défier ce système, mais si elles le font elles vont devoir payer des pénalités, du type tout le monde va la considérer comme coupable en cas de viol, ou tout le monde va la traiter de salope si elle s'affiche avec trop de mecs). Et les hommes en conséquence peuvent aller et venir librement dans les espaces publics, avoir autant de partenaires sexuels qu'ils le veulent, etc.
Ce n'est pas de leur faute, mais leurs privilèges, même s'ils ne les utilisent pas sont acquis sur le dos de la catégorie dominée.
 
Dernière édition :
21 Septembre 2009
10 124
11 218
8 544
@destynova On est complètement d'accord en fait, je pense aussi que pour les violences conjugales c'est loin d'être aussi simple, et d'autres cas également. Je ne dis effectivement pas que le dialogue suffit dans tous les cas, je pense juste que c'est quelque chose qu'il faut toujours essayer, en parallèle d'autres actions évidemment, tout ne peut pas passer par le dialogue pur :) Mais pour avoir déjà poussé quelques personnes à changer de mauvaises habitudes et à y réfléchir, c'est un mode d'action qui me convient personnellement, même si ça ne résout pas tous les problèmes. Comme @shinypony je suis plutôt en faveur du "ce que tu dis est sexiste, voilà pourquoi", plutôt que tu "tu es sexiste, voilà pourquoi". Ca prend plus de temps, c'est pas toujours efficace, mais je pense que c'est une bonne base pour rendre les gens attentifs au sujet.
 
17 Février 2013
408
2 357
3 004
destynova;4648668 a dit :
Moi ça me fait penser à certaines choses qu'on observe au sujet du racisme. Les blancs ayant plus facilement la parole, on va plus facilement les ecouter. Et puis les blancs qui parlent de racisme ce sont des gens bien alors que les noirs qui le font c'est normal. Le problème c'est que l'histoire du racisme, celle qu'on nous enseigne, elle est écrite par des blancs, et on a pas mal de films aussi qui parlent de racisme mais d'un point de vue de blanc (par exemple La couleur des Sentiments, ou au final c'est une femme blanche qui va "résoudre" le problème de racisme dans son quartier, ce qu'on appelle le White Savior Complexe). Au final la parole des personnes concernées est complètement confisquée sans qu'on s'en rende compte et en plus les messages sont biaisés. Ça me fait penser a l'islamophobie aussi et à comment on a tendance à instrumentaliser le problème du voile et de la place des femmes dans la religion musulmane. Sauf qu'en prétendant les sauver, on les prive aussi de parole (j'ai pas beaucoup vu de journalistes aller écouter les personnes concernées).
Pour le féminisme, on souffre aussi d'un problème de médiatisation, les mouvements que connaissent les gens sont soit les femen soit les chiennes de garde. Donc j'imagine que si le seul mouvement que les gens cautionnent sur le sujet est un mouvement d'hommes non mixte ce sera pas vraiment une avancée (genre les femmes elles sont pas foutues de faire un truc correct elles memes).

Et puis pour les conseils sur le harcèlement, moi aussi j'avais trouvé ça un peu violent mais avec le recul je peux comprendre. D'autant plus que c'est possible our les Hommes d'aider en s'adressant aux hommes (cf men against rape qui s'adresse aux hommes, en plus je pense que ça a plus d'impact). Je pense que ça nous parait dur mais que c'est une forme de discipline assez saine a long terme et qui ne coute pas si cher.


Merci à toi (et aux autres je vais y venir :lol: ) de ta réponse.

En fait j'avais bien compris que ce que décriait CrêpeGeorgette c'était le fait que même des hommes féministes pouvaient finalement, inconsciemment, même animés des meilleures intentions, reproduire le schéma patriarcal, à savoir comme tu le dis, confisquer le temps de parole comme pour le racisme, et au final occuper (en plus de leurs espace déjà conséquent en dehors de la sphère féministe/antiraciste/...) donc le peu de visibilité qu'ont les opprimés, et que donc elle préfèrait voir des hommes créer leurs propre mouvement (de déconstruction de la virilité ect), et bon, franchement même si je ne suis pas forcément pour l'exclusion des hommes du féminisme, je comprends sa pensée somme toute argumentée, mais ce que je n'avais pas aimé c'était cette condescendance, certes surtout dans les commentaires en fait, avec laquelle elle s'adressait à certains hommes, j'ai trouvé ça moche.

Ok, ils n'avaient pas tout compris (et je comprends qu'à la longue, ça lasse), mais certains l'intention était là, et elle s'est ouvertement foutue de leurs gueule ça m'a un peu gavée (personnellement).

En fait j'ai juste vu beaucoup de mépris, et je me suis dit mais putain à quoi ça rime ça.

Etant nerveuse, nul doute que si j'avais été un homme je l'aurais très mal pris (c'est sans doute bête mais c'est humain, tu n'as pas envie d'écouter quelqu'un qui à ta première intervention qui va dans son sens -fut t'elle un peu bête et il faut le dire naïve- te saute à la gorge pour te dire "CEPAVRE ET LA PLUIE CA MOUILLE" et c'est un exemple parmi tant d'autres) et j'aurais envoyé chier la CrêpeGeorgette, même si son message sur le fond me semble juste.


@RaincoatRai : outre ce que j'ai dit à DestyNova, je comprends qu'une femme ne soit pas "toute douce, toute gentillesse, toute miel" perso je clash souvent, et j'ai eu droit aux "hystériques", mais face à des types complètement dans le faux, un type qui ne comprend pas toutes les nuances d'un propos mais essaye, je ne vais pas lui casser du sucre sur le dos, lui dire de façon méprisante "tu vois maintenant, je vais devoir te rassurer parce que tu t'es senti offensé, et ça me fait perdre du temps" (je ne retrouve plus ce qu'elle dit exactement mais c'est dans ce gout là).

Autre chose, son intro sur "Détruire la virilité", deuxième paragraphe je lis "Alors puisque certains cherchent leur place dans le féminisme, que même là il faut se préoccuper d'eux sinon ils passent leur temps à solliciter notre attention pour en réclamer une, attribuons leur en une."

Alors ok je comprends le sens du propos, mais pour moi ça reste agressif, un type me parle comme ça en me traitant comme une pauvre petite gamine noeud-noeud, ça me portera terriblement sur les nerfs.

Je trouve ça hyper condescendant. Alors bien sur, elle ne vise pas tout les hommes, bien sur, mais le réflexe (humain encore une fois), c'est que quand on cite de manière abstraite une catégorie de personne, même les "innocents" se sentent attaqués, c'est suremment égocentrique, mais c'est généralement comme ça.

Pour moi on est déjà à 100 lieues des propos "tout miel". En fait quand je lis les propos de Crêpe Georgette, généralement je me dis "est-ce que je trouverais normal qu'on me parle comme ça ? Est-ce que ça me donnerait envie d'écouter les propos de la personne et véhiculer ses valeurs ?". Et la réponse est non.

Sinon je comprends que tu sois réticente à inclure des hommes dans le féminisme c'est un point de vue qui se vaut, la plupart auraient effectivement du mal à se remettre en question, exemple flagrant avec ton ex-copain justement qui n'a rien compris, pire, qui t'as forcé la main (d'ailleurs j'espère que tu n'en gardes pas de traumatisme).

Mais après je ne trouve pas que les traiter avec condescendance :

1) Va aider les hommes à se remettre en question et à prendre conscience de leurs privilèges, et si ils étaient sensibilisés au féminisme ça pourrait en faire fuir certains. Donc même dans l'optique ou ils devraient parallèlement au féminisme déconstruire la virilité, ça va en décourager certains.

2) Va leurs faire prendre conscience que le féminisme ce n'est pas QUE les femens.

Et pour finir, j'ai remarqué que aller frontalement dire à quelqu'un "toi t'as tord, et moi j'ai raison" amenait en général à radicaliser la personne (dans sa pensée opposée à la mienne s'entend) plutôt qu'à l'ouvrir à l'écoute, et à se remettre en question.

Après c'est mon avis personnel de la question bien sur.

@Tessy : merci également de ta réponse, comme pour DestyNova et RaincoatRai, le fait qu'une partie des féministes voient la présence des hommes dans le mouvement comme de l'ingérence et du vol de parole ne me pose aucun problème, après tout ça se tient.

Surtout que comme tu le dis, avoir une personne seulement au fait de la théorie, qui prend la parole au nom des opprimés, en expliquant combien ils sont aliénés, ça peut effectivement couper l'envie d'écouter les dits opprimés, vu qu'ils sont "aliénés".

C'était plutôt la façon d'amener le propos que je décriais.

Après cette façon de faire "à la Crêpe Georgette" ou comme l'ancien détenu dont tu parles, peut effectivement avoir des effets positifs et faire prendre conscience des privilèges, mais je pense (dis moi si je me trompe) que ce sont surtout les personnes déjà sensibles à la discrimination qui vont être sensibles à ce type d'argumentaire ... non ? Imagines toi, en homme blanc, qui représente le modèle de la société.

Bref le mec blanc, hétéro, cis et tout le bordel, il s'intéresse à x discrimination, tout en ayant peu ou jamais (généralement) connu de discrimination (sauf si il est dit laid, roux, gros ... fin voyez, je parle du mec lambda), il a donc du mal à comprendre la colère des opprimés. Mais il essaye.

Et là le groupe opprimé lui donne l'impression de le mépriser ouvertement, il va se dire "bon ok ils l'ont cherché" (je ne dis pas que je pense qu'on le cherche, ça serait paradoxal bien sur, je dis que pour quelqu'un de non sensibilisé, sa première impression sera généralement ça)

Après tu dis que ce que tu aurais trouvé condescendant, c'était que l'ancien détenu ne te fasse pas remarquer tes erreurs, et que justement tu respectes les hommes en leurs faisant remarquer leurs erreurs, c'est un point de vue qui se défend, mais on peut faire remarquer les erreurs sans tomber dans l'agression, comme Crêpe Georgette. En tout cas, même si je me répète, si j'étais un homme intéressé au féminisme, à la condition des femmes et à la déconstruction des genres, certains propos m'auraient paru vachement méprisants.

Tout le monde ne peut pas bien réagir en se faisant ouvertement engueuler, en somme, et c'est peut-être idiot, mais c'est surtout humain, et (de mon point de vue) compréhensible.

En tout cas encore merci à toutes de m'avoir répondu.
 
30 Mai 2012
1 557
1 444
5 164
mamie-caro.tumblr.com
higreq;4649362 a dit :
Je n'ai pas dit que c'était uniquement la faute des féministes qui seraient trop énervées, j'ai dit que ça ne pouvait pas jouer en leur faveur, c'est tout ;) Je n'ai pas dit que j'avais la solution miracle pour que les gens écoutent intelligemment les autres, je faisais simplement une petite réflexion sur quelque chose que j'ai souvent remarqué, c'est tout.

En fait, si, s'énerver peut jouer en leur faveur. Pour la simple raison que parfois, si tu restes calme et polie et que tu mets de l'eau dans ton vin en permanence pour ne pas brusquer les personnes qui sont en train de te marcher dessus, eh bien on peut ne plus t'entendre, ou bien tu te retrouves à tellement faire attention aux sentiments de tes oppresseurs que ton discours devient creux.

C'est des féministes et womanistes les plus radicales que j'ai le plus appris. Moi aussi, on m'a élevé dans l'idée que la colère, c'est pas bien (même si mon père passe son temps à s'énerver et à nier s'être énervé, bravo la cohérence, enfin bref) et qu'il faut toujours rester calme et poli et ne jamais vexer personne quelles que soient les circonstances. Donc au début, les féministes les plus  véhémentes me "rebutaient" (je ne trouve pas le mot, c'était moins fort que rebuter, mais c'est l'idée), je pensais moi aussi que ce n'était pas la solution, que ça allait faire fuir les gens plus qu'autre chose, etc etc.

Et puis je me suis mise à écouter le fond davantage que la forme. Je me suis mise à accepter l'idée que la colère pouvait être salutaire.

C'est en lisant Audre Lorde que j'ai compris à quel point la hiérarchie qu'on établit entre émotion et raison est artificielle. Par exemple, parfois vous lisez un texte ou regardez une vidéo, et l'argumentaire vous semble bien construit, les comparaisons semblent cohérentes, le truc se tient d'un point de vue purement rhétorique. Mais vous sentez que NON. Quelque chose CLOCHE. Ce mec est en train de dire DE LA MERDE et ça vous fout en ROGNE. Mais vous ne mettez pas tout de suite le doigt dessus, et il vous faudra parfois décortiquer le truc, y réfléchir longtemps pour trouver les raisons de votre rejet. Mais ce sont vos émotions qui vous ont alerté en premier.

Quand c'est quelqu'un en face de vous qui débite des conneries, et que vous vous mettez en colère, on va dire que vous n'êtes pas rationnelle - pourquoi tu n'arrives pas à discuter de ça posément comme Machin, qui t'explique d'un calme olympien ses thèses masculinisto-soraliennes ? Eh bien parce que Machin est en train de piétiner ton humanité et celle de toutes les femmes. Et quand on piétine l'humanité des gens, ça te fout la gerbe.

Donc il est bon de dépasser un peu la notion rationnel, calme, posé = bien / émotionnel, énervement, révolte, conflit = mal. Parce que, quand on passe outre cette façon de penser, on se met à vraiment écouter ce que disent les gens. Et on apprend. Et on comprend. Et on commence à se mettre en colère soi-même.

higreq;4649362 a dit :
Le fait que ce phénomène se passe au milieu d'une communauté particulière et sur Internet me fait penser qu'il y a une bonne grosse partie d'effet de groupe et de sécurité de l'anonymat qui joue. Si quelqu'un regarde une de ses vidéos, seul, sans aucune idée de ce que ses pairs en pensent, je suppose qu'il a pas mal de chances de se dire "Merde alors, c'est vrai que parfois ça craint" (sans que ça crée forcément un vrai déclic féministe, hein). Mais les gens s'entraînent les un les autres dans une spirale de rejet, parce que le déni est plus facile que la remise en question.
Mon côté bisounours continue à penser qu'un jour, avec le recul, ces gens là repenseront à leur réaction et se diront qu'ils sont passés à côté de quelque chose.

L'anonymat n'y change pas grand chose. (J'avais lu une anecdote sur quelqu'un qui avait mis en place un système pour que les commentateurs soient obligés de se logguer sous Facebook, avec leur vraie identité qui s'affichait, donc, et quelqu'un lui avait demandé (je paraphrase) : "alors, tes commentateurs se comportent moins comme des connards ?" et la personne avait répondu : "oh, si, ils se comportent toujours comme des connards, mais sous leur vrai nom."

En tout cas, quelles que soient les raisons (et je pense que le côté récompense sociale par la reconnaissance des pairs joue davantage que l'anonymat), ça prouve que non, la raison pure et argumentée ne suffit pas.

higreq;4649362 a dit :
J'ai tendance à penser que le rationnel finit toujours par l'emporter et qu'une fois qu'on s'est rendu compte que nos arguments relèvent de l'affectif on les juge invalides, mais j'oublie aussi souvent que tout le monde ne fonctionne pas comme ça :hesite:
Cependant, je considère qu'une intention, c'est déjà bien. Ça ne suffit pas, mais c'est par là que ça commence, non ? Je m'intéresse au féminisme, et même s'il y a des concepts que j'ai intégré et que je défend, parfois j'ai une parole sexiste ou slut-shameuse qui m'échappe par réflexe, et je suis presque sûre que ça arrive à la plupart des féministes "débutantes". Quand je dis un truc con/sexiste, le mal est fait, mais y re-réfléchir et prendre conscience que c'était mal, c'est déjà une amélioration. De l'importance d'en parler, parler, parler, parler pour que les gens s'interrogent sur eux-même.

Comme d'habitude quand quelqu'un parle des intentions et que c'est-déjà-pas-mal, voici un article qui explique que non, les intentions, ce n'est pas suffisant, et ça n'excuse rien. C'est en anglais (si y a besoin d'une traduction, demandez). Ca risque de te faire encore plus réagir, mais vraiment, lis-le et digère ça tranquillement.

Si quelqu'un a VRAIMENT de bonnes intentions, alors quand on lui signale que ce qu'il-elle dit ou fait n'arrange pas les choses voire fout la merde, alors la bonne réaction est de dire "ah ouais, je n'y avais pas pensé, je vais y réfléchir, me renseigner et essayer de ne plus recommencer". Sinon, c'est que ses intentions... ne sont pas si bonnes que ça ! Si l'objectif de la personne reste de justifier son comportement à tout prix ("je ne savais pas que c'était mal ! c'était juste pour rire !", etc), alors la personne est en train de dire que les conséquences de son acte sont moins graves que le fait qu'on l'ait blessé-e en les lui signalant.

Donc oui, on fait toutes et tous des erreurs, mais brandir nos intentions ne fait absolument pas avancer le schmilblick - ça prouve juste que la prochaine fois qu'on fera une erreur, on résistera encore aux critiques.

(Sur le même sujet, voir ou revoir la vidéo de Chescaleigh, Getting Called Out: How to Apologize).

higreq;4649362 a dit :
Mais c'est hyper-violent de dire que le simple fait d'exister est une oppression :eh: Alors c'est une fatalité, un fardeau livré à la naissance avec le chromosome Y, toute votre vie et quoi que vous fassiez, vous serez oppresseurs, vous aurez une influence négative sur toutes les femmes que vous approcherez ? Et s'ils sont oppresseurs, alors il faut lutter contre eux, les évincer ?
En quoi être privilégié nous rend oppresseur ?

Il faut vraiment lâcher l'idée qu'on accuse les gens en leur pointant du doigt leur privilège, et que désigner quelqu'un comme privilégié ou oppresseur veut dire les détester ou les considérer comme la lie de l'humanité.

Oui, dans notre société telle qu'elle est aujourd'hui, le simple fait d'être un homme cisgenre positionne cet homme comme privilégié et oppresseur. Oui, il peut agir sur l'impact qu'il a au sein de la société. Non, il ne peut pas ce défaire de son privilège, tout comme moi, femme blanche, je ne peux pas me défaire de mon statut d'oppresseur vis-à-vis des personnes non blanches. Note qu'il pourra être oppressé sur d'autres axes d'oppression, racisme, homophobie, validisme, classisme, etc, mais ça ne lui retirera pas son privilège masculin - son privilège sera éventuellement modifié, tempéré, mais il sera toujours moins victime d'oppression qu'une femme qui subirait les mêmes axes d'oppression.

Le choix du mot "fardeau" est vraiment super malheureux - tu as entendu parler du poème Le Fardeau de l'homme blanc ? S'il existe un fardeau, c'est bien d'être oppressé, pas privilégié. Le "fardeau" de l'oppresseur, c'est de parfois recevoir des critiques de la part des oppressés, et éventuellement de se sentir coupable. Le fardeau de l'oppressé, c'est (en vrac et selon les oppressions) d'être battu, discriminé, violé, d'être dépouillé de ses biens, de sa culture, d'être forcé de vivre dans la peur, dans le mensonge, de se plier à des lois injustes, de subir toutes les petites humiliations du quotidien, y compris de la part de gens "bien intentionnés", "tolérants" et "pas X-iste pour un sou" !

@alicia89 : je comprends qu'on puisse trouver Crêpe Georgette virulente, mais BON SANG, tu as lu les commentaires, donc tu peux peut-être comprendre POURQUOI ? Elle passe son temps à réexpliquer encore, et encore, et encore les mêmes choses, et il y a ENCORE, ENCORE et ENCORE des connards qui se ramènent, note après note, pour poser leurs couilles sur la table et débiter des conneries, du slut-shaming, du victim-blaming, du tone-policing, etc etc, et ça QUEL QUE SOIT le ton de l'article. Souvent, tu te demandes si le mec a pris a ne serait-ce que lu l'article en entier. C'est pénible. C'est insupportable. Alors oui, elle anticipe les réponses, pas par condescendance, mais parce qu'elle reçoit systématiquement ces réponses. Personnellement, j'enrage bien plus contre les connards qui viennent se poser en experts dans les commentaires en servant tout ce qu'il faut de clichés et de culture du viol que contre elle qui essaye de poser clairement ses limites.
 
Dernière édition :
17 Février 2013
408
2 357
3 004
mamiecaro;4649452 a dit :
C'est en lisant Audre Lorde que j'ai compris à quel point la hiérarchie qu'on établit entre émotion et raison est artificielle. Par exemple, parfois vous lisez un texte ou regardez une vidéo, et l'argumentaire vous semble bien construit, les comparaisons semblent cohérentes, le truc se tient d'un point de vue purement rhétorique. Mais vous sentez que NON. Quelque chose CLOCHE. Ce mec est en train de dire DE LA MERDE et ça vous fout en ROGNE. Mais vous ne mettez pas tout de suite le doigt dessus, et il vous faudra parfois décortiquer le truc, y réfléchir longtemps pour trouver les raisons de votre rejet. Mais ce sont vos émotions qui vous ont alerté en premier.


Ce commentaire n'est pas constructif (edit : le mien, pas celui de Mamiecaro :lol: ), mais tu viens de mettre le doigt sur un truc qu'on pourrait appeler "L'effet Soral" tellement ça définit bien cette sensation de mal-être en lisant du bullshit mais "ça a l'air cohérent mais, en y réfléchissant, est-ce que ce ne serait pas un peu de la merde quand même ?" :taquin:
 
Dernière édition :
17 Février 2013
408
2 357
3 004
shinypony;4649453 a dit :
hawley;4649339 a dit :
mamiecaro;4649324 a dit :
hawley;4649278 a dit :
shinypony;4649258 a dit :
Mais.. Mais.. Mais.. C'est horrible :gonk:
Du coup, oui, ce que j'ai dit est très simpliste en effet :red:

Je pense surtout que c'est applicable à certaines situations et pas à d'autres ! Discuter calmement une heure avec un pote d'un pote dans un bar et lui exposer des arguments qui finissent par le faire réfléchir, lui proposer des lectures... Oui, ça peut le faire changer d'avis, si ce n'était pas le cas absolument personne ne serait sensibilisé au féminisme :erf: Je ne pense pas qu'il faille arrêter de faire ça sous prétexte que ça ne marche pas dans tous les contextes et avec toutes les personnes. Tout le monde n'est pas complètement fermé à l'idée de changer d'avis sur le féminisme, on parle de personnes très différentes ici : il y a un monde entre la personne qui a baigné dans le patriarcat de façon passive ou presque et qui est ouverte à d'autres idées, et celle qui y participe de façon active et qui ne veut rien entendre. On peut très bien convaincre les premiers avec du dialogue et sans les accuser, j'y tiens même.

Enfin, personne n'a dit qu'on ne pouvait convaincre personne par le dialogue ni qu'il fallait arrêter de dialoguer.

@ShinyPony     avait l'air de penser que sa vision "dialogue" était simpliste, je voulais lui exposer mon avis quant au fait qu'il ne fallait pas baisser les bras là-dessus parce qu'il y a une frange de personnes que ça ne touche pas, c'est tout :)
Nan ce que je trouve simpliste c'est pas le dialogue, je trouve ça utopique de vouloir régler tous les problèmes par ça mais pas simpliste.
Ce que je trouvais simpliste c'est ce que j'ai dit sur les hommes batteurs, je pensais qu'on culpabilisait forcément et apparemment non.

@MamieCaro   Haha c'est fou les différents ressentis, parce que moi j'apprends le plus ici, les féministes plus véhémente je peux pas les écouter. Je pense que c'est beaucoup du à mon éducation, je me faisais pas vraiment engueuler, mes parents devaient juste hausser un peu le ton et je savais que j'avais fait une connerie. Du coup si on me parle sèchement je me sens déjà mal. Alors quand on est carrément virulent j'arrête de lire (ou d'écouter, je dois juste me concentrer pour pas fondre en larmes) (c'est handicapant dans la vie de tous les jours, hein, mon ex pétait un plomb à se sentir tortionnaire juste parce qu'il avait pris un ton sec :yawn: )
Du coup il faut des féministes virulentes et des féministes douces comme ça tout le monde trouve son compte :fleur:


Je suis dans la même situation, j'ai du mal à écouter les gens virulents, sauf que moi c'était justement parce qu'au moindre pas de travers je me prenais un poing dans la gueule suivit de longues insultes. Plus un passé de "victime" à l'école, du coup à l'heure actuelle, quelqu'un de virulent je vais directement monter le ton aussi, même si le fond de ses propos peut être cohérent, et l'agresser, voire finir par lui claquer le nez selon l'humeur du moment.

Disons qu'avant j'étais trop passive, maintenant je monte sur mes grands chevaux dès que j'ai l'impression qu'une personne me manque de respect. Mais après si la personne n'agresse pas, je n'agresse pas non plus :lol:


@alicia89 : je comprends qu'on puisse trouver Crêpe Georgette virulente, mais BON SANG, tu as lu les commentaires, donc tu peux peut-être comprendre POURQUOI ? Elle passe son temps à réexpliquer encore, et encore, et encore les mêmes choses, et il y a ENCORE, ENCORE et ENCORE des connards qui se ramènent, note après note, pour poser leurs couilles sur la table et débiter des conneries, du slut-shaming, du victim-blaming, du tone-policing, etc etc, et ça QUEL QUE SOIT le ton de l'article. Souvent, tu te demandes si le mec a pris a ne serait-ce que lu l'article en entier. C'est pénible. C'est insupportable. Alors oui, elle anticipe les réponses, pas par condescendance, mais parce qu'elle reçoit systématiquement ces réponses. Personnellement, j'enrage bien plus contre les connards qui viennent se poser en experts dans les commentaires en servant tout ce qu'il faut de clichés et de culture du viol que contre elle qui essaye de poser clairement ses limites.



Oui, je peux comprendre, malgré tout je ne cautionne pas, c'est pas chaque fois les mêmes types qui reviennent dire de la merde. Du reste elle était condescendante avec des gars qui ne tenaient pas des propos "spécialement" mauvais, il y en avait même pleins qui allaient dans son sens (donc pas de victim, slut-shaming, ...), ça ne l'a pas empêché de les pourrir.
 
Dernière édition :
10 Mai 2008
0
2 111
0
alicia89;4649467 a dit :
mamiecaro;4649452 a dit :
C'est en lisant Audre Lorde que j'ai compris à quel point la hiérarchie qu'on établit entre émotion et raison est artificielle. Par exemple, parfois vous lisez un texte ou regardez une vidéo, et l'argumentaire vous semble bien construit, les comparaisons semblent cohérentes, le truc se tient d'un point de vue purement rhétorique. Mais vous sentez que NON. Quelque chose CLOCHE. Ce mec est en train de dire DE LA MERDE et ça vous fout en ROGNE. Mais vous ne mettez pas tout de suite le doigt dessus, et il vous faudra parfois décortiquer le truc, y réfléchir longtemps pour trouver les raisons de votre rejet. Mais ce sont vos émotions qui vous ont alerté en premier.


Ce commentaire n'est pas constructif, mais tu viens de mettre le doigt sur un truc qu'on pourrait appeler "L'effet Soral" tellement ça définit bien cette sensation de mal-être en lisant du bullshit mais "ça a l'air cohérent mais, en y réfléchissant, est-ce que ce ne serait pas un peu de la merde quand même ?" :taquin:

Pour le coup en psycho dans le DSMIV ya un vrai syndrome qui correspond à ça (mais j'ai pas fait clinique, faudrait que je retrouve le nom, je crois que c'est un trouble de la personnalité).
C'est le syndrome des gens qui vont souvent soutenir des "théories du complot". Les théories ont l'air parfaitement crédible car tout le raisonnement qui les soutiennent paraissent logiques, sauf que la base est fausse et totalement fantasmée (ça va de "les juifs dominent le monde, les camps n'ont pas existé" à "les extra terrestres tirent les ficelles et Rael est leur messager"). C'est très proche de la paranoïa. Mais surtout ce sont des gens qui peuvent vraiment être très crédibles, parce qu'ils ne sont pas fous, ils peuvent vous donner des arguments, des preuves historiques, etc sauf que la base est fausse.

Pour Soral, soit c'est de la manipulation et il sait ce qu'il fait, soit c'est ça.

Je me suis déjà faite la réflexion à moi même pour le féminisme (je gamberge beaucoup :cretin: ), parce qu'au bout d'un moment justement tu te dis que tu dois être folle, avec tous les trucs que t'as lu, tous les chiffres, les rapports, tu te demandes comment les gens peuvent ne pas y croire. Parfois je me dis que les conséquences de notre système sont trop grosses, trop violentes pour qu'on ne les voit pas. Donc ça m'arrive de me dire que je dois etre folle et que c'est moi qui fait fausse route. Les autres ne peuvent pas etre si nombreux a avoir tort.

Alors de deux choses l'une, soit c'est différent de Soral parce que pour le féminisme on a de vraies bases, c'est pas de l'affabulation, c'est pas une fantaisie. SOIT je vous serai reconnaissante de m'emmener dans l’infirmerie la plus proche :cretin: (et puis si ça se trouve vous n'existez même pas et je débat toute seule dans ma tête).

Edit : ah mince mais en fait j'ai compris ton commentaire à l'envers en fait je pensais que tu disais en rigolant que l'argument de MamieCaro ne tenait pas car tu pouvais l'appliquer à des théories Soraliennes aussi. Trop tard je vous ai confessé ma parano ^^ je crois que j'ai passé trop de temps à réfléchir et répondre ctaprem
 
Dernière édition :
22 Janvier 2013
2 982
16 600
5 684
higreq;4649044 a dit :
tessy;4648851 a dit :
@higreq: hmm? :eh: je crois n'avoir à peu près rien compris à ta réponse, parce que je n'arrive vraiment pas à saisir comment tu as pu passer de mon exemple à l'idée que je prônais la guerre des sexes et la castration, peux-tu clarifier et expliquer plus précisément comment tu as interprété ce que je disais, et ce qui te choque?
Quant à demander aux hommes de parler pour nous parce que " lui qui en a les moyens, il va pouvoir faire entendre nos voix", en fait c'est précisément ce que je rejette: penser qu'on est dépendantes des hommes pour se faire entendre.

C'est simplement le « se plaindre des méchantes femmes » qui m'a un peu énervée. J'en ai simplement déduit que, en retournant la situation, ça voulait dire que si les femmes souffraient de discrimination à l'embauche, c'était la faute des méchants hommes qui leur prenaient leur place. Et ça me fait tiquer qu'on considère que les hommes sont coupables d'être privilégiés.

Le truc, c'est que même si c'est déplorable, c'est un peu vrai. Pour se faire entendre, il faut que les femmes soient deux fois plus nombreuses, crient deux fois plus fort et aient deux fois plus de preuves que si c'était un homme. Alors pourquoi ne pas demander à ceux qui comprennent nos revendications de faire en sorte que nous soyons écoutées ? (Pas de parler à notre place, nous donner les moyens de nous exprimer)
Ah, non, c'était pas dans cette optique là que je disais ça, c'était plus vis-à-vis des discours des masculinistes pour qui à la fois il faut maintenir le système patriarcal parce que quand même, un homme, c'est pas une femme, et à la fois les hommes sont oppressés parce qu'ils n'ont pas le droit de s'occuper des enfants à cause de leur femme qui prend toute la place, rendez-vous compte, elle ose occuper le rôle qu'on la force à occuper...
Pour la deuxième partie, en fait ta dernière phrase résume tout selon moi; "par parler à notre place, nous donner les moyens de nous exprimer", sauf que dans les faits, la différence est tellement, tellement floue pour la plupart des gens. Je dirais que c'est un peu comme si une femme tentait de prendre la parole en réunion sans que personne ne l'écoute et qu'un homme, dans le premier cas, redit exactement la même chose parce que c'était une bonne idée et que si c'est lui qui le dit, on l'écoutera, et dans le deuxième cas, dit à ses collègues "excusez-moi, vous avez pas accordé beaucoup d'attention à Machine alors que son idée me semblait intéressante, Machine tu peux développer s'il te plait?". Je pense que dans une situation comme la première, où l'homme récupère son idée (avec les meilleures intentions, il pensait vraiment que c'était une bonne idée), la femme va légitimement péter un câble sur lui encore plus que sur les autres qui ne l'ont pas écoutée...
(:hello: coucou Bourdieu qui a écrit l'ouvrage de référence sur la domination masculine en oubliant malencontreusement de citer ses sources... féminines.)
 
17 Février 2013
408
2 357
3 004
destynova;4649493 a dit :
alicia89;4649467 a dit :
mamiecaro;4649452 a dit :
C'est en lisant Audre Lorde que j'ai compris à quel point la hiérarchie qu'on établit entre émotion et raison est artificielle. Par exemple, parfois vous lisez un texte ou regardez une vidéo, et l'argumentaire vous semble bien construit, les comparaisons semblent cohérentes, le truc se tient d'un point de vue purement rhétorique. Mais vous sentez que NON. Quelque chose CLOCHE. Ce mec est en train de dire DE LA MERDE et ça vous fout en ROGNE. Mais vous ne mettez pas tout de suite le doigt dessus, et il vous faudra parfois décortiquer le truc, y réfléchir longtemps pour trouver les raisons de votre rejet. Mais ce sont vos émotions qui vous ont alerté en premier.


Ce commentaire n'est pas constructif, mais tu viens de mettre le doigt sur un truc qu'on pourrait appeler "L'effet Soral" tellement ça définit bien cette sensation de mal-être en lisant du bullshit mais "ça a l'air cohérent mais, en y réfléchissant, est-ce que ce ne serait pas un peu de la merde quand même ?" :taquin:

Pour le coup en psycho dans le DSMIV ya un vrai syndrome qui correspond à ça (mais j'ai pas fait clinique, faudrait que je retrouve le nom, je crois que c'est un trouble de la personnalité).
C'est le syndrome des gens qui vont souvent soutenir des "théories du complot". Les théories ont l'air parfaitement crédible car tout le raisonnement qui les soutiennent paraissent logiques, sauf que la base est fausse et totalement fantasmée (ça va de "les juifs dominent le monde, les camps n'ont pas existé" à "les extra terrestres tirent les ficelles et Rael est leur messager"). C'est très proche de la paranoïa. Mais surtout ce sont des gens qui peuvent vraiment être très crédibles, parce qu'ils ne sont pas fous, ils peuvent vous donner des arguments, des preuves historiques, etc sauf que la base est fausse.

Pour Soral, soit c'est de la manipulation et il sait ce qu'il fait, soit c'est ça.

Je me suis déjà faite la réflexion à moi même pour le féminisme (je gamberge beaucoup :cretin: ), parce qu'au bout d'un moment justement tu te dis que tu dois être folle, avec tous les trucs que t'as lu, tous les chiffres, les rapports, tu te demandes comment les gens peuvent ne pas y croire. Parfois je me dis que les conséquences de notre système sont trop grosses, trop violentes pour qu'on ne les voit pas.

Alors de deux choses l'une, soit c'est différent de Soral parce que pour le féminisme on a de vraies bases, c'est pas de l'affabulation, c'est pas une fantaisie. SOIT je vous serai reconnaissante de m'emmener dans l’infirmerie la plus proche :cretin: (et puis si ça se trouve vous n'existez même pas et je débat toute seule dans ma tête).

Edit : ah mince mais en fait j'ai compris ton commentaire à l'envers en fait je pensais que tu disais en rigolant que l'argument de MamieCaro ne tenait pas car tu pouvais l'appliquer à des théories Soraliennes aussi. Trop tard je vous ai confessé ma parano ^^ je crois que j'ai passé trop de temps à réfléchir et répondre ctaprem


Ah ah non c'est bien de mon commentaire que je parlais ^^
 
30 Mai 2012
1 557
1 444
5 164
mamie-caro.tumblr.com
alicia89;4649477 a dit :
Je suis dans la même situation, j'ai du mal à écouter les gens virulents, sauf que moi c'était justement parce qu'au moindre pas de travers je me prenais un poing dans la gueule suivit de longues insultes. Plus un passé de "victime" à l'école, du coup à l'heure actuelle, quelqu'un de virulent je vais directement monter le ton aussi, même si le fond de ses propos peut être cohérent, et l'agresser, voire finir par lui claquer le nez selon l'humeur du moment.

Disons qu'avant j'étais trop passive, maintenant je monte sur mes grands chevaux dès que j'ai l'impression qu'une personne me manque de respect. Mais après si la personne n'agresse pas, je n'agresse pas non plus :lol:

Haha, mais les amies, vous croyez que je suis Superwoman et que je bois les critiques et le manque de respect comme du petit lait ?!

JE SUIS COMME VOUS.

Je chiale très, très facilement.

Je DÉTESTE qu'on me fasse des reproches, même si ce n'est pas fait de façon très méchante.

Je me braque quand quelqu'un est agressif, même quand il a plus ou moins raison.

Seulement, il faut apprendre à aller au-delà de ce rejet. On nous a socialisées à éviter le conflit, la violence, etc. Il faut parfois apprendre à encaisser - quand c'est justifié, bien sûr. Je pense qu'être socialisée en tant que femme blanche joue aussi (je dis "socialisée en tant que" car ça s'applique aux personnes agenres assignées au genre féminin à la naissance) - être toujours socialisées comme de pauvres petits êtres fragiles à protéger à tout prix, alors que les femmes noires, par exemple, sont toujours stéréotypées comme fortes (ce qui N'EST PAS un avantage, au contraire, je précise !!). La conséquence de ça, c'est qu'on s'assied facilement sur l'acquis que personne n'a le droit d'être véhément avec nous, parce qu'on a tellement l'habitude d'être traitées avec déférence qu'on pense que c'est notre dû. Et je ne dis pas qu'on doit accepter qu'on nous manque de respect (évidemment !), mais que parfois, il faut mettre ses sentiments dans sa poche pour ÉCOUTER l'autre quand il s'agit d'oppressions qu'on ne subit pas soi-même, ou bien d'aspect de l'oppression sexiste qu'on ne vit pas ou pas de la même façon. Par exemple, le harcèlement de rue varie énormément selon différents critères : je sais que moi, femme blanche qui vit dans un arrondissement plutôt bobo, j'en subis assez peu, et donc si j'entends une autre femme s'en plaindre et râler violemment, c'est facile de se dire "ohlàlà, il faut arrêter, ce n'est pas si terrible que ça" quand on ne saisit pas la réalité de ce que vit l'autre.

L'avantage d'Internet, c'est qu'on peut y apprendre à gérer le conflit de façon non frontale. Lire des textes qui nous mettent le nez dans nos privilèges, même et surtout si c'est fait sans concessions, est la meilleure façon de se remettre en cause et d'avancer.

Je pense surtout à toi, @shinypony, qui as beaucoup évolué depuis que tu es sur le forum : si tu sors de ta zone de confort et que tu lis des points de vue qui te semblent "trop virulents", tu te rendras compte que tu passais à côté de chose vraiment intéressantes. Rien ne t'oblige à adhérer à tout ce que tu lis au premier abord - mais accepter de s'exposer à des façons de pensée qui te déstabilisent peut t'aider à t'ouvrir. Je ne regrette vraiment pas de m'être poussée à lire des blogs de féministes et womanistes qui n'ont pas leur langue dans leur poche. (Et je revendique l'utilité, que dis-je, l'absolue nécessité d'un tumblr comme male-tears.)

EDIT : j'ai répondu un peu vite et je n'avais pas bien lu le début de ton message, @alicia89. Désolée pour ce que tu as subi. :hugs: Dans ton cas, j'imagine qu'effectivement ce genre de violence doit énormément marquer, et que c'est plus complexe qu'une simple peur du conflit.
 
Dernière édition :
17 Février 2013
408
2 357
3 004
mamiecaro;4649532 a dit :
Haha, mais les filles, vous croyez que je suis Superwoman et que je bois les critiques et le manque de respect comme du petit lait ?!

JE SUIS COMME VOUS.

Je chiale très, très facilement.

Je DÉTESTE qu'on me fasse des reproches, même si ce n'est pas fait de façon très méchante.

Je me braque quand quelqu'un est agressif, même quand il a plus ou moins raison.

Seulement, il faut apprendre à aller au-delà de ce rejet. On nous a socialisées à éviter le conflit, la violence, etc. Il faut parfois apprendre à encaisser - quand c'est justifié, bien sûr. Je pense qu'être une femme blanche joue aussi - les femmes blanches sont toujours socialisées comme de pauvres petits êtres fragiles à protéger à tout prix, alors que les femmes noires, par exemple, sont toujours stéréotypées comme fortes (ce qui N'EST PAS un avantage, au contraire, je précise !!). La conséquence de ça, c'est qu'on s'assied facilement sur l'acquis que personne n'a le droit d'être véhément avec nous, parce qu'on a tellement l'habitude d'être traitées avec déférence qu'on pense que c'est notre dû. Et je ne dis pas qu'on doit accepter qu'on nous manque de respect (évidemment !), mais que parfois, il faut mettre ses sentiments dans sa poche pour ÉCOUTER l'autre quand il s'agit d'oppressions qu'on ne subit pas soi-même, ou bien d'aspect de l'oppression sexiste qu'on ne vit pas ou pas de la même façon. Par exemple, le harcèlement de rue varie énormément selon différents critères : je sais que moi, femme blanche qui vit dans un arrondissement plutôt bobo, j'en subis assez peu, et donc si j'entends une autre femme s'en plaindre et râler violemment, c'est facile de se dire "ohlàlà, il faut arrêter, ce n'est pas si terrible que ça" quand on ne saisit pas la réalité de ce que vit l'autre.

L'avantage d'Internet, c'est qu'on peut y apprendre à gérer le conflit de façon non frontale. Lire des textes qui nous mettent le nez dans nos privilèges, même et surtout si c'est fait sans concessions, est la meilleure façon de se remettre en cause et d'avancer.

Je pense surtout à toi, @shinypony, qui as beaucoup évolué depuis que tu es sur le forum : si tu sors de ta zone de confort et que tu lis des points de vue qui te semblent "trop virulents", tu te rendras compte que tu passais à côté de chose vraiment intéressantes. Rien ne t'oblige à adhérer à tout ce que tu lis au premier abord - mais accepter de s'exposer à des façons de pensée qui te déstabilisent peut t'aider à t'ouvrir. Je ne regrette vraiment pas de m'être poussée à lire des blogs de féministes et womanistes qui n'ont pas leur langue dans leur poche. (Et je revendique l'utilité, que dis-je, l'absolue nécessité d'un tumblr comme male-tears.)



Mmmm, personnellement je n'ai jamais été traitée comme une petite chose fragile, mais plutôt comme un homme sans couilles, le sexisme en plus. Je fais 1m86 et plus de 100kg, alors je n'ai jamais été "la petite princesse" bien que blanche, j'ai plutôt entendu des "quel beau grand garçon" prononcé à la rigolade par mon tonton, des "demandez à Alicia, elle est forte" alors que je n'ai pas plus de force que les autres filles lambdas (en plus d'avoir mal au dos et beaucoup de problèmes articulaires), des "c'est un arbre", "c'est un singe (à cause des longs bras)".

La plupart des gens ont toujours été brutaux voire méchants avec moi sous prétexte que je n'ai pas l'air fragile (et bon c'est une conséquence directe du patriarcat ça), par exemple à l'école, les garçons ne tapaient pas les filles, moi j'y avais droit, j'étais pas considérée comme telle.

J'aimerais autant que les garçons ne frappent personne, mais à l'époque je dois dire que j'aurais aimé qu'on me considère "comme une fille", parce que j'étais de constitution fragile, on m'appelait "le colosse au pied d'argile" :lol: C'est pas pour rien.

Bref dans mon cas c'est pas vraiment le fait que j'ai été traitée avec déférence, que du contraire, je m'affirme, je gueule, parfois je cogne, justement parce que j'en ai eu marre qu'on ne me traite pas avec un minimum de respect quand j'étais plus jeune, parce que je n'étais "pas une femme, mais pas vraiment un homme non plus". Ma mentalité est pour ainsi dire devenue "si tu ne veux pas me respecter, qu'à cela ne tienne, j'irais chercher ce respect moi-même"


[Edit] mamiecaro je n'avais pas vu que tu n'avais pas vu ce que j'avais dit :lol:
 
16 Février 2013
0
445
0
J'ai besoin de parler à quelqu'un je suis allée voir un énergeticien et je crois qu'il a eu desp ratiques super douteuses sur moi et je ne sais pas quoi faire..
 

Les Immanquables du forum

Participe au magazine !
Une info qu'on devrait traiter sur madmoiZelle ?
 
Nouvelle ou perdue ?
Pas de panique, on t'aime déjà !

La charte de respect du forum
Le guide technique &
le guide culturel du forum
Viens te présenter !
Un problème technique ?
Topic d'entraide sur l'orthographe et la grammaire
 
La chefferie vous informe
Les annonces de l'équipe concernant le forum et madmoiZelle
Rendre visite à madmoiZelle
Le médiateur du forum
Soutiens madmoiZelle financièrement
Topic dédié à la pub sur mad
Si vous aimez madmoiZelle, désactivez AdBlock !

Les immanquables
Les topics de blabla
En ce moment... !

Mode - Beauté - Ciné - Musique - Séries - Littérature - Jeux Vidéo - Etudes - Ecriture - Cuisine - People - Télévision

Envie de rencontrer des MadZ ?
Viens trouver le forum de ta ville !

Mode
Le pire de la mode
Ces vêtements qui te font envie
Ta tenue du jour
La tenue qui plaît
Tes derniers achats de fringues

Beauté
Astuces,bons plans économies & dupes
Le topic des vernis
Questions beauté en tout genre
 
Culture
Le meilleur des images du net
L'aide aux devoirs
Tu écoutes quoi ?
Quelle est ta série du moment ?
Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Le dernier film que vous avez vu à la maison
Le topic philosophique
 
Société
Topic des gens qui cherchent du travail
Voyager seule : conseils et témoignages
Trucs nuls de la vie d'adulte : CAF, Banque, Mutuelle, Logement etc...
 
Les topics universels
Je ne supporte pas
Je ne comprends pas
Ca me perturbe
Je me demande
J'adore...
Je m'en veux de penser ça mais...

Cupidon
Le topic des amoureuses
Le topic des polyamoureuses
Les Célibattantes