Veille Permanente Sexisme

[Scatter Brain]

@Maopowaplouf
Cette série de gifs vient de la série My Mad Fat Diary et tiens je l'ai retrouvée  (doublée ! )

Pour les TCA et la vision des gros dans la société, je tiens aussi à dire que quoi que fasse un gros, il sera toujours vu comme en déséquilibre, en mauvaise santé.
Si la personne se sent mal à l'aise par rapport à son corps, on lui dira qu'il faut qu'elle perde du poids, puisqu'elle se sent mal, et que ça lui permettra de se sentir mieux.
"Tu vois bien que tu te sens mal, tu as besoin de perdre du poids !"

Mais si jamais cette même personne ose se sentir bien dans sa peau, s'assumer complètement, mettre des vêtements courts/moulants alors on lui dira que ce n'est pas normal de faire cela, qu'elle a une vision déformée de son corps et qu'elle ne se rend pas compte de son poids.
Comme si se sentir bien en étant gros était une sorte d'anomalie qui cache un grave problème ...

Si tu te sens mal c'est une preuve que tu as besoin de changer, mais si tu te sens bien tu n'es toujours pas dans la norme

 

[MamieCaro]

@Maopowaplouf
Cette série de gifs vient de la série My Mad Fat Diary et tiens je l'ai retrouvée  (doublée ! )

Pour les TCA et la vision des gros dans la société, je tiens aussi à dire que quoi que fasse un gros, il sera toujours vu comme en déséquilibre, en mauvaise santé.
Si la personne se sent mal à l'aise par rapport à son corps, on lui dira qu'il faut qu'elle perde du poids, puisqu'elle se sent mal, et que ça lui permettra de se sentir mieux.
"Tu vois bien que tu te sens mal, tu as besoin de perdre du poids !"

Mais si jamais cette même personne ose se sentir bien dans sa peau, s'assumer complètement, mettre des vêtements courts/moulants alors on lui dira que ce n'est pas normal de faire cela, qu'elle a une vision déformée de son corps et qu'elle ne se rend pas compte de son poids.
Comme si se sentir bien en étant gros était une sorte d'anomalie qui cache un grave problème ...

Pire : on va lui dire qu'elle promeut une très mauvaise hygiène de vie ! C'est le truc qu'on entend toujours quand on dit qu'on aimerait voir davantage de personnages en surpoids voire gros dans les films / séries : "oui mais ce n'est pas sain ! Ça encouragerait les enfants à devenir obèses !!"

[img=300x248]http://media.tumblr.com/tumblr_l9fyefWTuW1qzoa9f.jpg[/img]

Et tu te dis mais...
Ces gens croient vraiment que, dans la société grossophobe où on vit, il suffirait qu'un personnage gros soit à l'aise dans sa peau pour que les enfants se disent "youpi, je vais essayer de prendre 50 kilos car ça a l'air trop cool d'être obèse" ?

 

[Juniper_]

Ces gens croient vraiment que, dans la société grossophobe où on vit, il suffirait qu'un personnage gros soit à l'aise dans sa peau pour que les enfants se disent "youpi, je vais essayer de prendre 50 kilos car ça a l'air trop cool d'être obèse" ?

C'est même encore plus pervers que ça.

Je vais prendre l'exemple de ma mère parce que je pense sincèrement qu'il est symptomatique. L'été dernier nous avons accueilli pour les grandes vacances mes deux cousines que nous appellerons M. et S. (respectivement 11 et 8 ans). Elles sont sœurs mais elles n'ont pas la même morphologie : l'aînée M. est grande et du type brindille, S. est petite et plus "ronde" (entre guillemets parce qu'elle est tout à fait normale d'un point de vue de la corpulence : elle a juste de bonnes fesses et des joues à croquer ).
Le moment du repas est devenu au bout de quelques jours un moment de tension à cause de l'attitude passive-agressive de ma mère (qui m'a rappelé tellement de choses...). La petite S. se ressert toujours aux repas. Or, la petite S. a 8 ans, elle est en pleine croissance, c'est une enfant très active, elle se ressert de tout (y compris des carottes vapeur et des épinards) et elle ne grignote pas hors des repas. A contrario, sa grande sœur M. mange très peu aux repas, rejette les légumes et les fruits et mange en cachette des paquets de bonbons et gâteaux dans sa chambre. Très vite, ma mère a associé la faim de la petite S. à un comportement bordeline boulimique et elle a commencé à comparer les deux sœurs à table en réprimandant S. pour se resservir à chaque repas.
C'est symptomatique parce que cette attitude se base sur le préjugé : gros = mange trop = en danger ; mince = self-control = en bonne santé. Or, S. a clairement un rapport plus sain à la nourriture que sa sœur M. et elle ne devrait pas être réprimandée parce qu'elle a faim.

Et je vous passe les injonctions contradictoires que la petite S. a dû subir : qu'est-ce qu'un enfant doit comprendre lorsqu'il entend au cours d'un même repas "Si tu te ressers du taboulé, tu n'auras pas droit à un dessert" et "Tu n'as plus faim ? Ben tant pis, tu t'es resservie alors tu dois finir ton assiette" ?

EDIT : Et avec le recul je ne peux pas m'empêcher de penser que si S. avait été un garçon, l'attitude de ma mère aurait été radicalement différente parce que le fond du problème n'était pas "est-ce que S. mange équilibré et sain ?" (la réponse est évidemment OUI) mais "ne faudrait-il pas dès à présent policer le comportement de S. pour qu'elle soit conforme l'idéal minceur ?".
Il faudrait que je fasse lire Mona Chollet à ma mère.

 

[Slaw]

@Chasc je suis assez d'accord avec la seconde partie de ton message, d'une manière générale, même dans le mouvement "Body Positive" on est toujours dans l'idée que la femme doit avoir un bon rapport à son corps. Le rapport à son corps ne peut pas être neutre ou inexistant, elle ne peut pas l'ignorer.

[post très décousu] :rotate:

Je trouve qu'une partie du problème réside dans le fait que l'on a une vision très réductrice de ce qui constitue un "bon" rapport à son corps. On n'envisage pas que cela puisse passer par autre chose que le fait de le trouver beau (ce n'est pas ce que tu dis, hein).
On peut avoir un bon rapport à notre corps parce qu'il "fonctionne" bien : parce qu'on peut courir longtemps, parce qu'on peut porter des charges lourdes, parce qu'il nous permet d'agir sur le monde et d'appréhender celui-ci.
Je m'avance un peu mais j'ai l'impression que les hommes ont plus ce genre de rapport au corps que les femmes : on les représente comme ayant un corps performant, actif, puissant. Et j'ai aussi l'impression que ce type de rapport au corps est considéré comme plus "neutre" et plus "naturel" : on l'interrogerait et on le critiquerait moins.
A contrario, on coince les femmes dans une attitude par au corps passive, spectatrice et assujettie, comme tu dis.



Dans les "manuels" traitant des TCA destinés aux adolescents, je me souviens que la très forte prévalence des TCA chez les femmes par rapport aux hommes était expliquée parce que les femmes/les adolescentes considéraient leur corps sous l'angle de la séduction et qu'elles "investissaient" plus la dimension esthétique/séductrice que les garçons qui, eux, étaient décrits comme entretenant un rapport plus "utilitariste" à leur corps.
Mais le problème avec ce genre d'explication, à mon sens, c'était que la différence fille/garçon en matière de rapport au corps était naturalisée : les filles font comme ci parce que ce sont des filles, les garçons font comme ça parce que ce sont des garçons. Il m'a fallu lire Beauté Fatale pour me rendre compte que le fait que les filles et les garçons n'entretenaient pas le même rapport à leur corps n'était pas un donné naturel mais le résultat d'une éducation genrée qui avait des conséquences délétères sur les filles.

Eh oui, c'est fou à quel point on nous conseille "d'investir" dans notre physique. Je traine sur des blogs beauté, notamment celui-ci. Et je suis effarée par le temps (+ l'argent) que cela prend de "se faire une coiffure St valentin", un maquillage spécial "journée passée autour de la piscine", etc. D'un côté, ça peut être très sympa de prendre soin de soi, etc. et de l'autre côté, je ne peux m'empêcher de penser que cela représente surtout une gigantesque perte de temps.
Ca tient au fait que les passe-temps féminins sont déconsidérés mais pas seulement. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose d'aliénant là-dedans. Le fait que tout doive être recommencé chaque jour, que le maquillage serve à corriger des imperfections (yeux trop petits/trop écartés, cils trop courts, bouche tombante...).

 

[Scatter Brain]

@MamieCaro
Oui, ou si on a l'incroyable privilège d'avoir un personnage gros (que ce soit un peu ou très corpulent) dans un programme, la plupart du temps ce sera un homme.
Si jamais c'est une femme, alors son poids sera en cohérence avec le rôle qu'elle a (mère de famille, personne négligente/totalement inactive, cuisinière ...).

Sinon, quand c'est bien le personnage principal qui est gros et encore plus si c'est une femme, malheureusement il y a de très grandes chances que toute l'intrigue tourne autour du poids de ce perso. Toute sa vie est tournée autour de ça et bien sûr ça représente une énorme difficulté.

Il y a aussi le personnage du gros repenti, qui revient régulièrement (Barney dans Raising Hope, ou Schmidt dans New Girl). Dans le cas des femmes, la transformation physique les a systématiquement transformées en bombasses (Hannah dans Pretty Little Liars, il y a aussi la babysitter dans un épisode de Malcolm).
Et puis bien sûr chaque fois qu'on parle de cette grande perte de poids, elle est toujours montrée comme un moment décisif de la vie du perso où il s'est pris en main. Et après ça ils n'éprouvent plus jamais aucune difficulté avec la nourriture puisque maintenant ils sont normaux (!).
Ah oui et les gros bouffent tout le temps c'est bien connu, on les voit toujours avec de la nourriture dans les mains

(Ce post n'est pas très bien organisé mais tant pis )

 

[katnissvsw]

il y a un colloque européen avec entre autres le Planning familial avec comme thème "L’éducation à la sexualité : tremplin vers l’égalité et l’émancipation
Définitions, approches et enjeux de l’éducation à la sexualité en Europe"
Ce sera le 16 mai 2014 de 8 h 30 à 17 h 30 Salle de la Bourse à Strasbourg (j'ai posté dans le forum dédié mais je le reposte ici au cas où )

 

[MamieCaro]

Et sinon vous pensez quoi des émissions pour enfants que sont les Télétubbies et les Barbapapa ? J'ai jamais vraiment regardé en soi, mais quand j'y repense c'est des personnages relativement asexués (du moins en l'apparence.. ) et plutôt tout en courbes..

Bien qu'effectivement leur genre soit peu appuyé, les Télétubbies ont un genre (si j'en crois Wikipedia, Laa-laa et Po sont des filles et Tinky Winky et Dipsy des garçons).

Et les Barbapapa aussi étaient genrés :

H   Barbapapa-----Rose
F   Barbamama----Noire
H   Barbouille------Noir (poilu) Gris (sans les poils)
H   Barbidur------Rouge
F   Barbotine------Orange
?   Barbidou------Jaune
F   Barbalala-------Verte
H   Barbibul-----Bleu
F   Barbabelle--------Violette

Par contre, c'est vrai qu'en terme de silhouettes, c'était tout doux et en rondeurs... Je serais curieuses de voir à quoi ressemblent les programmes pour tout-petits aujourd'hui ?

 

[Denderah]

Je suis dubitative sur le dernier témoignage de harcèlement relayé par le tumblr de la VPS  :

http://harcelementsderue.tumblr.com/post/82699664416/tres-jolie

Sans doute parce que moi j'aime bien, quand je vois de la beauté quelque part, partager l'émotion positive que cela me procure.
Et si cela provient d'une personne, pour son physique, ses vêtements, son attitude, ou quelque chose qu'elle aura fait, créé, etc peu importe, dans ce cas (si l'occasion se présente sans être intrusive BIEN ENTENDU), j'irais volontiers la complimenter.

Spoiler

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Je trouve que c'est positif, les compliments, quand c'est sincère, et qu'on ne partage jamais assez d'émotions positives dans notre société. Croiser nos semblables est un mal nécessaire, donc autant être sympathique, et rendre l'espace public plus agréable et chaleureux pour tous.

Du coup, je suis vraiment perplexe sur la façon dont elle, elle le ressent. Je ne remets pas en doute ce qu'elle éprouve, mais ça me désarçonne. Je n'aimerais pas produire l'effet exactement inverse de celui recherché.

La seule voie d'explication que j'arrive à appréhender, c'est que ces compliments qu'elle reçoit sont teintés d'autre chose, qu'ils ne sont pas vraiment "gratuits", et que c'est tout ce que signifie ce non-dit qu'elle ressent et qui l’écœure.

(notamment quand elle précise ce qu'a rajouté le gars auquel elle a répondu, c'est très révélateur et tellement malsain :  "Un jour tu rencontreras quelqu’un qui te fera du mal." )

Du coup, je me demande si cette fille ne supporte réellement pas n'importe quelle remarque, ou si elle parle uniquement du cas de ces "faux-compliments".

 

[clarybulle]

Je n'ai pas le temps de lire les derniers commentaires, donc je ne sais pas si ça a été signalé... Mais avez vous vu l'énorme bouse musicale remplie de slut-shaming d'Andreas et Nicolas?

https://www.youtube.com/watch?v=zpG4CZcTpRM

C'est "Super Salope", bien entendu, qui fait l'amour à tous les mecs et qui les jette après comme des merdes! Il est loin le temps des collectionneurs de canards... Ces mecs sont désespérés à ce point? Et Giedré, qu'est-ce qu'elle vient foutre dans cette vidéo (enfin bon vu le niveau de ses chansons ça m'étonne même pas)? Et comment des parents ont pu accepter de faire participer leurs gosses dedans???

 

[Denderah]

Je suis dubitative sur le dernier témoignage de harcèlement relayé par le tumblr de la VPS  :

http://harcelementsderue.tumblr.com/post/82699664416/tres-jolie

Sans doute parce que moi j'aime bien, quand je vois de la beauté quelque part, partager l'émotion positive que cela me procure.
Et si cela provient d'une personne, pour son physique, ses vêtements, son attitude, ou quelque chose qu'elle aura fait, créé, etc peu importe, dans ce cas (si l'occasion se présente sans être intrusive BIEN ENTENDU), j'irais volontiers la complimenter.

Spoiler

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Salut ! Je suis l'une des gérantes du tumblr Harcèlements de Rue.

Tu as ciblé le problème sans t'en rendre compte ! Oui, on peut complimenter un joli manteau dans la rue. C'est on objet.

Mais quand on complimente une femme comme ça, ça fait très "oh, quel bel étalage qu'est la rue, celle-ci je plussoie, celle-la qu'elle rentre chez elle". On n'a pas besoin d'être jugées en tant que femmes quand on marche. Nous ne sommes pas des objets ! Et, en plus, c'est rarement dit de manière respectueuse.

Tu as besoin que je développe un peu plus pour comprendre ou pas ? :chat:

Si je saisis bien... mais je crois que même ainsi, je ne partage pas cet avis.
Quand il s'agit de compliments sincères, sans arrière pensée, s'entend, pour moi il n'y a pas réification. Ce sont les arrières-pensées si fréquentes qui les galvaudent.

J'en veux pour preuve l'exemple d'un compliment dit par un enfant, donc par définition naïf, sans sous-entendu glauque, personne n'irait le prendre mal, non ?

Si on tique quand c'est dit par un adulte, c'est parce qu'on s'imagine (à raison aussi souvent hélas) davantage de significations derrière...

La mentalité des harceleurs pervertit vraiment tout....

 

[Flyswatter]

Je n'ai pas le temps de lire les derniers commentaires, donc je ne sais pas si ça a été signalé... Mais avez vous vu l'énorme bouse musicale remplie de slut-shaming d'Andreas et Nicolas?

https://www.youtube.com/watch?v=zpG4CZcTpRM

C'est "Super Salope", bien entendu, qui fait l'amour à tous les mecs et qui les jette après comme des merdes! Il est loin le temps des collectionneurs de canards... Ces mecs sont désespérés à ce point? Et Giedré, qu'est-ce qu'elle vient foutre dans cette vidéo (enfin bon vu le niveau de ses chansons ça m'étonne même pas)? Et comment des parents ont pu accepter de faire participer leurs gosses dedans???

Ouh, je viens de regarder, c'est pas triste!
Après il y en a qui vont expliquer que c'est du second degré, que ça se moque du cliché de la "fille facile", mais je ne vois pas trop à quel moment ils le questionnent, ou prennent de la distance par rapport à celui-ci... Ils ne font que l'appuyer avec de (très) gros sabots. :-/

 

[Lady Stardust]

@MamieCaro: j'approuve exactement tout ce que tu as dit, et j'ajouterai que, quand une personne forte maigrit, on voit en effet le "positif" ( elle maigrit) et non pourquoi/comment elle maigrit. Je me rappelle un reportage sur une femme ayant perdu très vite un poids important, qui explique qu'elle n'avale au quotidien que 600 calories par jour, que des légumes, et devient malade si elle reprend un gramme. Ce sont des symptômes d'anorexie, mais comme elle restait assez forte et charpentée, personne, sauf ma diet ( je fais une rééducation alimentaire méthode Zermatti, 3615 my life) ne m'a prise au sérieux. En général, comme l'a dit une autre posteuse, il y a un gros victime blaming à ce sujet, avec l'idée qu'on est tous faits pour faire du 36...
Et je viens de retomber sur un roman de chick lit en rangeant mes placards. L'une des héroïnes est définie par une "pseudo" agoraphobie ( parce que le problème est réglé en un claquement de doigt, il n'est pas exploré réellement) et surtout son poids. On répète sans cesse qu'elle est grosse. Or, dans un passage, elle passe une blouse, dont les boutons craquent.
La blouse est un 34. C'est l'auteur qui le dit.
Or, pour boutonner un vêtement, il faut faire pas plus de deux tailles de plus, même si les boutons craquent. Donc elle fait un 38, au pire un 40. Et on nous répète qu'elle est grosse au point qu'elle se résume à ça :sick2:
Au contraire, les romans de Jennifer Weiner sont beaucoup plus positifs; elle est féministe convaincue, ses persos sont gros, handicapés, etc... Mais ils n'ont pas besoin de changer pour être heureux. C'est beaucoup plus positif.

En fait les gens ont une vision biaisée de la réalité et n'ont aucun sens des proportions, la taille 40-42 c'est vu comme énorme par beaucoup de monde (particulièrement les ados) alors que déjà en fonction de ta taille ça ne sera pas pareil, pourtant la taille passe totalement à la trappe pour se focaliser sur une seule chose : tu fais une taille 42, tu es un éléphant, point, peu importe que tu approches le 1m90.

Racontage de vie à partir des réflexions de vos deux posts (et en mode positif: je suis aussi une de ces trois femmes satisfaite de sa silhouette @mamiecaro )

J'ai eu droit à des remarques dans le sens inverse, moins violentes bien sûr car le stigmate attaché aux personnes très maigres n'est pas le même que celui attaché aux personnes grosses (ou que les gens pensent grosses alors qu'elles ne le sont pas).
Je me sens bien dans mon corps: je suis très petite de taille, mon IMC est normal, ma corpulence normale.
Je peux passer mes doigts, comme depuis enfant, derrière mes clavicules, j'ai des poignets très fin (et mes mains sont petites en conséquences) et à côté de ça j'ai un petit bidou, des cuisses loin d'être fermes et des petites poignées d'amour (ce qui fait bizarre à certaines personnes qui me l'ont fait remarquer: ils m'estiment maigre donc pensent que je suis "maigre de partout".)

Or on m'a fait beaucoup de fois sentir que j'étais maigre (alors que non,  mon IMC me le prouve, à la rigueur dire mince, oui, mais je ne suis pas maigre), en apprenant mon poids ou ma taille de jean, ou alors tout simplement on m'a montré clairement de la jalousie, en insistant bien sûr comment je ne fais jamais de sport et mange beaucoup (donc en me faisant des remarques négatives).
Parce que faire 44 kilos, "C'EST ÊTRE MAIGRE".
Avoir de la marge dans du 34, "C'EST ÊTRE MAIGRE".

Sauf que les 44 kilos, faut les évaluer avec la taille aussi... je ne fais bien sûr pas 1m90, mais 42 cm de moins (et autant vous dire que ma taille n’envoie pas du rêve aux filles qui envient mon poids )

Bref ça m'a toujours rendu perplexe le fait de ne prendre en compte que le poids et pas le reste: je ferais une tête de plus, je pèserais plus...
Du coup ça me laisse aussi perplexe quand on parle du poids de personnes anorexiques frôlant la mort en balançant juste le nombre de kilos sans contexte.

D'ailleurs par rapport à ma taille, je l'ai toujours bien vécue, sauf les fois où on me l'a fait remarquer lourdement et que, à cause d'un manque d'efforts de la part de certains collègues, ça m'handicapait légèrement dans mon travail: mais du coup je me rendais bien compte que ce n'était pas ma taille le problème mais leur comportement à eux, et au final je crois que je m'en fous.
De même, je n'aime pas les remarques sur ma stature: qu'on me dise "tiens toi droite" pour ma santé (je suis avachie depuis l'enfance, c'est dur à corriger maintenant, surtout que je manque un peu de volonté pour ça), ça me va très bien, qu'on me le dise "parce que tu parais encore plus petite que ne l'es", euh...

D'ailleurs du coup c'est rigolo parce qu'au sujet de la taille, je n'ai pas du tout la même vision de ce qu'est une taille standard, une petite taille, etc, qu'un certain nombre de personnes ou tel qu'on en parle dans les magazines: j'ai jamais trouvé qu'1m60-1m65 soit petit pour un garçon (mais j'essaye de me baser sur les référents de la société, je pourrais comprendre les garçons qui en souffrent), ou que faire 1m58 soit "être petite" pour une fille (globalement toute personne que je dois regarder en levant la tête n'est pas petite pour moi, ça fait du monde du coup ).

@Chasc je suis assez d'accord avec la seconde partie de ton message, d'une manière générale, même dans le mouvement "Body Positive" on est toujours dans l'idée que la femme doit avoir un bon rapport à son corps. Le rapport à son corps ne peut pas être neutre ou inexistant, elle ne peut pas l'ignorer.

Je trouve qu'une partie du problème réside dans le fait que l'on a une vision très réductrice de ce qui constitue un "bon" rapport à son corps. On n'envisage pas que cela puisse passer par autre chose que le fait de le trouver beau (ce n'est pas ce que tu dis, hein).
On peut avoir un bon rapport à notre corps parce qu'il "fonctionne" bien : parce qu'on peut courir longtemps, parce qu'on peut porter des charges lourdes, parce qu'il nous permet d'agir sur le monde et d'appréhender celui-ci.

Je globalement toujours eu un bon rapport avec mon corps: il y a eu des jours sans mais ça n'a jamais duré très longtemps.

Et globalement j'ai un rapport encore meilleur depuis que je le considère comme "fonctionnant assez bien" comme tu l'expliques: je me plains de bobos, mais je trouve par exemple que je suis pas trop mal endurante (mais je cours à deux à l'heure), et je sais porter plein de caisses lourdes avec mes bras de poulet.
Je suis lente en travail manuel (retourner des burgers par exemple) mais je ne suis pas trop maladroite et je fais "bien" ce genre de travail, ce qui compense.

Bref je ne le trouve pas si mal mon corps (alors que je ne pense pas être dans les canons de beauté vu ma taille, mais c'est une construction sociale, et est-ce important pour moi d'entrer dedans? Non)

Pour les "jours sans" dont je parlais, ce qui m'a aidait c'est finalement de voir que ce que je considérais comme "hors norme" l'était en fait tout à fait: j'ai un sein plus gros que l'autre, des fois j'y pensais de manière triste... puis un jour en essayant un soutif à Etam, la vendeuse me fait cette remarque à l'essai "c'est normal d'un avoir un plus gros que l'autre, comme la majorité des gens". C'est bête mais je pensais que c'était une exception... et du coup j'ai quelquefois soupiré un peu en agrafant mon soutif, car je pensais que j'étais différente, et que différence = mauvaise chose = chose moche selon notre société.

Après, ce n'était que la première étape, j'ai aussi commencé à réfléchir sur "est-ce que la différence par rapport aux standards est une mauvaise chose moche?" (non), et je n'ai plus du tout eu de moments où je n'aimais pas trop mon corps.


Pour rester dans le sujet, voici la couverture d'un livre de cuisine que j'ai vu en bouquinerie hier:

En gros un livre sur la "cuisine familiale" (sous-entendu cuisinée par la mère) à destination des hommes et des garçons, qui, EUX, mangent beaucoup.

Tous les clichés sexistes car essentialisant sont là:
- la police d'écriture et la couleur
- les "ribs" en photo (travers de porc?)
- l'assiette avec couteau et fourchette (ce qui implique, puique c'est un bouquin américain aux États-Unis, de manger de la viande puisque sinon ils utilisent rarement un couteau).
- "mad hungry": ils ont faim! Vraiment faim!

Bref... tout cela me rappelle qu'il y a eu un reportage sur "Pourquoi les femmes sont plus petites" sur Arte, j'avais raté sa redif sur Arte+7, il est bien?
(d'ailleurs si quelqu'un a un lien pour le voir... )

Je sais qu'il parle justement du fait que les femmes sont moins nourries que les hommes non pas par choix, et que cette idée reste dans l'imaginaire comme quoi les hommes ont FORCÉMENT un gros appétit.

Alors que bon, tout dépend de la corpulence et aussi de l'appétit: je suis un peu blasée de voir qu'on me regarde en biais quand je me ressers du pavé de bœuf... on m'a souvent dit que je mangeais beaucoup, j'ai fini par intégrer cette idée, mais en y pensant je ne mange pas tant que ça... pas peu, mais pas énormément non plus.

idem pour les remarques qu'on peut faire sur "la salade en plat principal c'est pour les femmes", "les entrecôtes pour les hommes"

Dans la même bouquinerie, j'ai trouvé et achété "The Body Myth" de Naomi Wolf (à 8 dollars wouhou!), je viens de voir qu'il y a dedans un chapitre intitulé "Hunger" (la faim), je vais du coup peut-être commencer à le bouquiner tout de suite


Edit: du coup pour me souvenir de mon IMC j'ai fait le calcul sur ce site, trouvé avec google, et il me dit que j'ai une corpulence normale "Votre poids est parfaitement dans la norme admise pour votre taille. En conséquence, gardez vos bonnes habitudes de vie et d’alimentation pour conserver votre situation pondérale ".
Euh...j'aime bien comment ils partent du principe que si j'ai une bonne situation bondérale, c'est parce que j'ai des "bonnes hatitudes de vie et d'alimentation", alors que je n'en ai pas (je n'aime pas le sport et je n'en fait pas, je mange ce que j'aime, c'est gras, sucré, si possisle baignant dans la crème fraiche et le fromage fondu)

Sans compter la photo de la femme mince qui hurle en voyant son poids pour illustrer l'article