@lizzou
Pour le texte de Luc Ferry : Bullshit ? Oui et non !
-Les deux dernières phrases en gras en elle-même ne sont pas fausses, mais pas spécialement liées au gender studies. (la fameuse incompréhension des etudes de genre…. Genre c’est différent de orientation sexuelle, et la manif pour tous et ces partisans ne cesse de ne pas le comprendre)
-ce que dit jules ferry sur l’après-guerre n’est pas complètement faux non plus,
-mais faire le lien entre les deux me semble fallacieux. Le raisonnement est illogique si tu veux.
Je vais essayer de me lancer dans une explication de texte, arrêtez moi si je pars en live!
« les valeurs qui régissent l’orientation sexuelle sont purement arbitraires, »
Je ne saisis pas trop cette phrase. Quelle valeur régit l’hétérosexualité ou l’homosexualité ? Je ne vois pas de quoi ils parlent. S’il parle de les qualifier en terme de « bonne »/ « mauvaises » , alors d’accord, c’est purement arbitraire et décidé par la société.
« Imposées par l’idéologie dominante,>>
Ça me semble évident. C’est le principe des dominants/oppresseurs.
Un exemple à la con, si dans l’antiquité grecque, les élites prônaient l’homosexualité masculine comme l’idéal de la relation amoureuse, elle était effectivement la bienvenue. L’idéologie dominante ayant favorisé l’homosexualité, elle s’est instaurée comme un comportement normal et non sanctionné socialement.
Toujours en Europe, l’homosexualité a de moins en moins été tolérée au fur et à mesure de l’implantation de la religion monotheiste judeo-chretienne devenue l’idéologie dominante, avec quelques époques de grâce, mais la plupart du temps largement stigmatisée.
« de sorte que l’hétérosexualité n’est elle-même qu’une norme bourgeoise «
Bourgeoise au sens moderne du terme, parce qu’au moyen-âge et dans l’antiquité, la classe bourgeoise n’existait pas donc un autre terme serait plus approprié mais soit, passons.
Juste pour dire que comme précédemment, si l’élite/la société choisi l’hétérosexualité comme norme classique, la société verra l’humain comme hétérosexuel PAR DEFAUT. C'est le principal reproche qu'on fait à la société hétéronormée. Partir du principe que les hommes et les femmes sont tous hétéros... ben vous êtes gentils, mais non.
« sans aucune légitimité »
qui définit la légitimité ? Bonne question. Mais je ne sais pas s’il faut vraiment parler de légitimité.
la seule légitimité est donné par la société elle-même, par ses règlements, sa justice, ses croyances , sa philosophie, etc. Historiquement et antropologiquement, c’est le cas. legitime/legit/légal.
dire que l’hétérosexualité n’a pas de légitimité, ou que l’homosexualité non plus me parait incongru.
Par contre dire que « être hétérosexuel par défaut » n’a pas de légitimité me convient mieux.
Les gender studies disent que le genre est construit socialement, et qu’ainsi se sentir homme dans un corps d’homme est un construct social et non un fait biologique. Il est ainsi tout aussi légitime d’être transgenre que cis-genre, si on veut parler de légitimité.
Mais encore une fois, les gender studies s’appuient surtout sur le genre et non les orientations sexuelles….. Elles ne cherchent pas à « prouver que l’homosexualité est naturelle » ou que « l’hétérosexualité est non naturelle ». Les gender-studies, c’est une nouvelle façon de repenser les différents domaines de recherche, à l’aune des construct sociaux. Dans les études de genre, on cherche justement à différencier le genre de l’orientation sexuelle.
C’est ce que je reproche à tous les tenants de la manif pour tous, de confondre les deux. Manifestement Luc Ferry, confond également.
« ni fondement biologique »
En effet les gender studies determinent que le genre est issu de l’inné, et non de l’acquis. Effectivement, dans les gender studies , il est dit qu’il n’existe pas un gêne de la féminité, comme il n’existe pas un gène de la virilité. Donc pas de fondement biologique, en effet
« (c’est là que ça commence à déraper ferme…) ; »
en quoi cela dérape t’il d’après Mr Ferry ? il sous-entend que cette dernière préposition serait fausse, c’est pourtant la base des gender studies. Encore une mécompréhension des études de genre !
« -enfin, c’est la norme qui crée l’anormalité, c’est elle qui produit la maladie : le pathologique n’existe pas en soi; »
On va dire que c’est la suite logique des gender studies appliquées à la médecine. Je rappelle que jusqu’à il n’y a pas si longtemps l’homosexualité étaient toujours sur la liste des maladies mentales, que les « trouble du comportement sexuel»était/est le nom dont on affublait tout ce qui sort du cadre l’hétérosexuel cis-genre, c’est-à-dire, être cisgenre / hétérosexuel = être sain, être transgenre/homosexuel (+ bi +asexuel)=être malade. Si on considère les études de genre ces classifications sain/malade n’ont plus lieu d’être.
Ce qui peut continuer à être traité en psychiatrie c’est la souffrance liée à cet état, et non plus l’état lui-même. C’est une nuance importance et cruciale.
« faire une différence entre le normal et l’anormal est « fasciste »
Il faudrait arrêter avec les utilisations des mots fasciste/nazi hein, car le point Godwin est vite arrivé. mais essayons de décortiquer la phrase...
par définition faire une différence entre normal/anormal et exercer une oppression institutionnelle par la force contre le dit anormal dans le cadre d’une organisation humaine ou politique au profit de la classe dominante hétérosexuelle peut s’apparenter à une forme de fascisme. V’la les précisions quand même pour faire adhérer cette phrase avec le mot fasciste.
Je ne sais pas si les études de genre mentionnent tout cela, mais dans certains pays, cela peut-être le cas. Il y a de nombreux pays où être homosexuel est un crime passible de mort et où la violence faite aux homosexuels est ordinaire, de la part de la société quand en n’est pas de l’état. Dans ces cas là, est-il excessif de dire que faire cette différentiation est facsite, je vous laisse décider. En tout cas à mes yeux c'est immoral d'opprimer/tuer quelqu'un pour son orientation sexuelle.
–« où l’on voit les études sur le genre rejoindre le courant de l’antipsychiatrie et franchir le mur du çon… »
Hmm c’est faux ça aussi, les études de genre ne rejoigne pas le courante antipsychiatrie, elle ont offert à la psychiatrie, comme à tous les domaines de sciences, de revoir ses biais de pensée et dans la plupart des Etats cela a été fait ! Je me répète, mas j’ai comme l’impression que Luc Ferry fait exprès de ne pas comprendre.
« Les deux premiers points sont défendables, les deux derniers délirants. »
Pas tant que ça mr Ferry… comme je l’ai expliqué plus haut, c’est surtout lui qui a pas tout compris on dirait. Ou alors il dit ça pour drédramatiser ou il fait exprès de ne pas comprendre, allez savoir.
« Pour en comprendre l’origine, il faut rappeler qu’au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale l’idée d’une biologie des comportements rappelait fâcheusement le nazisme. Je me souviens des débats que nous avions dans les cours de psychologie en 1968 : dire, par exemple, qu’il pouvait exister une origine génétique de l’autisme ou de la schizophrénie était littéralement impensable, impossible à exprimer en public sous peine de mort sociale. C’était perçu comme le retour pur. et simple des fantasmes eugénistes les plus sombres. Tout devait absolument venir de l’histoire, de la famille, du milieu, de la mère – ce qui conduisit au passage à culpabiliser de manière honteuse des milliers de malheureux parents, qu’on accusait implicitement, voire explicitement, d’avoir rendu leurs enfants malades, alors qu’à peu près tous les biologistes pensent aujourd’hui qu’il y a bel et bien une origine génétique de l’autisme. »
Bon ça oui, c’est vrai, y a eu ça. En même temps les scientifiques avaient tellement déconné à plein tubes depuis quelques années (hmm le 19e siècle et la craniométrie, hmm l'eugénisme ds années 30-40, fabuleux hein) qu’il était un peu temps de réfléchir avec des pincettes.
Bon après le petit exemple pathos des parents d’autiste qu’on culpabilisait c’est peut-être vrai, j’en sais rien !
« Les gender studies n’ont été au fond qu’un cas extrême de ce refus du biologique, de ce rejet du naturel, de cette idée que rien n’est inné, que tout est acquis. »
Je ne crois pas qu’une seule gender studies dit que « tout » est acquis, mais ça serait à vérifier.
Il est fort possible en effet que ce soit un refus du biologique qui est mené au gender studies, tout simplement parce que la pensée purement biologique de l’époque n’expliquait pas tout. Au bout d'un moment quand on est dans un cul de sac, on cherche d’autre solution. Et puis bon le tout biologique ramené à la pensée raciste colonialiste et à l'eugénisme de la race pure on a vu ce que ça avait donné, il était peut-être temps de changer de cheval de bataille.
Il ne faut pas oublier non plus l’importance de la psychanalyse. Si pour l’hystérie féminine et masculine, pour l’homosexualité, pour le transgenrisme, cela n’a pas forcément donné des résultats immédiats probants (on sait comment c’était traité à l’époque et brr quand même) , la psychanalyse de l’époque a permis d’établir la fraction importante de l’acquis pour la constitution de la psyché des individus, et que chaque individu devait être traité de manière unique et non générique. Que dans le domaine de la psychiatrie et des sciences humaines on en soit venus à établir que les différences acquises pouvaient permettre d’avoir de meilleures explications/traitements que les différences inées me semble la suite logique de la pensée de l’époque.
Mais les résumer à cela, c’est faire fi des nombreuses « révélations » qu’ont pu permettre ces études de genre.
Mais le biais anti-biologique est un biais comme un autre dont il faut se méfier.
De même déclarer que « les études de genre sont le rejet du naturel », peut grossièrement être traduit par « dire que le genre est diffèrent de l’orientation sexuel n’est pas naturel », revenons au naturel, donc éliminons cette différence, et revenons comme avant à dire qu’être homo c’est anomal et non naturel….. ah tiens salut, la Manif pour tous !
« S’agit-il vraiment de cela dans les « ABCD » ? Je ne le crois pas. Vincent Peillon n’a pas l’intention d’introduire à l’école les gender studies, seulement de réactiver le projet, récurrent dans le ministère, de lutter contre les clichés sexistes, ce qui n’a rien d’illégitime."
Ah bah quand même, merci de concéder cela. Mais c’est complètement ça, on veut juste arrêter les clichés sexistes.
Voilà, si j’ai dit des bêtises n’hésitez pas à me corriger, je ne suis pas une pro en la matière non plus !