@yuliia : je confirme ce qui a été dit par les autres, c'est un comportement sexiste et infantilisant. Je ne sais pas quel âge tu as, mais de toute façon, leur démarche est complètement rétrograde : ils considèrent que leur autorité en tant que parents est la seule chose qui puisse te protéger d'une relation où le mec se servirait de toi.
Ce qu'ils pourraient faire à la place, et ce qu'ils font déjà peut-être par ailleurs, c'est t'encourager à avoir confiance en toi, à savoir détecter les comportements abusifs et sexistes, à apprendre à ne pas te laisser marcher dessus, et à savoir reconnaître les gens qui tiennent vraiment à toi et ceux qui cherchent à t'utiliser ou te dominer. Parce que, si l'idée c'est de te protéger dans l'éventualité où un mec abusif, où tu serais déjà en couple avec lui, ben le fait de le regarder droit dans les yeux et lui dire "fais gaffe à ce que tu fais", c'est bien mignon, mais si vous êtes déjà en couple et que c'est un connard qui ne tient pas vraiment à toi mais se sert de toi pour tirer un coup ou regonfler son ego, il ne va pas transformer le mec en gentil garçon tendre et attentionné par la menace. Ils risquent même de te faire prendre sa défense, en mode Roméo et Juliette...
C'est compliqué parce que ça part d'une bonne intention, mais il vaudrait mieux qu'ils soient là pour TOI, pour t'écouter et te conseiller, qu'ils te mettent en confiance pour que tu puisses leur parler si jamais quelque chose te semble clocher dans ta relation. Parce que si tu es en couple, qu'il a l'air adorable aux réunions de famille et que quand vous êtes seuls, il te traite comme de la merde, il vaut mieux que tu saches que tu auras une oreille attentive et bienveillante plutôt que le bras armé du patriarche prêt à s'abattre sur le malotru en te faisant culpabiliser d'avoir mal choisi...
Et s'ils ne sont pas capables de faire ça, certes, on est là, nous , mais c'est forcément mieux quand ça vient de ton entourage proche, qui te connaît mieux et connaît mieux ta situation.
@ShinyPony @Rosenrot_ @Heste : j'ai un point de vue plus nuancé, et j'avais lu et beaucoup apprécié l'article en question, il m'avait beaucoup fait réfléchir non seulement sur la MPDG, mais aussi sur ses conséquences dans nos vies (car si ça restait un problème de personnage pas intéressant dans les films, ça ne serait pas si problématique).
Pour moi, il y a un problème qui est inséparable du sexisme dans le cliché de la MPDG : l'infantilisation de la femme. Je pense que tu as tout à fait raison, @ShinyPony, quand tu dis que cesser d'être une MPDG, c'est en quelque sorte devenir adulte. Ce qui est une bonne chose, sans que ça veuille dire que ce qui est enfantin est mauvais ! (Pour une fan de dessins animés qui collectionne les peluches, je serais mal placée pour dire le contraire.)
Le problème, c'est qu'effectivement, on est gavées de personnages féminins, pas uniquement les MPDG, qui ne vivent que pour l'amour. Trouver l'amour, c'est en général la fin des comédies romantiques, le seul genre cinématographique qui nous est directement destiné. On nous apprend très tôt que trouver un homme qui nous aime (si tu es lesbienne, t'inquiète, on t'expliquera l'homosexualité après la puberté quand il sera trop tard) c'est la clé du bonheur. Du coup, même si on t'apprend que la carrière et l'accomplissement de soi, tout ça c'est bien aussi (notez le "aussi" qui n'est jamais précisé aux garçons et aux hommes), trouver l'amour, le vrai, le bon, reste pour beaucoup de femmes un objectif nécessaire au bonheur. Et pour cela, il faut plaire, et pour cela, il faut faire ce qu'on nous dit de faire pour plaire.
Quand je regarde de vieux films, je constate à quel point, avant les années 90-2000, on va dire, un personnage féminin a une gamme limitée d'expressions et de façons de se comporter à sa disposition. En re-regardant des vieux films, des vieux dessins animés, ça me crève de plus en plus les yeux : une fois que tu es une vieille femme, tu peux être un peu excentrique (et grosse), mais tant que tu es jeune, belle et donc bonne à marier, tu es élégante, distinguée, gracieuse, douce, etc etc. Tes mains sont toujours disposée de façon décorative, tes gestes sont ceux d'une ballerine, bref, on dirait que tout est sous contrôle en permanence - le principe même du body monitoring.
Or la MPDG est, d'une certaine façon, une tentative de sortir de ce carcan. La MPDG va être maladroite, bizarre, parfois un peu grossière, imprévisible - bref, elle semble être un courant d'air frais dans la représentation des femmes au cinéma si on se réfère au carcan rigide qui la contenait auparavant.
Mais cette libération est moins radicale qu'il n'y paraît, puisqu'effectivement, la MPDG, encore et toujours, est là pour plaire. Son excentricité est là pour la rendre attirante, touchante, drôle, voire sexy. Et c'est là que ce qui aurait pu être une façon d'exploser le carcan ne devient qu'un assouplissement du carcan : encore une fois, on apprend aux femmes comment se comporter pour être attirantes. Elle peut se casser la figure, rigoler à gorge déployée, utiliser des jurons, mais elle doit rester agréable à regarder pendant qu'elle fait tout ça. Au fond, elle reste une petite fille qui joue à l'adulte, et c'est ce décalage qui est présenté comme touchant...
Et inconsciemment, on intègre que c'est comme ça qu'une fille, et plus problématique, une femme, doit se comporter. Or c'est un comportement qui a une caractéristique importante : il n'est pas menaçant, dans le sens où il ne menace pas l'ordre établi. La femme reste faible et futile, c'est simplement que, par opposition à la femme faible et futile du passé qui était comme ça parce qu'elle n'avait pas le choix, la MPDG est faible et futile parce que ça lui plaît.
Donc certes, c'est un personnage de fiction, et tant mieux si elle aime être faible et futile (je sais que certains personnages de MPDG ne sont pas forcément faibles ou futiles, mais soyons honnêtes, elles ont rarement le charisme de Beyoncé), le problème c'est qu'on a tendance à reproduire dans notre vie ce qu'on nous présente comme bien et attirant dans les films.
C'est donc une nouvelle forme de rôle qu'on adopte parce qu'il peut être amusant à jouer. Je constate par exemple un énorme décalage entre le comportement de ma soeur quand on se rencontre dans le cadre d'un repas de famille, où elle est avec son copain, où elle va être légère, mutine, enfantine (le côté retour dans la famille joue aussi beaucoup) - où par exemple, elle va jouer à la petite fille qui fait un truc énervant et son copain va jouer au papa qui essaye de la contenir pendant qu'elle rigole - et les moments où on va discuter juste toutes les deux, où elle sera beaucoup plus adulte, réfléchie. Je ne dis pas que c'est mal, on s'adapte toutes à notre environnement et notre auditoire, mais c'est quand même troublant de voir comme cette notion d'infantilisation influe sur nos vies.
Bon, j'aurais plus à dire sur le sujet, mais j'ai de la visite, je continuerai plus tard !
Ce qu'ils pourraient faire à la place, et ce qu'ils font déjà peut-être par ailleurs, c'est t'encourager à avoir confiance en toi, à savoir détecter les comportements abusifs et sexistes, à apprendre à ne pas te laisser marcher dessus, et à savoir reconnaître les gens qui tiennent vraiment à toi et ceux qui cherchent à t'utiliser ou te dominer. Parce que, si l'idée c'est de te protéger dans l'éventualité où un mec abusif, où tu serais déjà en couple avec lui, ben le fait de le regarder droit dans les yeux et lui dire "fais gaffe à ce que tu fais", c'est bien mignon, mais si vous êtes déjà en couple et que c'est un connard qui ne tient pas vraiment à toi mais se sert de toi pour tirer un coup ou regonfler son ego, il ne va pas transformer le mec en gentil garçon tendre et attentionné par la menace. Ils risquent même de te faire prendre sa défense, en mode Roméo et Juliette...
C'est compliqué parce que ça part d'une bonne intention, mais il vaudrait mieux qu'ils soient là pour TOI, pour t'écouter et te conseiller, qu'ils te mettent en confiance pour que tu puisses leur parler si jamais quelque chose te semble clocher dans ta relation. Parce que si tu es en couple, qu'il a l'air adorable aux réunions de famille et que quand vous êtes seuls, il te traite comme de la merde, il vaut mieux que tu saches que tu auras une oreille attentive et bienveillante plutôt que le bras armé du patriarche prêt à s'abattre sur le malotru en te faisant culpabiliser d'avoir mal choisi...
Et s'ils ne sont pas capables de faire ça, certes, on est là, nous , mais c'est forcément mieux quand ça vient de ton entourage proche, qui te connaît mieux et connaît mieux ta situation.
@ShinyPony @Rosenrot_ @Heste : j'ai un point de vue plus nuancé, et j'avais lu et beaucoup apprécié l'article en question, il m'avait beaucoup fait réfléchir non seulement sur la MPDG, mais aussi sur ses conséquences dans nos vies (car si ça restait un problème de personnage pas intéressant dans les films, ça ne serait pas si problématique).
Pour moi, il y a un problème qui est inséparable du sexisme dans le cliché de la MPDG : l'infantilisation de la femme. Je pense que tu as tout à fait raison, @ShinyPony, quand tu dis que cesser d'être une MPDG, c'est en quelque sorte devenir adulte. Ce qui est une bonne chose, sans que ça veuille dire que ce qui est enfantin est mauvais ! (Pour une fan de dessins animés qui collectionne les peluches, je serais mal placée pour dire le contraire.)
Le problème, c'est qu'effectivement, on est gavées de personnages féminins, pas uniquement les MPDG, qui ne vivent que pour l'amour. Trouver l'amour, c'est en général la fin des comédies romantiques, le seul genre cinématographique qui nous est directement destiné. On nous apprend très tôt que trouver un homme qui nous aime (si tu es lesbienne, t'inquiète, on t'expliquera l'homosexualité après la puberté quand il sera trop tard) c'est la clé du bonheur. Du coup, même si on t'apprend que la carrière et l'accomplissement de soi, tout ça c'est bien aussi (notez le "aussi" qui n'est jamais précisé aux garçons et aux hommes), trouver l'amour, le vrai, le bon, reste pour beaucoup de femmes un objectif nécessaire au bonheur. Et pour cela, il faut plaire, et pour cela, il faut faire ce qu'on nous dit de faire pour plaire.
Quand je regarde de vieux films, je constate à quel point, avant les années 90-2000, on va dire, un personnage féminin a une gamme limitée d'expressions et de façons de se comporter à sa disposition. En re-regardant des vieux films, des vieux dessins animés, ça me crève de plus en plus les yeux : une fois que tu es une vieille femme, tu peux être un peu excentrique (et grosse), mais tant que tu es jeune, belle et donc bonne à marier, tu es élégante, distinguée, gracieuse, douce, etc etc. Tes mains sont toujours disposée de façon décorative, tes gestes sont ceux d'une ballerine, bref, on dirait que tout est sous contrôle en permanence - le principe même du body monitoring.
Or la MPDG est, d'une certaine façon, une tentative de sortir de ce carcan. La MPDG va être maladroite, bizarre, parfois un peu grossière, imprévisible - bref, elle semble être un courant d'air frais dans la représentation des femmes au cinéma si on se réfère au carcan rigide qui la contenait auparavant.
Mais cette libération est moins radicale qu'il n'y paraît, puisqu'effectivement, la MPDG, encore et toujours, est là pour plaire. Son excentricité est là pour la rendre attirante, touchante, drôle, voire sexy. Et c'est là que ce qui aurait pu être une façon d'exploser le carcan ne devient qu'un assouplissement du carcan : encore une fois, on apprend aux femmes comment se comporter pour être attirantes. Elle peut se casser la figure, rigoler à gorge déployée, utiliser des jurons, mais elle doit rester agréable à regarder pendant qu'elle fait tout ça. Au fond, elle reste une petite fille qui joue à l'adulte, et c'est ce décalage qui est présenté comme touchant...
Et inconsciemment, on intègre que c'est comme ça qu'une fille, et plus problématique, une femme, doit se comporter. Or c'est un comportement qui a une caractéristique importante : il n'est pas menaçant, dans le sens où il ne menace pas l'ordre établi. La femme reste faible et futile, c'est simplement que, par opposition à la femme faible et futile du passé qui était comme ça parce qu'elle n'avait pas le choix, la MPDG est faible et futile parce que ça lui plaît.
Donc certes, c'est un personnage de fiction, et tant mieux si elle aime être faible et futile (je sais que certains personnages de MPDG ne sont pas forcément faibles ou futiles, mais soyons honnêtes, elles ont rarement le charisme de Beyoncé), le problème c'est qu'on a tendance à reproduire dans notre vie ce qu'on nous présente comme bien et attirant dans les films.
C'est donc une nouvelle forme de rôle qu'on adopte parce qu'il peut être amusant à jouer. Je constate par exemple un énorme décalage entre le comportement de ma soeur quand on se rencontre dans le cadre d'un repas de famille, où elle est avec son copain, où elle va être légère, mutine, enfantine (le côté retour dans la famille joue aussi beaucoup) - où par exemple, elle va jouer à la petite fille qui fait un truc énervant et son copain va jouer au papa qui essaye de la contenir pendant qu'elle rigole - et les moments où on va discuter juste toutes les deux, où elle sera beaucoup plus adulte, réfléchie. Je ne dis pas que c'est mal, on s'adapte toutes à notre environnement et notre auditoire, mais c'est quand même troublant de voir comme cette notion d'infantilisation influe sur nos vies.
Bon, j'aurais plus à dire sur le sujet, mais j'ai de la visite, je continuerai plus tard !