nyu_;4732123 a dit :
Le fait d'attaquer l'autre sur le seul motif de son sexe, c'est du sexisme.
Ouaip. Sauf que premièrement, au risque de se répéter, les féministes "n'attaquent" personne.
Deuxièmement, quand on a des mouvements de colère envers les hommes, c'est-à-dire envers la classe sociale "hommes", ce n'est pas au seul motif de leur genre (genre et pas sexe, au passage, pour rappel ce n'est pas la même chose), mais au motif de leur comportement, et de leur part de responsabilité dans notre oppression.
Mais comme dans la majorité des cas, ces mouvements de colère ont à peu près zéro conséquences sur la vie des hommes visés
(alors que les féministes se prennent des gros retour de bâton dans la gueule pour avoir osé soulevé le fait que hey, y a un problème), j'ai du mal à accepter qu'on assimile ces actions à du sexisme, qui lui a un impact très, très, TRÈS concret sur la vie des femmes.
nyu_;4732123 a dit :
La misandrie on en voit tous les jours je trouve, moins que du machisme évidemment.. ( Cf : L'idée profondément inscrite dans beaucoup de personnes qu'un homme a toujours envie de baiser. C'est du sexisme, de la misandrie. )
Ah, tu veux dire cette idée qui est fondamentalement patriarcale ? Tu veux dire cette idée qu'on sort aux femmes qui subissent harcèlement, agressions sexuelles et viol comme
excuse du comportement de leur agresseur ? Tu veux dire cette idée qui est utilisée pour limiter la liberté des femmes en leur disant que si elles boivent / sortent tard / s'habillent trop court / respirent un peu trop fort, elles s'exposent à la violence masculine ? Tu veux dire cette idée qui est utilisée comme justification pour l'objectification permanente des femmes dans les médias ?
Tu veux dire cette idée qui est massivement utilisée par les hommes les plus misogynes comme une arme envers la liberté et la sécurité des femmes ?
Tu veux dire cet idée qui est ACTIVEMENT COMBATTUE par les féministes, alors que ce sont ces dernières qui sont accusées d'être misandres ?
nyu_;4732123 a dit :
* La misandrie et la misogynie, à mes yeux, c'est plus que les réflexions débiles qu'on entend H24 quasiment, c'est un sentiment, c'est du mépris, de l'hostilité, une façon de concevoir l'autre conditionnée par son sexe.
La misogynie, c'est bien plus qu'un sentiment personnel. Si tu vois ça uniquement sous le prisme des sentiments individuels, tu perds de vue l'aspect
système et domination. Or si on incorpore cet aspect dans la notion de misogynie, il devient évident que la misandrie perd tout son sens.
nyu_;4732123 a dit :
Concernant le test, demander à un homme «quand » il va avoir des enfants et non « si » c'est du sexisme. Et il y a d'autres exemples dans ce test mais le débat n'est pas là.
Je ne suis pas sure que tu aies compris le sens du test.
PERSONNE ne demande systématiquement à un homme "quand" il veut avoir des enfants plutôt que "si". En revanche, si tu es une femme de 25 ans qui dit que tu n'en veux pas, on te dit d'un air entendu et condescendant "
tu dis ça maintenant..."
Ce test met en évidence que PERSONNE n'est misandre si on considère la misandrie comme un équivalent de la misogynie. Car en revanche, si on renverse toutes les questions en remplaçant "femme" par "homme", on se rend compte que beaucoup de gens vont subitement avoir un score bien élevé...
@haldae : à propos de Mandela.
Premièrement, attention avec les comparaisons racisme/sexisme. Même si les deux sont des oppressions et obéissent à des logiques qui se ressemblent énormément, chacune a son histoire et sa spécificité, et utiliser le combat contre le racisme comme outil pour parler de sexisme n'est pas toujours opportun. Sur le sujet, je te conseille
cet excellent texte - c'est en anglais, j'espère que ça ne te posera pas de souci. C'est 16 pages écrit gros, mais ça se lit très bien, et c'est une lecture qui permet de remettre pas mal de choses en perspective.
Deuxièmement, comme l'a très justement souligné @Rosenrot_, Mandela était un révolutionnaire, et réduire son combat à une icône de la réconciliation, c'est déjà insultant, mais quand en plus, c'est utiliser pour démontrer que les oppressés ne doivent pas en vouloir à leurs oppresseurs, c'est risible.
Ici,
un très beau texte de Musa Okwonga sur le sujet, extrait :
"
Dear revisionists, Mandela will never, ever be your minstrel. Over the next few days you will try so, so hard to make him something he was not, and you will fail. You will try to smooth him, to sandblast him, to take away his Malcolm X. You will try to hide his anger from view. Right now, you are anxiously pacing the corridors of your condos and country estates, looking for the right words, the right tributes, the right-wing tributes. You will say that Mandela was not about race. You will say that Mandela was not about politics. You will say that Mandela was about nothing but one love, you will try to reduce him to a lilting reggae tune. “Let’s get together, and feel alright.” Yes, you will do that."
Et une citation de Mandela lui-même :
"
Nous avons toujours cru à la non-violence comme tactique. Quand les conditions nous dictaient d'utiliser la non-violence, c'est ce que nous faisions ; et quand elles nous dictaient de renoncer à la non-violence, nous nous y pliions." (Extrait de Conversations avec moi-même).
Donc non, Mandela ne pensait pas tout régler avec le pardon. Mandela a utilisé tout ce qui était en son pouvoir, et tout ce qu'il a jugé bon et utile pour libérer son peuple et lutter pour l'égalité.
Eh bien parfois, en tant que féministes, on a besoin d'utiliser la colère, qui est un outil qu'on essaye de nous confisquer, et qui n'est pas en soi quelque chose de négatif. La colère est une émotion valide et utile, car elle peut mener au changement.
Parce que quand @theatre-of-tragedy parle de "rendre des claques", elle veut dire ne pas se laisser faire, ne pas se laisser marcher dessus, et se défendre. (Dis-moi si je surinterprète !) On ne parle pas de vengeance ou d'être plus "violentes" que nos agresseurs pour le plaisir de leur faire du mal. On parle juste d'utiliser les moyens qu'on a, qui sont souvent limités à notre parole et notre colère, pour se dresser face à l'oppression, et refuser de tendre l'autre joue.