cleos;4763555 a dit :
Je me rappelle pendant un voyage au Maroc, si on voulait sortir de nuit, il fallait toujours être accompagnée d'un garçon. Je ne me posais pas la question à l'époque (le féminisme et moi, c'était encore à venir!) mais maintenant je me demande si c'était juste une habitude ou si c'était vraiment nécessaire et qu'une femme seule dans la rue la nuit, dans certains pays, c'est une proie ambulante?
Je suis à moitié marocaine donc je me permets de mettre mon grain de sel
Au Maroc, dans les grandes villes (Casablanca, Rabat, Marrakech) tu peux
tenter de te balader seule de nuit si tu es une fille. Au prix de moult sifflements, commentaires, « EH ! EH TOI ! » et autres, au minimum, voire contacts physiques. À la campagne, je m'y risquerai pas : il y a bien moins de monde pour intervenir si besoin, et la société marocaine, même si elle connaît une mutation profonde et rapide depuis quelques années, est profondément patriarcale. De plus, si tu "fais" étrangère (si tu as la peau blanche, noire ou que tu es asiatique, en gros), ce sera double peine : tu peux te faire emmerder "juste" parce que tu es une femme, et te faire emmerder parce que tu as l'air d'une touriste.
Un truc qui m'a toujours choquée, c'est qu'au Maroc, même au coeur des grandes villes, quand tu regardes les terrasses de café (qui ne servent pas d'alcool, hein : des cafés !), il n'y a QUE des mecs. De tous les âges, de tous les "styles", seuls ou en groupe, mais que des mecs. J'en ai parlé à mon oncle marocain, pourtant plutôt ouvert d'esprit, et il m'a dit « Oui, bon, disons que tu peux aller avec tes soeurs ou tes cousines boire un café, ou emmener tes tantes boire un jus d'orange. Mais des femmes en terrasse, comme ça, ça fait mauvais genre. C'est pas mal, hein, mais ça fait mauvais genre ».
Donc même boire un thé tranquillou ça fait mauvais genre, ok on est pas sortis de l'auberge !
Ça se retrouve d'ailleurs dans les quartiers des villes française avec un fort pourcentage de maghrébin-e-s ou de descendant-e-s de maghrébin-e-s : souvent, dans ces rues-là, il n'y a que des hommes à la terrasse des bistrots. Ça me désespère
Tout ça pour dire que je n'ai pas voyagé loin, encore moins seule, donc toutes les histoires de sifflet et tout, je sais pas trop quoi en penser. Mais dans certains pays, être dehors seulE en tant que femme, de jour et encore plus de nuit, constitue malheureusement un risque supplémentaire, oui...