Bordel j'ai envie de tout casser
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J'en ai marre des pseudo-féministes qui crachent sur les femmes au foyer, sur les femmes qui aiment les enfants, sur les femmes qui pleurent devant les films d'amour et qui collectionnent les flacons de vernis roses, j'en ai marre qu'on dénigre les activités traditionnellement féminines ! Le problème, ce n'est pas si les petites filles jouent à la maman/à la princesse, c'est si leur entourage ne leur donne QUE cette possibilité. Je ne veux pas d'une société qui me force à être "comme un garçon", comme l'a dit
@Mercutio :
Je voudrais une société qui me donne la possibilité d'être "comme un garçon" mais qui ne me fustige pas si je choisis d'être "comme une fille". D'ailleurs je suis sûre que plein de personnes se concocteraient un joyeux mélange (ui bonjour j'aime le metal et les robes à fleurs
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On remarquera aussi que leur "féminisme" consiste à donner des petites voitures aux petites filles, jamais à donner des poupées mannequins à des petits garçons
Au début, je ne voulais pas trop commenter ce texte parce que c'est un site d'entreprise, je me disais que c'est cool qu'une jeune femme pas si expérimentée (elle dit avoir 5 ans de carrière) monte sa boite avec succès, réussise à avoir des employés et essaye de donner des conseils à d'autres femmes qui galèrent (c'est ce qu'elle prétend en tout cas). Et puis en fait, je ne trouve pas son texte très pro ou bien écrit pour quelqu'un qui est censé donner des conseils donc je ne voulais pas la "casser" sur ses compétences, ce qui aurait été un peu HS (sa lettre de motivation me parait très peu crédible en fait, bien trop longue, larmoyante et surtout peu concise : une bonne professionnelle aurait pu faire passer la passion sans se perdre dans des digressions littéraires sur soi sans vraiment parler de ce qu'on peut apporter à l'entreprise - les recruteurs n'ont pas le temps de lire ce genre de trucs dans la vraie vie...).
Mais bref, finalement comme j'ai parcouru le reste de site et que je trouve ce côté auto-satisfaisant (et pas si bien écrit) récurrent d'article en article, je vais quand même me permettre de réagir par rapport à son intro surtout.
Aussi loin que je m’en souvienne, les rêves de princesse, les contes de fées à la Cendrillon ou encore les histoires à la Roméo et Juliette m’ont toujours fait horreur. (...) Aucun déguisement de fée, de coiffure de reine, de vêtement rose ou encore de « kit de cuisine/ménage/repassage/infirmière/allaitement » pour petite fille... (...)
Alors à chaque fois que je vois une petite fille « jouer à la maman », j’ai envie de HUR-LER. J’ai envie d’aller voir sa mère et de la gifler. J’ai envie d’appeler ma mère pour lui dire à quel point certaines femmes des pays soi-disant développés sont stupides et manquent cruellement d’ambition pour leurs filles!
Je trouve qu'elle mélange tout dans une belle soupe. Les kits ménage/repassage/allaitement, on est d'accord, c'est un peu douteux voire glaucque à filer à une gamine, surtout si c'est un jeu qu'on n'offrirait jamais à son frère (parce que sinon, le kit de ménage, pourquoi pas hein - les gosses adorent copier leurs parents donc vaut mieux qu'ils jouent avec un mini-balai en plastoc qu'une vraie bouteille de javel, et puis au fond c'est pas si mal qu'ils prennent le ménage comme un jeu, c'est juste le fait que ce soit ciblé pour gamines qui est flippant).
Mais ensuite pour jouer à la poupée, ça n'a rien de glaucque ou de flippant, ce n'est pas non plus préparer une fillette à devenir mère au foyer ou à s'oublier derrière le bien-être de ses futurs enfants. Beaucoup de pédopsychiatres pensent que les poupées sont des jouets extrêmement puissants pour apprendre l'empathie, l'expression des émotions, la communication avec son environnement. En faisant semblant de s'occuper de quelqu'un, l'enfant apprend à s'intéresser aux autres. Il prête des émotions, des pensées, des besoins à sa poupée et apprend ainsi à s'ouvrir vers l'extérieur, à réfléchir à autrui, à pousser des limites, peut-être même à torturer son jouet puis à ressentir du remords parce qu'on lui imagine des caractéristiques humaines mais sans que rien ne prête à conséquence. Au-delà d'une qualité humaine d'empathie qu'on attribue plutôt aux filles (et qu'on jugera donc peut-être "négative" à apprendre dès l'enfance), ce genre d'apprentissage est essentiel à toute vie en société.
Une blogueuse psychomotricienne parlait du poupon qu'elle avait offert à son fils dans deux articles et je trouvais ça super intéressant. Elle y expliquait comment ça développait la créativité, la curiosité, la découverte du corps, de réévaluer son environnement en jouant des scènes quotidiennes et nouvelles qu'on s'approprie plus facilement etc.
http://www.journalpsychomotricienne...semblant/155-une-poupee-pour-mon-pti-mec.html
http://www.journalpsychomotricienne.fr/component/content/article.html?id=162
Donc la poupée n'est pas du tout un jouet gnangnan qui entraine à devenir une femme soumise... Au final, quand une fillette "joue à la maman" avec une poupée, ça peut être une étape très importante dans sa construction de soi, non en tant que future mère mais en tant qu'être humain qui apprend le rapport avec l'autre (car souvent, le premier rapport qu'on développe vraiment c'est avec ses parents et ses frères et soeurs, ce qui va être reproduit dans le jeu de la maman).
Deuxième point, Roméo et Juliette. J'imagine qu'elle le cite comme un équivalent de "comédie romantique américaine" (un genre que j'adore donc je ne suis pas là pour le critiquer) et remettre en question la place de l'amour dans l'idéal féminin. Malheureusement, Roméo et Juliette est un super mauvais exemple et pas seulement pour sa fin tragique. J'adore Shakespeare depuis que je suis toute petite (ça me fascinait et faisait pleurer avant que je puisse comprendre) et
Roméo et Juliette est une de mes pièces préférées. Du coup, ça m'énerve souvent de la voir citer en référence par des gens qui visiblement la connaissent très mal. C'est une des pièces les plus "connues" au niveau de la trame générale mais aussi les plus mal connues au niveau de son contenu réel.
Roméo et Juliette, ce n'est pas une histoire d'amour absolue dont la mort prouve la beauté et la force. C'est d'abord une histoire d'adolescence avec des personnages qui agissent sur des coups de tête passionnés et parfois absolument irrationnels, qui découvrent la sexualité, se rebellent contre le système sans vraiment mesurer ce qu'ils font, sont incompris de leurs parents, jouent aux adultes en menant une guerre qui n'est pas la leur et dont ils n'ont pas forcément envie (le cas de Roméo, Mercutio et Tybalt par exemple). C'est l'histoire de jeunes à qui des vieux imposent un héritage de haine absurde, d'adultes lâches qui n'osent pas s'interposer dans un conflit tout en espérant que les jeunes auront plus de courage qu'eux (le prêtre, la nourrice... même le prince qui met toute la pièce avant de vraiment réagir). C'est une histoire d'une amitié facétieuse et sincère entre Roméo, son ami Mercutio et son cousin Benvolio.
Et puis aussi, c'est une héroïne entreprenante, qui n'a pas peur d'exprimer ses désirs, de suivre la voie qui lui plait, qui a du caractère et de la ressource. Juliette est loin de ses résumer à une romantique éperdument amoureuse et sa relation avec Roméo est un véritable choix, pas une "injonction de son coeur".
Bref, ce n'est pas en rejetant cette pièce "parce qu'il y a une histoire d'amour dedans" qu'on va se libérer des stéréotypes...
Et pareil pour les princesses, les fées et les contes de fées. Bon, j'ai écrit
un article relativement long sur le sujet des princesses de contes donc je vais essayer de pas trop me répéter mais les princesses et les fées, c'est comme Juliette, ce sont des héroïnes à qui on ne fait pas du tout justice. Pour moi, une fillette qui s'identifie à une princesse, ce n'est pas simplement un choix girly et "elle a le droit", c'est aussi qu'elle s'identifie à des personnages forts qui lui proposent un modèle loin des clichés qu'on a tendance à égréner à leur sujet.
Premièrement, les princesses sont très très souvent les héroïnes de leur propre aventure. On a tendance à l'oublier mais oui, les contes de fées à princesses sont des aventures : elles sont en errance, doivent affronter des ennemis, triompher de l'adversité, se faire des alliés, tromper leurs adversaires... et à la fin elles sont souvent récompensées par un royaume, un titre de noblesse et un prince. C'est un modèle qui n'a rien à envier aux modèles qu'on propose aux petits garçons et je ne vois pas pourquoi elles devraient être dévalorisées comme elles le sont. C'est vrai, elles n'ont généralement ni épée, ni armure, ni dragon à combattre de leurs propres mains. Mais le fonds reste le même et je trouve ça finalement presque plus sain car elles doivent se sauver de mauvaises situations sans s'appuyer sur la violence et les armes.
Même dans des contes où elles semblent impuissantes car endormies comme dans Blanche-Neige ou captive comme dans la Belle et la Bête, c'est leur personne, leur point de vue qui compte et c'est franchement essentiel pour une petite fille qui a besoin d'apprendre que le masculin n'est pas le centre de tout. D'autre part, même dans ces situations, les princesses doivent faire preuve de ressources en grande partie par elles-mêmes pour se sauver des coups du sort.
En bref, les princesses de contes sont des modèles excellents pour l'ambition des fillettes, pourvu qu'on évite de les réduire à des clichés comme la beauté (qui pour moi est métaphorique) ou l'amour (qui pour moi est surtout une récompense de fin, pas un objectif). Et je ne parle même pas des fées qui sont généralement décrites comme puissantes dans les contes puisqu'elles ont des pouvoirs magiques et peuvent obtenir tout ce qu'elles veulent.
Enfin voilà, petite digression sur ce texte mais je trouve comme tu le dis que critiquer tous ces attributs supposés du féminin "parce que le féminin c'est nul" est parfaitement contre-productif. Une femme comme la "Charlotte" décrite dans l'article, il faudrait plutôt l'aider à voir de manière plus valorisant son environnement "féminin" pour qu'elle en fasse une source d'inspiration plutôt que de le ridiculiser et de lui demander de s'en séparer...
Bref, comme d'hab sur ces sujets-là : ce qui est connoté féminin c'est pas moins cool que le masculin et le masculin n'est pas forcément le modèle idéal!