@Maelyra Ok j'ai trouvé un article de blog qui explique quelques raisons :
http://theroguefeminist.tumblr.com/post/69108181677/if-youre-white-dont-call-yourself-an
Je préviens d'avance que je n'essaye absolument pas de faire taire la parole des autres hein
Mais je ne suis pas trop d'accord avec l'idée expliquée dans cet article qu'utiliser le mot serait de "l'appropriation". Kimberley Crecé n'était pas simplement "une militante" c'était une académicienne donc pour moi ses ouvrages sont des ouvrages de chercheurs et l'intersectionnalité devient donc une grille de lecture comme le concept de "genre", pas un concept appartenant aux militants. C'est un peu opposé à la démarche de chercheurs de dire "ce concept, tu n'as pas le droit de l'utiliser car il ne te concerne pas". D'autre part, dans le milieu du militantisme et le milieu universitaire, tous les concepts évoluent et leur champ de définition grandit, en 25 ans, ça me parait assez normal que le mot ne soit plus figé dans le sens voulu par son créateur.
Sinon ce post de blog dit que les féministes blanches qui se réclament "intersectionnelles" n'interagissent jamais avec les féministes non-blanches. Si c'est le cas en effet, je vois mal comment on peut revendiquer un féminisme intersectionnel... Parce que j'ai justement l'impression que le principe de ce féminisme c'est de laisser la parole aux personnes concernées par les discriminations. Donc bien sûr que si on ne le fait pas bah... on n'a pas vraiment à s'en réclamer.
EDIT: Ah désolée, j'avais pas vu ton article, je viens de le parcourir et je comprends mieux ce qui pose problème en lisant, effectivement.
Le seul truc qui me surprend c'est que l'auteur oppose militants qui ont créé le mot à universitaires qui l'ont introduit en France alors qu'il me semble bien que "l'inventrice" était une universitaire et ça me parait donc difficile de séparer les deux?
Sinon le truc qui me gêne dans cette idée de conserver la "pureté" du mot, c'est que ça veut dire que ça ne pourrait s'appliquer qu'à un contexte proche de celui du contexte américain qui est assez spécifique. Or la grille de lecture "intersectionnelle" me parait assez nécessaire dans plein d'autres contextes, y compris là où le rapport de domination principal n'est pas noir/blanc par exemple ("là", je parle de région du monde ou de pays).
L'autre truc qui me questionne c'est que l'auteur inclut bien les luttes LGBT dans l'intersectionnel tout en excluant les féministes blanches non LGBT. Mais du coup, ça veut dire qu'elle part du principe que si on n'est pas clairement LGBT, on est forcément hétéro et que l'identité sexuelle ne peut pas être fluctuante?
Enfin désolée, je veux pas donner l'impression de confisquer la parole des autres mais je m'interroge, c'est vraiment dans une démarche d'apprentissage car je lis des choses pas forcément toutes d'accord entre elles
