@WeedWood : tu as tout mon soutien, je trouve que tu as très bien réagi, ce qui n'était vraiment pas facile étant donné l'apathie des autres membres du groupe qui lui permet d'agir en toute impunité. Je trouve que ce que tu dis me fait penser à la "théorie de la marche d'escalier manquante" (ça rend mieux en anglais, "
the missing stair theory").
Je trouve qu'elle s'applique très bien à certaines situations, du coup je la résume vite-fait. En gros, ille compare
- le comportement problématique d'un membre d'un groupe
- à une maison dans laquelle se trouve un escalier auquel il manque une marche
Tous les membres de la maison en question se sont habitués à sauter par-dessus la marche plutôt que de la réparer. Arrive une nouvelles personne qui prend les escaliers et qui manque de tomber dans le trou/tombe dans le trou. Et on lui dit "ah, mais oui, deso-lol, il faut sauter par-dessus la marche manquante. En même temps, tu aurais pu faire plus attention hein".
De manière similaire, il arrive que les membres d'un groupe s'accommodent du comportement problématique d'un de ses membres plutôt que de l'empêcher d'agir ainsi (en l'excluant du groupe, en l'engueulant, etc.). Dans l'article en lien, l'auteure partait de son expérience personnelle : ille avait appris qu'il y avait un violeur dans un groupe auquel ille appartenait et en avait parlé sur internet. Les membres de ce groupe étaient ensuite venus vers lui en disant "Ah, tu veux dire Alphonse ? Oui, c'est vrai, d'ailleurs j'ai essayé de te prévenir discrètement à son sujet, ouais. Mais il ne fait rien tant qu'il y a qn pour le surveiller, hein". Ouais, parce que du coup, ces personnes, plutôt que de l'exclure du groupe ou d'appeler la police, lui assignaient un "baby-sitter anti-viol" lors de leurs soirées quand ils y pensaient "parce qu'il était comme ça".
Et c'est le truc qui me fait le plus penser à ça dans ton histoire, le "il est comme ça" de sa copine. Comme s'il s'agissait d'un phénomène complètement incontrôlable contre lequel il ne servait à rien de lutter (style une tempête, une montagne qui est sur ton chemin...). Alors qu'il s'agit d'un être humain et que les êtres humains sont connus pour leurs capacités d'adaptation et d'apprentissage. Ce mec agit comme ça parce que les autres trouvent ça acceptable, ce qui constitue un encouragement suffisant pour qu'il continue à agir de la sorte.
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Parce que je ne venais pas du tout pour parler de ça mais pour me plaindre parce que j'en ai marre.
Ca fait plusieurs semaines, plus d'un mois (deux mois ?) qu'un mec zone souvent à côté de mon arrêt RER. Le problème, c'est qu'à chaque fois (ou presque) que je passe devant lui, il me fait un commentaire obscène "t'es bonne", "je te baise", "je te baise bien", "petite blonde t'as un beau cul". La première fois que je l'ai vu, c'était sur le quai. J'étais très occupée à observer un corbeau qui côassait à quelques mètres de moi et je ne faisais vraiment pas attention à ce qu'il y avait autout de moi parce que je trouve ce genre d'oiseaux très expressifs et drôles. Je passais un bon moment et je ne faisais pas vraiment attention aux gens autour de moi. Et puis, je me rends compte d'un mouvement étrange et répétitif sur le quai d'en face. Il s'agit du type dont je vous parle qui était en train de mimer une scène de baise frénétique pile en face de moi. Le train arrive au moment où je me rends compte de ce qui arrive, je monte, je me mets devant la vitre et je lui fais un doigt d'honneur + regard de la mort jusqu'à ce que le train reparte. 1re rencontre.
Depuis, j'ai essayé pas mal de choses : l'ignorer, l'ignorer avec un casque sur la tête, lui faire un regarde de la mort, lui faire un doigt d'honneur, lui dire d'aller se faire foutre, hurler à la lune, lui dire qu'il ferme sa gueule la prochaine fois qu'il me croise (il a fait semblant de pas comprendre le français : il sait dire "t'es bonne" mais serait incapable de comprendre "ferme ta gueule, ferme ta gueule FERME TA GUEULE").
Rien ne marche. J'ignore son "t'es bonne" alors que je porte un casque et écoute de la musique fort (mais pas assez fort pour ne pas l'entendre du tout), il me traite de pute et crache sur mon passage. Je lui dis de fermer sa gueule, il me dit que j'ai un problème.
Bon, le seul truc que j'ai pas essayé, c'est la pédagogie. Le problème, c'est que je n'ai ni le temps, ni l'envie de le faire. Je suis toujours juste quand je me rends en cours et je n'ai pas envie de consacrer du temps et de l'énergie à penser à un truc pédagogue. Ce qui ne m'empêche pas d'anticiper une confrontation tout au long du trajet domicile-RER. Et parfois, il n'est pas là, mais j'ai déjà pensé à lui, j'ai perdu.
Et puis c'est trop tard, je crois.
Je l'ai déjà vu se palucher tranquillement devant tout le monde, aussi, à l'aise la main dans son pantalon. J'ai hésité : je me suis dit que c'était le bon moment pour porter plainte. C'est de l'exhibition sexuelle ? ("L'exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.", article 222-32 du code pénal) mais je devais aller en cours, un cours important et sympa que je ne voulais pas rater (pour lui). Peut-être que j'aurais pu le faire en rentrant mais j'avais autre chose à faire. Maintenant, c'est trop tard (à part d'un point de vue symbolique).
Mais ça me fait chier qu'il me pourrisse autant la vie. La répétitivité est usante. Je dois reprendre le RER cet après-midi alors que je l'ai déjà croisé ce matin.
Il y a un autre arrêt de RER, je pourrais le prendre, mais il le trajet est plus long, et je me dis que je n'ai pas envie de changer ma vie (même un tout petit peu) pour un connard.
Mais c'est déjà un peu le cas : je ne sors plus sans casque, je reviens sur mes pas si je me rends compte que je l'ai oublié, j'y pense pendant mon trajet, j'y pense maintenant, ça m'a pourri la matinée.
Bon. Je me dis que je dois noter ce qui m'arrive à ce propos-là (dimanche 31 mai, 10h35 : "la blonde je te baise") et que la prochaine fois qu'il se masturbe en public, je vais porter plainte.