@Eclise Je suis tombé dessus une seconde fois et j'avais pas vu le dessin d'un enfant mort dans un coin au cas où il nous restait des trucs à vomir. La honte a elle meme honte.
Je voulais être Charlie moi les mecs, même un an après je croyais au sursaut qui me permettrait de me faciliter la vie en affirmant que je pouvais être Charlie. Et ça??? Comment veux tu sérieusement que je ris de la mort d'un enfant et du viol subi par une centaine de femmes ?? Même en tant que biberonnée à Charlie, j'y arrive pas. C'est juste dégueulasse, il n'y a rien à en tirer. C'est ni drôle, ni intelligent, ni "pousse à la réflexion", rien. C'est juste de la merde qui donne la nausée.
ou quand Schneidermann s'exerce à l'art difficile de dire à quelqu'un qu'il fait des trucs racistes sans le blesser dans son ego blanc, et sans faire de crime lèse-Charlie (équivalent à pro-terro pour celleux qui n'auraient pas suivi).Ce dessin ne m'a pas particulièrement ému. Ni fait rire. Il m'a seulement rappelé l'esprit Hara-Kiri, l'esprit de la période Choron-Cavanna-Reiser, on tape sur tout ce qui bouge indifféremment, les flics ET les manifestants, les militaires ET les antimilitaristes, les cons, les fonctionnaires, les fachos, les profs, alors pourquoi pas aussi les migrants, sans trop faire l'effort de se demander si on parle des migrants eux-mêmes, ou des migrants tels que les fachos les désignent, tout est bon dans le crayon, tout ce qui vient sous le crayon.
Oui mais voilà, dans l'équipe, ils ne l'ont pas pris comme ça. Les jeunes membres de l'équipe d'@si (quasi-pléonasme), ceux qui n'ont qu'une connaissance livresque de la grande période Choron-Cavanna-Reiser-on-tape-sur-tout-ce-qui-bouge, tu sais quoi ? Ils y ont carrément vu un dessin raciste.
Il faut dire que oui, c'est une question de génération. Quelle est leur image de Charlie Hebdo ? Un ovni éditorial au sujet duquel le débat principal est de savoir s'ils sont islamophobes ou pas. Un journal dont nous avons méticuleusement épluché le contenu, pour y déceler des traces (ou non) d'islamophobie. Et dans la période récente, un journal marqué par le passage de Val et Fourest, moines-soldats de l'islamophobie française, même si, je sais je sais, ils n'y sont plus depuis un bout de temps.
Vu de ce point de vue-là, rien ne distingue ton dessin, Riss, d'un dessin qui pourrait être publié dans Minute ou Valeurs Actuelles. Rien. Pour bien le distinguer d'un dessin de Minute ou Valeurs Actuelles, il faudrait avoir une vue d'ensemble de la page, ou du numéro entier, dans lequel il a été publié. Je ne vais pas reproduire tous les dessins de ce numéro. Au-dessus du crobard fatal, un autre croque Valls et Taubira. Au-dessous, un autre se moque des dessinateurs eux-mêmes. Tout aussi férocement, au fil du numéro, sont croqués Bowie, la trilogie imams-curés-rabbins, Dieu, Hollande, les flics, Johnny, Depardieu, le Dakar, Sarkozy, Juppé, Trump, un curé pédophile, etc etc. Je n'en tire aucune conclusion. Mais c'est un des facteurs qui servent à caractériser le "lieu d'énonciation" du message, lequel est important pour qui veut se faire son propre jugement sur le dessin.
Si tu cherchais vraiment, tu pourrais bien trouver des moyens de signifier que le message de ton dessin ("ne me bassinez pas avec le petit Aylan, s'il avait vécu, il serait devenu un violeur comme les autres") ce message n'exprime pas ta pensée à toi, auteur, mais celle d'un narrateur qui serait -par exemple- un gros beauf raciste immonde. Un dessinateur de talent et instruit par l'expérience, comme toi, peut toujours signifier, si vraiment il le souhaite, cette distance entre auteur et narrateur. Encore doit-il faire l'effort de s'interroger sur cette distance. Et encore faut-il que cette distance existe. Salutations Charlie.
Et sinon c'est toujours hors de question de créer des personnes apatrides ?
http://mayotte.la1ere.fr/2016/01/14...s-dans-leur-propre-pays-la-france-322069.html