Très très bon article, bravo !
Pour moi, le problème vient d'abord des parents : récemment, ma mère, institutrice en classe de CM2, a dû faire face à une affaire de ce "genre". Certes, il ne s'agissait pas d'attouchements, mais de harcèlement sur skype (en messagerie texte) de jeunes filles par deux garçons de la classe. Loin des stéréotypes, il ne s'agissait pas de mauvais élèves. Au contraire, ces garçons intelligents avaient même développé une sorte de pression sur toutes ces filles qui faisait qu'elles avaient peur de parler. Ils ne viennent pas de foyers en difficultés, ou autre statistique que nous sortent à tout bout de champ les journaux tv.
Bref, ces deux garçons sans problème sont bien deux petits tyrans qui ont allègrement persécuté leurs camarades avec des propos issus de la culture du viol : "pute" "ta mère fait le trottoir" "t'es qu'une pute, on s'en fout de toi" "on t'encule" et surtout le magnifique "on va te violer". L'une des petites en faisait même pipi au lit.
Comme le recommande le ministère, ma mère a donc d'abord cherché à mesurer l'étendue du problème dans la classe, parlé aux familles des victimes, fait un signalement à l'inspection, puis averti les parents de ces charmants jeunes garçons.
Au début, les réactions ont été exemplaires, elles ont même leurré ma mère : les parents fondaient en larmes, se confondaient en excuses... Jusqu'à ce qu'ils reçoivent une convocation de l'inspectrice (dans le cadre de la lutte contre le cyber harcèlement). Là, ces gens soit-disant "comme il faut" sont venus à 4 voir ma mère, sans RDV, et l'engueuler, il n'y a pas d'autres mots. Selon eux, cela pouvait rester "entre nous", "personne n'avait besoin de savoir" "ce n'est pas si grave" "ce ne sont que des mots" etc. Ma mère avait été extrêmement choquée de tout cela, ses collègues, sa hiérarchie aussi. Nous aussi à la maison. Et tout ce qu'elle récoltait, c'était d'être méprisée, engueulée et soit-disant "remise à sa place".
Voilà, c'est un peu long, mais je trouve, qu'en plus de révéler un certain malaise à l'école, et surtout de la culture du viol. Peu importe que ces enfants aient vu ou non du porno (ils l'on sûrement fait, ça fait quelques années que ma mère a ce problème de porno visionné dès 9 ou 10 ans), mais leurs propos, horriblement insultants, parfois à l'égard de toute une famille, révélait tristement la façon dont ils sont éduqués. Ma mère a été très choquée de ces types, leurs pères, qui présentent des dehors d'"hommes éduqués", cultivent une image de réussite sociale, et viennent ainsi rouler des mécaniques devant elle et minimiser la portée des insultes de leurs fils, faisant de ma mère une pauvre femme qui s'est affolée pour rien.
Bref, la culture du viol, on la voit tout le temps, partout, c'est usant. Mais quand elle m'a raconté tout ça, j'ai pris un beau coup au moral, et je le prends encore avec cette actualité : même les enfants ne sont pas épargnés. C'est pour moi un symptôme très très inquiétant des dysfonctionnement de cette société.
Merci donc encore pour cet article qui rappelle que ce ne sont pas nos OUTILS qui nous rendent mauvais, mais nous qui les dévoyons.