Sur le féminicide et son traitement médiatique, je vous conseille cet excellent article de Libé, mais bon courage pour le lire car il y a un gros paveton :
http://www.liberation.fr/apps/2017/06/220-femmes-tuees-conjoints-ignorees-societe/
Pour revenir à l'affaire qui nous occupe, il faut savoir que les avocats ont réussi à se faire détester même dans la profession pour leur défense bancale. Parler d'un "jeune garçon" pour un homme de 34 ans, d'un "accident" pour une strangulation qui doit durer de 4 à 5 minutes pour être létale, sans parler de toute la mise en scène avec la tenue de jogging, c'est vraiment du très gros foutage de gueule. Le fait est que Jonathann Daval a menti à tout le monde et qu'il a eu l'indécence de regarder ses beaux-parents en face pendant trois mois, tout en menant les enquêteurs en bateau. Pourquoi le corps était-il calciné s'il n'y avait pas de volonté de maquiller le crime ? C'était un lapin adulte qui passait par là et avait craqué une allumette ?
Ce qui me chiffonne, c'est que quand on croyait encore qu'Alexia Daval était "une joggeuse assassinée", victime d'un loup solitaire, elle était une sorte d'ange ; et maintenant qu'on sait que c'est son mari qui l'a tuée, les excuses les moins imaginables commencent à sortir pour lui faire porter la responsabilité de son propre meurtre. À l'époque, les médias avaient même pondu des articles où ils expliquaient à quel point faire du jogging était dangereux pour une femme, comme si (une fois de plus) c'était à elles de limiter leurs déplacements pour ne pas se mettre en danger. C'est complètement symptomatique des problèmes de notre société en fait. Dans l'imaginaire collectif, sortir seule pour courir, c'est dangereux. En réalité, le foyer et le conjoint d'une femme peuvent représenter la plus grande source de danger pour elle. Mais maintenant que le mari est passé aux aveux, comme par magie, on commence à chercher des prétextes, quitte à faire des allégations vagues : c'est quoi une "personnalité écrasante" ? Admettons que Madame avait un tempérament assez autoritaire, ça veut forcément dire qu'elle frappait son mari ? Ma belle-mère a plutôt un caractère de cochon (sans rancune, on l'aime bien comme ça) et mon père est du genre plutôt discret et calme, et je les ai jamais vus se taper sur la tronche.
Personne ne peut nier que le traitement médiatique des affaires de violences conjugales met toujours l'accent sur la respectabilité du coupable et minimise ses actes, au point souvent de blâmer la victime. Il y a une semaine et demi, j'avais tiqué en lisant un article de
La Montagne, notre journal local, qui parlait d'une affaire où la victime s'en tirait avec des hématomes partout, je vous laisse déjà juger le titre :
https://lesmotstuent.tumblr.com/image/170077013617 Que les journalistes relaient les propos, c'est leur boulot, mais à quel moment ils ont trouvé
décent d'utiliser cette phrase comme accroche ?
Je plussoie aussi les propos de
@bébé tigre, à l'époque, Cantat avait été limite présenté comme une victime d'une relation tumultueuse, quant à Marie Trintignant, c'était seulement une toxico et une "fille de" (je caricature à peine), et il avait écopé d'une peine de prison ridicule (4 ans pour homicide, même en admettant que ça soit involontaire, comment dire...), tout ça pour récidiver à sa sortie de prison, en poussant Krisztina Rády au suicide.
Et notez bien que, comme la majorité de ses collègues du show-business, ça ne lui a jamais posé de problème pour continuer sa carrière. Comme Johnny Depp. Woody Allen. Roman Polanski. Jean-Luc Lahaye. Mel Gibson. Andy Dick. Sean Bean (eh oui). Et je suis loin de les avoir tous nommés... Les cas Bill Cosby et Harvey Weinstein restent exceptionnels, d'autant plus que pour ces deux-là, il a fallu plusieurs dizaines (voire plus d'une centaine) de témoignages pour les faire tomber.
Tu as raison
@Princess Booty Sparkles, et encore l'affaire Brock Turner n'en est qu'une parmi d'autres, il y a apparemment un nombre énorme d'étudiants qui violent des filles sur les campus aux États-Unis et ne sont jamais inquiétés parce que "ça pourrait nuire à leur carrière sportive". Et toujours avec la même rengaine : "Il ne doit pas payer pour 3 secondes de folie".
Comme déjà dit, dans pas longtemps, on lira dans la presse "Elle l'a bien cherché cette s****e".