@Lily Lou Je suis d'accord avec les nuances que tu apportes.
Je pense que pour certaines personnes, c'est important d'avoir conscience que leur sexualité peut évoluer. On agite souvent "c'est pas une phase" comme revendication LGBT+. Et je vois pourquoi c'est important.
Mais l'autre jour je suis tombée sur un post internet qui nuançait un peu tout ça, et ça m'a plu. Et si au lieu d'assurer tout le monde que ça n'était pas une phase, on disait aussi "c'est ok si c'est une phase" ?
C'est pas honteux d'avoir un parcours qui n'est pas une ligne droite où tout est net et solide du premier coup, ça veut pas dire qu'on s'est trompé, qu'on s'est menti, qu'on était pas qui on croyait, etc. C'est pas grave si c'était "temporaire", ou si on a changé. Ça fait partie de nous.
Perso, je m'interroge un peu en ce moment sur mes attirances (romantiques, sensuelles, aucune idée). Et s'il s'avère que finalement j'ai une attirance amoureuse pour une femme, est-ce que ça fait de moi, depuis toutes ces années, une lesbienne refoulée ? Il y a quelque chose de douloureux dans le fait de se dire "en fait je me trompais complètement sur qui j'étais". Pour moi, le fait d'un jour aimer romantiquement quelqu'un n'invaliderait pas mes années de vie aromantique. C'était une phase ? Ça ne serait pas quelque chose à nier pour autant ; ça serait quelque chose que j'ai été, qui m'a construite. Qui fait partie de mon parcours.
Personnellement, je ne supporte pas qu'une personne extérieure me dise "ça viendra"/"ça peut encore changer"/"on sait jamais", etc. Genre, vraiment, ça me les brise, haha
Mais je peux pas nier que je le vis aussi un peu comme ça. Je suis aroace. Je suis incapable de dire si je le serai pour toujours, parce que c'est compliqué de se définir par des choses qu'on ne ressent pas, je trouve que persiste un sentiment de "oui mais tu sais pas en fait, un jour peut-être..." qui pèse un peu sur moi, sans que ça vienne nécessairement de la pression sociale (jsais pas comment bien expliquer).
Et de me dire "un jour qui sait il arrivera quelque chose, on verra bien, en tout cas ça ne change rien à qui je suis ici et maintenant", ça m'aide bien. L'étiquette que je porte aujourd'hui est la bonne, et à l'avenir qui sait peut-être sera-t-elle complétée, changée. Mais, sur un temps donné, c'est la bonne.
Mais si on vient finalement dire "la sexualité n'est pas fluide, c'est juste que tu te voilais la face pendant tout ce temps, tu n'étais pas ce que tu disais être"... y'a un côté terrible dans tout ça je trouve.
Bon par contre :
1) Bien sûr, c'est hyper intime, ça veut pas dire que tout le monde aura ce ressenti là ! Chacun sa perception de son orientation, et face à un "changement" tout le monde n'aura pas la même position (est-ce l'orientation qui a changé, ou la perception que l'on en avait, une nouvelle précision sémantique...).
2) Eeeet c'est un discours hyper délicat à tenir en effet à cause des personnes qui entendront seulement "ça peut changer donc l'homosexualité/bisexualité/pansexualité/asexualité peut être 'guérie' ". Mais je pense pas que, parce que des gens ont un esprit réducteur, il faille s'interdire cette réflexion, et ôter aux gens que ça aiderait le droit de vivre leur orientation de façon fluide.
Edit : j'ai l'impression que rien de ce que je dis n'est très clair, haha