Ah je l'ai trouvé (la mort est mon metier) dans une foire aux livres il n'y a pas longtemps et en lisant ta critique j'ai hate de le lireMerci à toutes celles qui ont confirmé mon choix de lire un jour La voleuse de livres
J'ai lu d'une traite La mort est mon métier de Robert Merle
Basé sur un personnage ayant existé (le SS qui a mis en place la solution finale à Auscwhitz), décrit comme un être tourmenté, qui n’a de confiance en lui que quand il applique à la lettre les ordres de quelqu’un de supérieur, et d’une froideur flirtant avec une non-conscience de sa cruauté (c’était un cyborg ce mec : affection, amitié, empathie, amour, il connait pas. Le pire étant qu’il y a une certaine logique dans ses raisonnements. Complètement tordu et toutefois logique. C’est perturbant). Je ne l’ai cependant pas appréhendé comme une biographie car il était trop difficile de faire la part des choses entre réalité et fiction.
Le livre présente donc le commandant en charge du camp d’Auschwitz, mais ne se focalise pas uniquement sur cette période (cela démarre en 1913 pour que le lecteur ait une vue d’ensemble de la vie de l’homme). Il se lit bien (beaucoup de dialogues en discours direct) bien que dense et assez lourd en terme de contenu. Ce n’est pas plus mal que le style soit très lisible car ce qu’on y lit est loin d’être facile à digérer (un sous-officier qui a pitié de chiens errants mais ne s’émeut pas de voir un enfant mourir). Ca éclaire certains mécanismes psychologiques: comment des hommes en arrivent à associer le diable aux juifs, comment l’humiliation infligée à l’Allemagne après la 1ere guerre mondiale n’a fait que nourrir une envie de revanche, etc…
Ce livre fait réfléchir : sur les pratiques religieuses qui parfois engendrent une psycho-rigidité quasi militaire ; sur le goût du sang de certains ados (sommes nous tous comme ça, à imaginer les pires tortures dans nos jeux de guerre d’enfants ? je ne me rappelle plus) ; sur le fait que dans une guerre, que l’on soit d’un côté ou de l’autre de la frontière on croit toujours être celui qui agit pour le bien ; sur les conséquences psychologiques du retour à la vie civile ; sur la puissance de la propagande/lavage de cerveau (les jolis euphémismes : « traités » ou « patients » pour « personnes envoyées en chambre à gaz ») et l’engrenage politique, etc...
Un livre qui donne parfois la nausée (ne serait-ce qu’utiliser le terme d’ « unités » pour « prisonniers »), fait beaucoup cogiter mais qui vaut d’être lu en tout cas. J’avoue, j’ai eu le cafard toute la soirée. Heureusement que certaines personnes de l’histoire, dont la propre femme de cet homme, qui ignorait tout des activités de son mari, ont des réactions plus humaines.
J'ai suivi tous les rebondissements de la pêche, j'étais littéralement happée par ce "combat' entre cet homme et ce poisson.
Concernant les discussions entre Settembrini et Naphta, elles sont très liées au contexte historique de l'époque. L'opposition très nette entre progressisme et conservatisme prenait une dimension très importante dans une société fin de siècle au seuil de la guerre.Je viens à l'instant de terminer La Montagne magique de Thomas Mann, l'histoire de Hans Castorp, jeune ingénieur Allemand qui avant de commencer à travailler va rendre visite à son cousin Joachim, malade des poumons et en soin dans un sanatorium suisse, et va finalement y passer bien plus de temps que prévu.
Ça m'aura pris beaucoup de temps de le lire, ce qui tombe bien puisque c'est un des thèmes principaux du livre.
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C'est complètement personnel comme ressenti hein, mais ce livre est l'image même de l'idée que je me fais de la Littérature avec un grand L ( ça fait très présomptueux dit comme ça je ne sais pas ce qu'est-ce que "la Littérature avec un grand L", il n'y a probablement pas de réponse à cette question, mais c'est vraiment comme ça que j'ai ressenti cette lecture !). Il est tellement riche et dense que j'aurais adoré l'étudier, il y aurait sûrement des milliers de choses à en dire.
L'immersion dans le sanatorium de Davos est totale. J'ai vraiment trouvé à ce livre une autre dimension que le simple déroulement d'une histoire : l'ironie discrète du narrateur, la répétition de certains thèmes tout au long du livre, les répétitions régulières de certaines expressions ("ici en haut"/"chez vous en bas", "Ferge, à qui toutes les choses élevées étaient absolument étrangères"), j'ai trouvé que ça créait un lien entre le narrateur et le lecteur, comme des clins d’œil glissés un peu partout dans le livre. Ou encore, la façon dont l'auteur a fait du temps une composante à part entière du livre : c'est un pavé, il prend du temps à lire, et l'auteur en joue constamment (dès le début dans l'avant-propos). Ce ne sont que des interprétations personnelles, mais j'adore ce petit jeu d'interpréter les symboles et ce qui est écrit entre les lignes, et j'ai vraiment eu l'impression que ce livre en regorgeait. Pour reprendre exactement les mots de l'avant-propos : c'est minutieusement élaboré, et c'est vraiment divertissant.
Par contre, j'ai dû sauter quelques passages des débats entre les deux philosophes Settembrini et Naphta, qui étaient parfois trop obscurs (et... longs !) pour moi.
Maintenant je compte prolonger encore un peu cette lecture en partant en quête de podcasts ou d'articles sur ce livre, en espérant éclairer ma lecture à la lumière d'analyses intéressantes !
Merci beaucoup @Confiteor de m'avoir envoyé ce livre lors du dernier échange, je suis vraiment contente de l'avoir lu, chose qui ne serait probablement jamais arrivée sans toi !
Edit : Par contre, léger coup de gueule envers la quatrième de couverture, qui spoile juste la façon dont le livre se termine Ne jamais lire les résumés, ja-mais