Question existentielle: ça vous arrive de choisir vos lectures du moment en fonction des gentes qui sont susceptibles de vous croiser le livre à la main?
Je viens de me faire cette réflexion que, en vacances chez mes parents et mon frère, j'ai lu l'intégralité de
Journal d'un corps cloîtrée dans ma chambre. Je suis sure qu'inconsciemment je voulais éviter les commentaires scabreux qu'un tel titre peut amener et, une fois le contenu de l'ouvrage explicité (nan, on parle pas que de sexe!), avoir droit aux commentaires de ma mère qui grosso modo relèveraient de "regarde celle-là qui pète plus haut que son cul avec ses livres d'intello". Par contre, commençant
L'aliéniste (thriller, meurtres gores, truc à suspense. Plus leur style de base de lectures), je n'ai eu aucun souci à lire les premières pages dans le salon à la vue de tout le monde (et zéro commentaire sauf pour savoir si c'est bien).
C'est pas la première fois que je choisis en fonction de qui je rencontre: les lectures chez mes parents c'est systématique, mais aussi parfois auprès d'ami.e.s ou d'autres membres de ma famille. Jamais parce que j'ai honte de ma lecture, juste que parfois je me sens obligée de justifier le contenu parce que le titre est trompeur (et ça m'ennuie d'avance), que parfois je n'ai pas envie que certaines personnes sachent que je m'intéresse à tel sujet ou tel sujet (oui, je suis empreinte de mystère même pour mes proches
), que parfois je me lance des défis seule dans mon coin et j'ai pas envie d'avoir un public pour assister à mon échec (tenter la lecture d'un livre dans une langue étrangère que je maîtrise moyen, ou un ouvrage de spécialité qui n'est pas de mon domaine, voire simplement un nouveau genre littéraire)
Autant en jeter aux inconnus en lisant du Kant dans le métro ou la salle d'attente du docteur, je n'en vois pas l'intérêt, autant je me rends compte que j'utilise les livres aussi pour façonner l'image que je veux renvoyer de moi-même aux autres.
Vous aussi vous le faites ou je dois envisager ne pas être normale?