D'ailleurs, je mets énormément d'affection dans le fait de dire "mon chiot" (même si ma chienne n'en est plus un, mais on va dire que c'est un peu une façon de dire "mon bébé" en version canine) ou "mon chien". Mon père et ma mère sont ses "maître" et "maîtresse", et ces mots prennent un sens beaucoup plus fort lorsqu'ils s'appliquent à eux.
Et je me sens très mal à l'aise quand mon père nous taquine, ma sœur et moi, pour dire que mon chien est "notre sœur". Euh, non, je n'ai pas la même relation avec ma sœur qu'avec mon chien, et ça me donne l'impression d'amoindrir le lien que j'ai avec ma jumelle quand il fait ça.
Même chose, quand j'étais petite, j'avais un ours en peluche... Et je détestais qu'on me dise que j'en étais la "mère". Pour moi, ça n'exprimait pas notre lien comme il le fallait. Je pense qu'on a tous des termes qui expriment mieux notre rapport à l'autre, et autant je n'aimerais pas qu'on me demande d'appeler mon chien "bébé", autant je n'aimerais pas, si j'étais celle qui dit "bébé", justement, qu'on m'impose une autre terminologie. Définir le rapport qu'une personne emploie avec un autre individu n'est pas simple, parce qu'on ne met pas tous le même sens derrière un mot.
On a là une distinction entre le signifiant, la partie matérielle du signe, et le signifié, l'aspect conceptuel du signe, à vrai dire. Une personne peut dire "bébé", une autre "chien", et partager le même signifié, même si les signifiants sont différents. Et une personne peut dire "chien" avec un signifié différent de celui d'une autre personne disant "chien", en ayant peut-être un rapport qu'on trouverait étrange à son chien, mais qu'on ne perçoit pas puisqu'on se dit qu'il emploie ce terme dans le même sens que nous...