J'ai une amie Facebook qui a signé
une pétition et... ça me perturbe. En fait, ça déclenche en moi toute une vague de sentiments complètement contradictoires et je n'arrive pas à savoir ce que j'en pense
. Comme c'est très flou pour moi encore, ne m'en veuillez pas si je m'exprime très mal. Je vais essayer de faire un maximum d'efforts pour m'expliquer comme il faut.
Déjà, quand j'ai lu la lettre de la pétition, quelque chose en moi a d'abord fait un truc du genre : "sérieusement
?". Je me suis dit que sous prétexte qu'elle a vécu un véritable calvaire que personne ne mériterait de vivre, elle a le droit à des circonstances atténuantes ? Elle a porté atteinte à l'intégrité physique de quelqu'un, elle a tué. Elle doit être punie et condamnée ! Si pour meurtre (je ne connais pas les peines encourues), on peut obtenir 10 ans de prison, alors qu'elle obtienne 10 ans de prison, et pas 5 sous prétexte que "oh la pauvre".
Un autre questionnement a fait son chemin : on accuse l'entourage large de cette femme de ne pas s'être interposé. Mais... le savait-il ? Je sais que parfois, l'horreur qu'abrite une maison ne traverse pas forcément ses murs. Qu'on croise son voisin sans jamais se douter un seul instant du pervers qu'il est. Peut-être que les gens ont fait l'autruche, effectivement, mais nulle part je n'en vois une preuve dans cette histoire. Je trouve ça un peu facile.
Et puis, une autre idée m'est venue, qui n'est pas très sympa. Si elle savait que ses 4 enfants étaient martyrisés, violés, battus... pourquoi est-elle restée ? Combien de femmes trouvent le courage de se battre et de partir ? Pourquoi avoir subi ça pendant presque 50 ans ? Il existe des structures, des recours. Dire que le meurtre était la seule solution, c'est un peu facile à mon goût.
Et puis, il y a l'autre versant qui me fait compatir à ce que cette femme a dû endurer, à ce que ses enfants ont subi toute leur vie. Je sais à quel point c'est difficile de se défaire du joug de quelqu'un, combien c'est dur de se libérer d'un tel fardeau. Je n'ai pas vécu ça, mais bien moins pire (une goutte dans l'océan en comparaison) et j'ai eu beaucoup de mal à en sortir. C'est un cercle vicieux et c'est incroyablement difficile de s'imaginer le courage et la force que ça requiert de s'en libérer tant qu'on ne l'a pas vécu.
C'est facile de dire "je ne ferais jamais ça". Face à la peur, à l'instinct de survie, à la terreur, à la souffrance, devant le fait accompli, personne je crois ne peut prétendre être sûr et certain du comportement qu'il adoptera. Parfois la solution qu'on trouve est à l'extrême opposé de nos convictions. Cette femme, au bord du désespoir, a tué et sans être quelqu'un de foncièrement mauvais, elle n'avait peut-être pas réussi à trouver d'autre alternative. Se défaire de près de 50 ans de torture psychologique et de maltraitances physiques, c'est pas évident. Elle pensait peut-être honnêtement que personne ne pourrait/voudrait l'aider. Elle était sans doute convaincue que sa situation ne pourrait jamais s'améliorer tant qu'il était là. On ne connaît pas la vérité dans toute sa lumière, et juger objectivement d'une telle situation, c'est compliqué.
Voilà où j'en suis... la subjectivité et l'objectivité se font face, et je n'arrive pas à déterminer le bon point de vue à avoir...