@Sharon Stone : Les témoignages comme le tien sont légions sur le net, la situation décrite est réelle, c'est pas le souci, c'est l'interprétation qui est fausse. J'ajouterais que j'ai déjà été à ta place, moi aussi j'ai trouvé que la théorie mettait des mots sur un vécu et j'ai tout de suite adhéré au concept, je me rappelle que quand Madmoizelle a publié un article sur le sujet j'ai pensé que c'était trop vrai !

Peut-être même que j'y suis allé de mon témoignage, va savoir. Mais depuis, j'ai appris des trucs, remis en question ce que je pensais savoir, et j'ai changé d'avis. C'est pas une démarche que je peux te livrer sur un plateau parce que ce sont plusieurs petites connaissances mises bout à bout, donc il faudra te contenter du peu que je suis capable de retranscrire.
Et pour que ce soit clair : il est possible de souffrir de troubles psychiatriques ET d'être abusif. Mais il n'y a pas de lien de cause à effet, ce sont deux choses à traiter séparément. Le problème avec le concept de “pervers narcissique” (qui est dans le meilleur des cas un fourre-tout pour divers troubles psychiatriques + un comportement abusif, et dans le pire des cas, un diagnostic complètement faux pour un comportement abusif), c'est qu'on admet que c'est une cause et une partie inhérente de l'abus. C'est une approche contre-productive. C'est loin d'être une victoire pour la prise au sérieux des violences domestiques, même si plein d'assos sont également friandes de cette théorie. On peut considérer que c'est un gain de visibilité à court terme, mais c'est pas du tout bénéfique à long terme et ça ne règle aucun problème.
Tu m'as mal comprise quand je dis que “pervers narcissique” est une excuse, ça ne veut pas dire que les gens les apprécient. Au contraire, on a bien compris que c'étaient des méchants. Donc les victimes doivent couper les ponts, soit. Maintenant, que fait-on du “pervers narcissique” ? Puisqu'il a apparemment un trouble psychiatrique, on a qu'à l'envoyer chez un psy se faire traiter ! Ce serait une bonne idée si c'était pas précisément un gros frein pour faire prendre conscience aux abuseurs de leur comportement. Pour plusieurs raisons :
- ça les conforte dans leur idée qu'ils ne sont pas responsables.
- ça renforce leur égo en plaçant leurs problèmes au centre (et non les problèmes qu'ils CRÉENT à leurs victimes).
- ça leur donne un espace de parole auprès d'une personne qui n'est pas formée aux violences domestiques, qui n'en a qu'une approche limitée, et qui n'entendra que leur version de l'histoire. Passés les premiers remords et promesses de changements pour faire bonne figure, ils peuvent mentir à leur guise et obtenir l'approbation d'un professionnel pour leurs actions. C'est un levier supplémentaire pour continuer à perpétrer des abus.
Mais à part ces tous petits détails, y'a aucun mal. ¯\_ツ_/¯
En admettant que les abuseurs ne sont pas malades et sont responsables, en les mettant face à leur comportement et en leur faisant suivre des programmes d'accompagnement adaptés, où ils seront confrontés et où leurs mensonges seront exposés, il est
possible d'obtenir un changement positif. Mais c'est peu probable parce que les abuseurs ont plus d'avantages à continuer d'être abusifs et n'ont donc pas d'intérêt à modifier leur système de valeurs. C'est pas qu'ils peuvent pas changer, c'est qu'ils veulent pas. Donc là où tu as raison, c'est qu'il vaut mieux fuir ces gens. La triste réalité, c'est que tout le monde ne fuit pas à temps.
Puisqu'on n'a pas énormément de solutions à part se protéger dans l'immédiat et que ça ne règle pas le problème, ce serait cool d'essayer de créer un climat où personne n'écoute les mythes liés à la violence domestique. ça inclut le lien abuseur = maladie mentale.