Bon, j'arrive un peu après la bataille - j'ai tout lu (parfois un peu en diagonale, je l'avoue) mais, zut, j'interviens aussi.
Vous avez discuté de la différence ou du conflit d'intérêt entre mentionner qu'il n'y a pas que les femmes qui ont des règles, que c'est imprécis de généraliser comme ça, et que la précarité menstruelle s'inscrit dans un système sexiste qui fonctionne en classant les humains dans deux groupes, femmes et hommes. Je vais pas trop en parler (ça a déjà été bien adressé), mais je le mentionne au début de ce message parce que ça va être évoqué par la suite.
Je voudrais mentionner que les personnes qui véhiculent les idées des terfs, et jkrowling, peuvent avoir un intérêt transphobe à garder ce classement en deux groupes, et à l'aligner sur des 'réalités' biologiques. Il faut se méfier des discours qui évacuent le genre pour ne garder que le sexe comme étant important: c'est un moyen de chasser les femmes trans hors de leur genre (parce que ce qui compte, c'est qu'elles seraient "mâles", même si techniquement c'est pas vrai) et pareil pour les hommes trans, et nier l'importance du genre pour une personne non-binaire - bref c'est invalider la légimité des personnes trans. Je pense qu'il est toujours important de le rappeler : ici, on a une discussion basée sur les sorties transphobes de JKRowling et les discours terfs, et ces discours ont un but politique (c'est dit dans le nom - trans-exclusionary radical feminism, en français: féminisme radical excluant les personnes trans). C'est aussi quelque chose qui fait partie du débat, et qui explique la levée de boucliers face à JKRowling (et qui explique par ricochet les réactions qu'il y a pu avoir à l'idée de reformuler ici "personnes qui menstruent" par "femmes" - y'a un sous-texte, et quoiqu'on fasse ça empoisonne dès le départ cette discussion).
Il ne faut pas perdre de vue que parler de sexe biologique, c'est aussi simplifier les choses. Globalement le concept de sexe biologique englobe tout un tas de données (les chromosomes, les organes génitaux, les hormones, le développement des caractéristiques sexuelles secondaires, tout ça...) et comme ces données ne sont pas toujours les mêmes selon les personnes, utiliser le terme de sexe biologique n'est donc pas toujours adéquat. Pour prendre un exemple, on sait que les symptômes de crise cardiaque sont différents pour les hommes et pour les femmes ... mais pas pour 100% des gens ... et pour moi (moi en terme de "sexe biologique" je très probablement un patchwork, avec des caractéristiques classées dans l'un des deux sexes dits mâle ou femelle, et d'autres classées dans l'autre) bin personne ne sait me dire comment ça se présenterait. Ici, c'est notable de constater que le terme le plus exact pour parler de qui est directement concerné par les problématiques liées à la menstruation c'est ... les personnes qui menstruent. Pour les personnes qui ne menstruent pas, le problème peut être indirect (par exemple la personne peut être concernée par les discours sexistes liés à la menstruation) mais stricto sensu, elles n'ont pas besoin d'un accès à des objets hygiéniques ou médicaux pour les règles puisqu'elles n'ont pas de règles.
Bref tout ça pour dire: ne soyez pas trop prompt à essayer de trouver des termes qui permettraient de garder un classement simple en deux groupes (homme/femme ou mâle/femelle ou AFAB/AMAB ou quoi que ce soit d'autre). Le fait est qu'aucune de ces problématiques n'est simple, que ce soit le sexisme et les dynamiques sociales, ou la biologie et comment est le corps de chaque individu, ou d'ailleurs les questions liées à l'identité. Il n'y a pas de terme qui permette de parler de deux groupes avec exactitude en toutes ces situations parce que ce concept même de deux groupes ne reflète pas exactement la réalité, mais la simplifie.
La généralisation n'est pas mauvaise en soi, et ça a un intérêt de regrouper les gens concernés par un phénomène sous un terme ou un autre. Mais il ne faut pas oublier qu'elles sont des généralisations, et donc par essence elles ne sont pas exactes. Parler de femmes pour dire "les gens concernés par les discours sociétaux liés à la menstruation" c'est pas faux en soi - c'est rapide et inexact car ça s'appuie sur le fait qu'on sait que toutes les personnes désignées comme femmes dans ces dynamiques ne sont pas forcément des femmes et que d'ailleurs toutes les femmes ne vivent pas forcément toutes les mêmes difficultés ne reçoivent pas les discours sexistes de la même façon ne sont pas concernées pareil etc etc - mais que on va pas forcément développer tout ça dans un souci de temps ou de taille du texte. Et à un moment, même si c'est dans un autre propos, il faut mentionner cela. Et surtout il faut faire attention aux gens qui font ces généralisations avec des intentions malveillantes, comme exclure les personnes trans.