@Madthilde Je rejoins l'avis de celles qui t'ont déjà répondu, d'ailleurs, j'ajouterais que tu parles de la norme de l'épilation comme liée aux normes de beauté et à un rapport de séduction...je suis d'accord sur l'aspect norme de beauté, mais pour le fait que c'est lié à la séduction, beaucoup moins. On pousse les filles à s'épiler très jeune, quand même, à un âge où il n'y a pas forcément de rapport de séduction et où l'épilation ne vient pas forcément d'une volonté des jeunes filles en question. Même avant d'être "en âge de s'épiler", pendant l'enfance, le sujet de la pilosité peut être super délicat.
J'ai la peau très blanche, je suis brune et plutôt bien pourvue niveau pilosité même si je ne pense pas être "très poilue" pour autant, et aussi loin que je me souvienne, tout le monde a toujours considéré ça comme un problème. On me disait que c'était dommage, que j'avais pas de chance, que heureusement, je pourrais m'épiler quand je serais grande. Ma mère me racontait qu'elle était pareille quand elle était petite, qu'elle avait honte de se mettre en maillot de bain quand elle avait appris à nager parce qu'elle avait peur que le maitre nageur se moque de ses poils de bras/jambes (à six ou sept ans, donc), mais que heureusement, ça a diminué avec l'âge et qu'elle espérait que ça ferait vite pareil pour moi. J'ai eu une période où je voulais plus mettre de manches courtes en CE2, parce que le gamin à côté de moi avait décidé de m'appeler "le gorille" à la place de mon prénom et à imiter un singe de temps à autres, et qu'on commençait à me surnommer King Kong et autres charmants commentaires, on m'a déjà tiré les poils des bras, aussi.
J'étais toujours super gênée à mes cours de danse, parce que mes poils passaient à travers le collant, tellement que parfois, je prétendais avoir oublié mon collant parce que je me disais que les montrer directement, c'était toujours moins pire que l'effet cactus. Alors que franchement, je suis poilue, oui, mais je n'ai quand même pas une pilosité si forte que ça, c'était peut-être un peu étonnant sur une enfant, mais ado et adulte, je pense tout à fait être dans la norme. J'ose même pas imaginer ce que ça doit être pour celles qui ont effectivement une pilosité hors du commun.
Donc oui, j'étais plutôt contente de commencer à m'épiler les jambes à 11ans, parce qu'on m'emmerdait encore parce que j'avais plus de poils aux jambes que les garçons de ma classe de 6ème (ça devait faire mal à leur ego, va savoir
) et parce que ma mère trouvait qu'il serait peut-être temps. Pareil quand j'ai commencé à en avoir aux aisselles, même quand je devais en trois qui se battent en duel, je les enlevais. Parce que c'est comme ça. Parce que berk. Et rapidement, je suis devenue incapable de porter un pantalon qui montrait trois centimètres de mes chevilles, parce que mon dieu, on va voir qu'il y a un peu de repousse de poils. C'était pas pour moi que je faisais ça, c'était juste pour le regard des autres, c'était pas pour faire plus joli, la preuve, l'hiver, j'avais le droit de ne pas me raser, alors je rasais juste les chevilles/le bas du mollet au cas où ma chaussette descende et que ça se voit, je peux te dire que c'était pas beau.
Si je ne m'étais pas rasée sous les bras depuis deux jours, j'osais plus lever les bras en t-shirt de la journée.
Honnêtement, avant mes 13/14 ans, j'en avais un peu rien à faire de plaire à qui que ce soit. La pression venait pas de là, elle venait du prof de danse qui rappelait que ce serait pas d'éviter d'avoir du poil sous les collants le jour du gala, alors même qu'on serait dans un théâtre et que les gens à dix mètres de la scène verraient rien du tout. Elle venait du fait qu'en SVT, on nous disait qu'à la puberté, les garçons commencent à avoir des poils sur le visage, les aisselles, le torse, le pubis et les jambes. Et les filles ? Les aisselles et le pubis.
Alors que bon, moi j'en avais depuis l'enfance, des poils aux jambes, mais pour certaines, c'est bel et bien venu à la puberté. Et spoiler, on peut avoir des poils au ventre, aux seins, au dos aussi, en fait. Et c'est normal, rares sont les gens qui n'ont des poils naturellement visibles juste sur le pubis et les aisselles, quand même ! Au final, pour beaucoup, la puberté, c'est le moment où les garçons sont en âge d'avoir des poils, et les filles en âge de s'épiler.
Quand j'ai commencé à avoir vraiment des poils pubiens, ça ne m'est pas venu à l'idée d'y toucher...bah ouais, ceux-là, on a dit qu'ils étaient normaux, et puis je comptais pas les montrer à grand-monde à ce moment-là. Mais si, en fait, si si, il fallait que j'en enlève quand même. D'abord "au moins les côtés pour pas que ça se voit". Bon, okay maman, apparemment c'est comme ça qu'on fait. Puis finalement, ça plaisait pas à ma mère que j'ai pas non plus l'idée de raccourcir, manifestement, ça va pas, c'est la jungle. Là, j'avoue que je pigeais plus trop ce que ça pouvait bien foutre, j'ai l'ai fait une fois, ça m'a gratté en repoussant, ça m'a souler, j'ai jamais recommencé, et elle n'a jamais arrêté de me prendre la tête avec ça. Vous comprenez, ça va pas, c'est la forêt vierge, je peux pas faire ça, c'est n'importe quoi, c'est la honte.
Alors que je n'avais même pas de vie sexuelle à ce moment-là. Ma mère était littéralement la seule personne qui me voyait complètement à poil. Mais non, c'est la honte quand même. Genre c'est possible d'avoir honte de la chatte de sa gosse de treize ans.
D'ailleurs, quand j'ai arrêté de m'épiler, ça a été un drame pas possible. En lisant des trucs féministes, justement, je me suis rendue compte que c'était quand même dingue d'avoir peur de descendre chercher le courrier parce que peut-être que je vais croiser quelqu'un qui va voir que j'ai une repousse de poil aux chevilles. Alors que c'est quelque chose de normal, naturel et qui ne fait de mal à personne. Je me suis mise au défi de ne rien toucher de l'hiver, je devais avoir quinze ans et demi. Puis du printemps. J'assumais pas pour autant, vu que je portais plus que des vêtements qui cachaient assez mes poils, mais c'était déjà ça. Mais les beaux jours venus, c'était engueulade sur engueulade. Il faisait beaucoup plus chaud, oui, mais j'avais aussi beaucoup plus confiance en moi et mon choix maintenant, il était donc hors de question que je cède. Surtout que j'avais découvert que je pouvais transpirer moins, ne plus avoir de démangeaisons et que mes jambes ne sont pas naturellement à écailles. Et mon entourage se moquait tout le temps, râlait, faisait des remarques devant ma famille élargie, ma mère voulait parfois pas sortir avec moi dans la rue si on voyait mes jambes et si j'avais pas un châle ou un gilet pour cacher mes terribles aisselles velues, j'avais pas le droit d'aller me baigner si j'avais pas le maillot épilé (alors que franchement, si un vieux sur la plage regarde assez l'entrejambe d'une ado pour remarquer qu'elle est mal épilée, c'est lui le souci, hein, pas moi), mais vu que tout ce que je répondais c'était "d'accord" et que du coup je sortais pas, elle était bien obligée de céder en faisant la gueule...ou de me raser elle-même quitte à me faire pleurer, parce que quand même, quelle idée de pas s'épiler, ça se fait pas.
Même quand y'a pas de rapport de séduction, la pression est là quand même, elle s'applique même à des gamins.
Personnellement, tout s'est mille fois mieux passé dans mon couple par rapport à mes poils que partout ailleurs, d'ailleurs. (
@Anandryne ) Bon, j'avais une mini-appréhension par rapport à ça quand même au tout début, d'ailleurs j'avais fait l'effort ultime de me raser les mollets avant d'aller chez elle.
Mais ça s'est envolé vite, puis de toute façon, je crois que j'ai été claire sur le fait que c'était pas négociable, sauf à la limite les mollets, mais que si elle s'y collait elle-même !
Le champ des expérimentations pilaires lui est réservé.
Au final, je crois qu'en quatre ans, ça a dû arriver deux fois à tout casser, à tous les coups, elle serait aussi perturbée que moi si j'avais plus de poils subitement.