@Ocytocine.
Eh bien j'ai enquêté pour vous !
Aujourd'hui, j'ai eu une discussion imprévue avec des gens qui trouvaient que les annonces de programme de Macron étaient "des bonnes idées" (
je me suis étouffée avec mon thé quand j'ai entendu ça )
Au final, je dirais que ceux qui veulent voter Macron sont
- d'une part, ceux qui se savent à l'abri donc n'en ont rien à foutre qu'on casse le modèle social,
- et d'autre part, beaucoup, ceux qui n'ont en toute sincérité aucune idée de la réalité sociale, donc se laissent convaincre par la promesse d' "émanciper les gens par le travail".
Les gens avec qui je parlais n'avaient pas du tout pensé qu'en fait, les gens au RSA, s'ils sont éloignés de l'emploi, il y a une vraie raison (pas juste la flemme). Ils n'avaient pas du tout connaissance que l'obligation d'être exploité 15-20h pour toucher non pas un salaire mais une aide sociale, ça a déjà été jugé "bof bof" par le conseil d'Etat.
Ils n'avaient pas du tout pensé que l'obligation s'appliquerait aussi indifféremment aux personnes qui ne travaillent pas parce que malades, handicapées, mère célibataire (et qui va payer la garde des gosses ?), non-véhiculées et sans accès aux transports, etc.
Je veux dire, vraiment, ils n'avaient aucun contre-argument à avancer une fois que j'ai sorti quelques faits concrets et quelques statistiques. Juste un silence, puis "ah. Oui mais bon quand même." Ca m'a surprise.
Concernant le chômage, ils pensaient en toute sincérité qu'on en était encore au stade où "il y a plus d'emplois vacants que de chômeurs" (c'est faux) (et quand bien même... Si tu es secrétaire en Bretagne, ça te fait une belle jambe qu'il y ait des jobs d'électricien à Toulouse).
Ils pensent en toute sincérité que l'ensemble de la population française, en fait, elle est à leur image : les mêmes cartes en main au départ, ni plus ni moins. Et si eux ont un emploi, alors les autres peuvent très bien en trouver un, sinon c'est qu'ils ne se bougent pas le cul.
Ils pensent en toute sincérité que si les chiffres du chômage reculent, c'est qu'il y a moins de gens sans emploi - ils n'avaient pas du tout réfléchi à la manière dont sont construites, modifiées, manipulées, les statistiques du chômage. Donc pour eux, toutes ces mesures depuis 5 ans ont porté leurs fruits, puisque les "chiffres du chômage" ont baissé.
Ils pensent malgré tout que Pôle Emploi n'est certes pas très efficace, donc "France Travail", pourquoi pas, une réforme ça veut dire que ce sera mieux, non ? (ça veut surtout dire qu'on va encore faire appel à des cabinets de conseil pour
faire du vent superviser la transformation) (
et c'est quelqu'un qui a jadis travaillé dans un grand cabinet de conseil pour le secteur public qui vous le dit. Les cabinets ont une grosse tendance à surfacturer et ne produisent presque rien d'autre que de la jolie mise en forme d'informations dont disposait déjà le client. Les cabinets mettent des débutants non-supervisés sur ces missions mais les facturent comme des consultants expérimentés, dans la foulée ils facturent aussi les managers à temps plein alors qu'ils ne jettent pas un oeil sur la mission. Mais je m'égare) ).
Ce sont ceux qui pensent que pour créer de l'emploi il faut aider les entreprises, parce que c'est ce que dit la théorie économique, ils ont eu des cours d'économie pendant leurs études alors ils en sont certains. Donc ça leur semble logique de verser plein d'aides aux patrons, pour eux mécaniquement ça va créer de l'emploi. Ils n'ont sincèrement pas conscience que ça n'a jamais porté les fruits espérés.
Bref, ce sont ceux qui ont quelques notions de politique et d'économie, donc voient bien la logique économique derrière les mesures proposées... Mais qui ne sont jamais sortis de leur petite bulle sociale pour voir la différence entre la théorie de la main invisible et la réalité sociale.
Du coup, quand on n'a pas de débat, quand on n'a pas de journalistes qui font leur taf en rappelant la réalité des chiffres, quand on a un candidat qui refuse qu'on le questionne et le contredise... Bah ses idées, elles paraissent logiques tant qu'on ne gratte pas la surface.