Salut à tous/toutes!
Ca ne fait pas longtemps que je suis là et j'ai peu participé. En fait, j'ai surtout lu l'article sur les parents qui tombent de leur piédestal, et j'ai eu le besoin de lire les réactions sur ce topic et de partager les miennes. Du coup j'y ai raconté un peu ma situation, je ne sais pas si ça se fait trop de la répéter ici, ni même si ça se fait de parler autant de moi sur le forum :/ Je me lance parce que ce soir, ça ne va pas du tout du tout, et si j'ai mal fait les choses... je m'excuse à l'avance.
Je n'ai eu que deux relations amoureuses dans toute ma vie - la première, c'est l'histoire que j'ai vécue avec mon mari, avec qui je suis sortie quand j'avais 16 ans (il en avait 20). On s'est mariés, on a fait un enfant - je suis maman d'un adorable petit garçon de quatre ans. Ma deuxième, c'est celle que je vis avec ma copine, dont je suis tombée extrêmement amoureuse et avec qui j'ai l'impression de découvrir qui je suis et ce que j'aime réellement dans la vie.
J'ai annoncé à mon mari que je divorçais en novembre dernier, et là je n'ai toujours pas quitté le "foyer conjugal". Ca veut dire que j'ai traversé de longs, longs mois à rester dans cet appart, avec un mari qui ne voulait pas que je parte, qui m'a fait énormément de chantage affectif et a joué à fond la carte de la culpabilisation.
Je suis quelqu'un qui culpabilise énormément, pour tout. J'ai toujours suivi ce qu'on m'a demandé de faire, j'ai coché toutes les petites cases, je suis restée dans les clous. J'ai grandi dans une famille catho, de droite, fermée à plein de choses et, évidemment, très homophobe. J'ai été bercée de discours homophobes depuis toute petite, et lors du mariage pour tous, quand ils ont pris fait et cause pour la manif pour tous, j'ai bien, bien dégusté - même si je n'avais pas encore découvert ma copine et ma sexualité à cette époque, le sujet était extrêmement sensible pour moi.
Quand j'ai vu comment mon mari réagissait, j'ai écrit une lettre de coming out à mes parents, début janvier. C'était une longue lettre où je disais à quel point je regrettais de faire du mal en prenant cette décision, à quel point j'avais peur de gâcher la vie de mon fils - quand on est nourri au discours anti-divorce et homophobe "un papa, une maman", c'est dur - et enfin à quel point j'étais heureuse avec ma copine, que c'était une révélation sur plein de sujets.
Mes parents ont réagi comme j'aurais dû m'y attendre, et pas comme je l'avais, malheureusement, déraisonnablement, espéré. Ils ont répondu à ma lettre qu'ils étaient très mal, qu'ils ne dormaient plus depuis des nuits, qu'ils avaient l'impression de me perdre. Ils m'ont demandé si j'avais été agressée par un homme pour "en arriver là". Ils ont écrit à mon mari dans mon dos, aussi, pour lui demander "sa version des faits". J'ai passé un mois de janvier très difficile, traversé de scarifications et de pensées vraiment, vraiment pas gaies.
Depuis début février, je vois une psy deux fois par semaine. J'ai aussi beaucoup avancé dans les démarches - mon mari bloquait sur plein de points, y compris les sujets de la garde, de la pension, etc., et j'ai dû dénouer les crises une par une, et essuyer ses humeurs et ses tempêtes - et le plus positif, c'est que j'ai trouvé il y a un peu un appart, que je suis en train de meubler petit à petit. J'ai aussi commencé à parler à mon fils, mais c'est très dur parce que mon mari lui parle de son côté aussi, et lui dit des choses comme "c'est maman qui ne veut plus habiter avec papa... elle veut abandonner papa..." etc.
J'ai souvent l'impression d'avoir trop à gérer, et de me noyer.
Je dois gérer toutes les démarches pour réussir à m'en aller et mettre en place la garde partagée, je dois gérer mon futur ex-mari, je dois gérer les réactions de ma famille, je dois gérer ma culpabilité énorme vis à vis de tous et surtout de mon fils, et enfin je dois gérer ce que ça me fait dans ma tête, de me découvrir très amoureuse d'une femme et très heureuse avec elle.
Ce week-end de quatre jours, mes parents ont invité mon futur ex-mari à venir chez eux avec mon fils, parce qu'ils veulent garder contact avec lui. Je les ai appelés dans l'après-midi, et ils passent un super week-end avec deux de mes frères également, ils sortent, ils se promènent, j'entendais mon futur ex-mari rire et parler derrière... J'ai eu d'un coup, alors que j'avais passé mon aprem à faire des cartons, l'impression qu'il était accueilli dans ma famille comme un roi, quand mes parents me regardent, depuis mon coming out, comme une pestiférée, ou une bombe à retardement, à manier avec précaution et circonspection, en la regardant du coin de l'oeil et en se disant "qu'est ce qu'on a raté dans son éducation pour qu'elle soit comme ça?"
Après ce coup de fil, j'ai eu un gros moment de blanc. Et je me suis surtout rendue compte qu'à part ma copine (qui me soutient déjà tellement, je ne peux pas toujours lui parler de toutes mes crises) et une amie chère qui vit loin... je n'ai personne à qui parler. J'ai essayé d'appeler la ligne d'écoute Azur, mais je pense que "mon cas" ne rentre pas vraiment dans les appels qu'ils reçoivent :/ La dame au bout du fil avait l'air surprise que j'appelle pour ça, elle me disait "d'accord ils sont homophobes, mais de toute façon ils auraient mal réagi à votre divorce que vous partiez avec une fille ou un garçon, non"? Elle était sûrement très bienveillante hein, mais d'un coup, j'ai eu l'impression d'être invalidée dans mon coup de fil. C'est un peu ce que je ressens vis à vis de la "communauté LGBT": l'envie terrible d'essayer d'y créer des liens, de trouver des gens avec qui parler, et en même temps l'impression de ne pas en avoir le droit, ou la légitimité. Pourtant, je ne crois pas que mon mal-être profond ne vienne "que" de mon divorce. Je pense que c'est un tout, toute ma situation, et que ça englobe aussi mes révélations récentes sur ma propre sexualité...
Mais peut-être que je me trompe. Peut-être que je cherche juste à attirer l'attention. Je n'arrive pas à crier au secours convenablement, que ce soit par une lettre de CO qui trouve si peu d'échos, ou par mes lacérations sur mon avant-bras, alors je me retrouve à poster sur un forum sûrement rempli de gens biens, mais encore une fois, je ne sais pas si je suis très légitime.
Désolée, je suis tellement fatiguée moralement, ce soir... Désolée pour la bouteille à la mer tellement maladroite :/