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@Yoonishan "oooh je suis désolée, mais pour mon anniv' monsieur yoonishan a prévu une journée surprise, il veut pas me dire quoi, mais du coup je peux pas trop inviter de gens... ça sera pour une autre fois du coup !"
hop, et voilà
bon je sais pas si ça peut passer aussi facilement, mais bon ben au pire ils râlent un coup et ils passent à autre chose, et toi tu passes une bonne journée d'anniversaire !
Je m'en veux de penser ça, mais je n'arrive plus à être bienveillante envers les femmes qui disent "moi je ne suis pas féministe, j'ai toujours réussi à me débrouiller dans la vie sans le féminisme, il suffit d'avoir du caractère / d'être sympa avec les gens, on me respecte dans mon travail". D'une je trouve ça très hypocrite (le féminisme leur a apporté plein de choses qu'elles considèrent comme acquises : droit de vote, avortement...), et dangereux pour les autres femmes (sur qui on fait encore une fois porter toute la responsabilité des agressions, du sexisme, des différences de traitements etc). C'est vraiment "moi je ne vois pas le problème, alors il n'existe pas", ce que je trouve particulièrement crétin.
Par ex. je n'ai pas eu à subir de violences gynéco (en même temps, je fuis les examens médicaux ) mais je peux bien admettre, au vu des témoignages que j'ai pu lire / entendre, que ces violences existent et qu'il faut absolument faire quelque chose contre ça.
Mais d'un côté j'arrive à comprendre pourquoi elles pensent ainsi : sûrement un gros problème d'ego qui fait qu'elles ont besoin de se sentir supérieures aux autres en les écrasant / se différencier à tout prix, et je trouve ça triste. Il peut également y avoir un manque d'information sur ce sujet, le fait d'avoir toujours baigné dans un environnement hyper sexiste sans avoir une "porte d'entrée" (telle que Madmoizelle peut l'être) sur le féminisme. Ou bien d'être tombées sur des courants féministes qui ne leur convenaient pas du tout et en ressortir dégoûtée (ça peut arriver, c'est vaste après tout).
Mais j'ai beau être un peu triste pour elles, ça m'énerve quand même énormément car ce sont des personnes qui desservent totalement notre (ma) cause et nos (mes) intérêts. J'ai limite envie de les laisser de côtés et de leur dire "bah démerde toi sans nous alors, et ne viens pas pleurer le jour où il t'arrivera quelque chose de grave ". J'ai cette colère en moi qui remonte directement, car je les trouve lâches (vouloir se ranger du côté du dominant pour se faire sa petite place au soleil, cirer les pompes des machos en tout genre). Et en même temps, je m'en veux de juger aussi durement, ça m'embête car je peux leur trouver des raisons qui expliquent qu'elles se mettent des bâtons dans les roues ainsi.
Je m'en veux de juger ça, car on n'a pas tous les mêmes capacités à combattre le système de pensée dominant, à en découdre en société, et pas tous les mêmes clés entre les mains pour ça.
@Chat-au-Chocolat : Tu me rappelles une anecdote. Quand j'étais étudiante (il y a 6-7 ans à tout casser), je discutais avec des collègues, et elles m'ont toutes sorti : "ah non mais moi je veux un homme qui gagne plus d'argent que moi, c'est à l'homme d'avoir le plus gros salaire ! Je ne pourrais pas sortir avec un homme qui gagne moins que moi, c'est la honte !".
Et ce n'était pas par vénalité (ces jeunes et naïves étudiantes s'imaginaient gagner 5000 balles d'entrée de jeu à la fin de leurs études ), mais vraiment parce que pour elles, un homme doit gagner plus que sa femme, point. A l'époque j'étais très virulente donc je suis allée au clash directement, aujourd'hui ça me fait plus pitié qu'autre chose en fait. Et en même temps je ne peux pas m'empêcher de les voir comme des cailloux sur mon parcours, des obstacles à mon bien-être.
@Nienke : C'est vrai que c'est délicat à définir ! Je parlais plutôt des personnes qui rejettent tout en bloc en fait, pas de celles qui s'en moquent. J'imagine qu'il y a un "socle" d'idées communes aux féminismes (égalité salariale / de droits, rejet de la culture du viol, droit à disposer de son corps). Il y a 20-30 ans j'entendais souvent des femmes dire qu'elles n'étaient pas féministes car à l'époques, elle associaient ça à des mouvements "misandres" (type "on veut se venger des hommes"), et on avait peu d'infos sur le sujet (pas d'Internet, on n'en parlait pas à la TV).
Mais aujourd'hui je trouve que l'information passe beaucoup mieux, justement je trouve ça étrange qu'on puisse se positionner contre des mouvements comme MeToo, la lutte contre le harcèlement ou contre les violences gynéco, l'égalité salariale... C'est ce qui est mis en avant aujourd'hui dans les médias (j'ai l'impression : je peux me tromper !), loin justement de cette image qu'on pouvait avoir à l'époque de la méchante "féministe" aux dents longues qui veut exploiter son mari. Même s'il existe différents courants, la base du féminisme, sa définition reste la même :
Mouvement social qui a pour objet l'émancipation de la femme, l'extension de ses droits en vue d'égaliser son statut avec celui de l'homme, en particulier dans le domaine juridique, politique, économique; doctrine, idéologie correspondante. Source
Donc je me demande de quel droit on peut se dire contre ça ?
Ce serait intéressant de demander à ces personnes "qu'est-ce que le féminisme pour vous, et pourquoi vous le rejetez ?". A chaque fois que j'en ai eu l'occasion, j'ai eu ces réponses :
Les seules réponses recevables (à mon sens) que j'ai pu entendre, sont "je n'ai pas envie de m'affilier avec un mouvement quel qu'il soit ou d'avoir d'étiquettes" et "je n'ai pas réfléchi à la question et je n'ai pas l'envie / le temps d'y réfléchir". Je ne peux que respecter ça, puisque ces personnes là ne me font rien de mal, ne veulent pas m'ôter de droits ou m'empêcher de m'émanciper, elles sont libres de ne pas s'intéresser au sujet.
Bien entendu, il ne s'agit que de mon expérience personnelle : donc oui, je me méfie des gens qui aujourd'hui rejettent le féminisme en bloc (et non pas qui ne sont juste pas renseignées sur le sujet / qui s'en foutent, je parle vraiment des gens qui se positionnent contre).
Moi, non plus, je ne m'en veux pas. Limite, je les déteste plus que les hommes à idéologie égale. Elle donnent une apparence de légitimité à cette dernière, permettant à ses défenseurs de dire «ah, vous voyez qu'on est du bon côté, même les femmes nous soutiennent». Ce sont des traîtresses collabo et ingrates qui crachent dans la soupe et creusent leur propre tombe en y emportant avec elle toute la gent féminine.